Nicolas Bernard a écrit:alias marduk a écrit:Nicolas Bernard a écrit:Si vous avez une autre explication qui tient compte des contradictions manifestes de Von Rundstedt, je suis preneur. Et j'ajoute: bon courage!
Aucun problème :
C’est donc Rundstedt qui ordonne un premier ordre d’arrêt ( le 23 mai ) et qui propose à Hitler de passer à la défensive le 24 mai :
Le 23 mai, la crise commence à se nouer :
lors de la réunion du 23 mai entre Kluge et Rundstedt :
Rundstedt demande à Kluge si il trouve la situation tendue ?
Kluge : ce n’est pas du tout le cas
Rundstedt avoue qu’il avait craint que l’ennemi ne déclenche une attaque de Valenciennes vers le sud
Je ne partage pas cette interprétation:
1/ Lors de son entretien vec Von Kluge, le 23 mai, Rundstedt demande à Von Kluge si la situation est tendue, ce dernier se fait très affirmatif (
"Ce n'est aucunement le cas"), et Von Rundstedt fait part de son soulagement (
"Il avait craint que l'ennemi ne porte un coup vers le sud, contre Valenciennes"), l'usage du plus-que-parfait (
"habe befürchtet") révélant que, certes il s'inquiétait, mais que ce n'était plus le cas (à l'en croire).
2/ Von Rundstedt se borne à recommander une "pause" des blindés pour 24 heures, le temps pour eux d'être rattrapés par l'infanterie. Un tel ordre n'interdit pas catégoriquement aux forces blindées d'aller de l'avant, et leur donne une certaine marge d'appréciation: si la 6.
Panzer-Division se voit interdire de saisir Cassel, d'autres formations, elles, foncent et créent des têtes de pont sur la
"ligne des canaux".
3/ Or ce soulagement de fin d'après-midi paraît suivi, le soir à 22 h, d'un retour à l'inquiétude antérieure, dans la mesure où le chef d'état-major de Von Rundstedt, le général Sodenstern, communique à la 4.
Armee qu'il faut redouter de fortes tentatives de percée vers le sud. Sauf que l'extrait du journal de marche du Groupe d'Armées du lendemain s'ouvre sur un très laconique
"Pendant la nuit, rien à signaler"...
4/ Aucun écrit, à ma connaissance, n'atteste que Von Rundstedt n'ait protesté contre le transfert de la 4.
Armee décidé entre-temps par l'
O.K.H. (plus exactement le général Von Brauchitsch) au bénéfice de Von Bock (
"pendant la nuit, rien à signaler"), ce qui est certes très difficile à croire si Von Rundstedt a vraiment les chocottes. Tout au plus Sodenstern a-t-il menacé l'
O.K.H.... de pondre un rapport!
5/ Le rapport journalier du Groupe d'Armées A pour la journée du 23 mai émis le 24 à 1 h 30 du matin
ne fait état d'aucune préoccupation d'ordre militaire.
6/ Le matin du 24 mai 1940, la "crise d'Arras" est totalement surmontée, ce qui permet aux forces blindées teutonnes de remonter vers le nord-est et d'atteindre, non seulement l'Aa, mais le sud-ouest de Lens (hauteurs de Vimy) dans la soirée. Dans la matinée (à 9h41), Von Kluge indique à Von Rundstedt qu'il souhaite libérer un maximum d'unité mobiles pour conduire la bataille sur l'aile nord, vers Dunkerque-Cassel, donc, tout en faisant état d'un risque très relatif, celui d'une contre-attaque alliée dans le secteur d'Amiens, de laquelle il n'y a rien à redouter - et, de fait, comme le montrera la suite de la journée, il n'y aura rien à en redouter. Dès lors, selon Von Kluge, la situation militaire n'est nullement dangereuse, et il faut foncer.
7/ Rundstedt se borne, en réponse, à lui indiquer que
"l'on devrait s'en tenir aux mesures prises la veille par la 4. Armee", ce qui suggère, non pas qu'il redoute quoi que ce soit pour ses flancs (sauf à tenir pour délirantes les informations délivrées par Von Kluge, ce qui est absurde), mais qu'il sait pertinemment que Hitler va prescrire une pause...
Bref, du 23 au 24 mai 1940, Von Rundstedt ne manifeste aucune des certitudes que vous lui prêtez. Il s'inquiète pour ses flancs? Cela lui arrive, et il s'agit là de
la seule inquiétude qu'il témoigne, mais ce n'est ni constant, ni bien sérieux.
En toute hypothèse: rien, absolument rien n'établit que Von Rundstedt nourrit alors le projet d'interrompre l'avance de ses troupes le 24 sine die. Tout au plus cherche-t-il à faire preuve, selon les heures, de prudence. Rien dans son attitude n'indique ce qui va suivre. Or donc, la suite:
Journal du HGr A en date du 24 mai ( traduction de F.D. ) :
« Le Führer arrive à 11h30 et se fait expliquer la situation par le commandement du Hgr. Il approuve pleinement et entièrement l’idée que l’infanterie doit attaquer à l’est d’Arras, qu’en revanche les troupes rapides peuvent être stoppés sur la ligne atteinte Lens-Béthune-Aire-Saint-Omer-Gravelines, pour « intercepter » l’ennemi pressé par le Hgr B. Il souligne cette idée en insistant sur le fait qu’il est absolument nécessaire d’épargner les forces blindées pour les opérations à venir, et qu’un resserrement ultérieur de la poche ne conduirait qu’à un fort indésirable rétrécissement des possibilités d’action de la Luftwaffe.
Un ordre part en ce sens à 12h45 en direction de la 4ième armée. »
Quand il est indiqué que Hitler approuve pleinement et entièrement l’idée que l’infanterie doit attaquer à l’est d’Arras, qu’en revanche les troupes rapides peuvent être stoppés sur la ligne atteinte Lens-Béthune-Aire-Saint-Omer-Gravelines, pour « intercepter » l’ennemi pressé par le Hgr B.
Ca signifie bien sur que l’idée n’est pas proposée par lui sinon le rédacteur aurait utilisé des termes comme ordonne, indique etc mais en aucun cas « approuve »
Comme ce n’est pas Hitler qui propose cette idée, c’est évidemment Rundstedt qui le fait
Et pour des forces militaires, être stoppés sur une ligne pour y intercepter un ennemi ( pressé par des forces amies ), ça signifie livrer une bataille défensive pour une durée indéterminée.
Le document n’indique d’ailleurs aucunement que ce déploiement défensif doit durer seulement 24 heures.
Ce qui est d'ailleurs confirmé par l’ordre qui part à 12h45 :
« Par ordre du Fuhrer, l’attaque dot être poursuivie à l’est d’Arras vers le nord-ouest par les VIIIiè et IIiè corps, en liaison avec l’aile gauche du Hgr B. En revanche au nord-ouest d’Arras, la ligne générale Lens-Béthune-Aire-Saint-Omer-Gravelines ( ligne des canaux ne doit pas être dépassée.
Il appartient à l’aile ouest de regrouper toutes les forces mobiles et de laisser l’ennemi buter contre la ligne citée qui offre une position de défense favorable »
( traduction de F.D )
On rappelle les propos de Rundstedt :
« l’infanterie doit attaquer à l’est d’Arras, qu’en revanche les troupes rapides peuvent être stoppés sur la ligne atteinte Lens-Béthune-Aire-Saint-Omer-Gravelines, pour « intercepter » l’ennemi pressé par le Hgr B » qui sont quasiment mot pour mot les termes du Haltbefehl et qui confirment bien qu’il s’agit de recevoir défensivement l’ennemi ( « Il appartient à l’aile ouest de regrouper toutes les forces mobiles et de laisser l’ennemi buter contre la ligne citée qui offre une position de défense favorable » ).
1/ Rien dans ce document n'indique une quelconque préoccupation de Von Rundstedt pour ses flancs.
2/ Le compte-rendu de cette conférence est rédigé de manière trop laconique, voire lapidaire, pour déterminer ce qui a pu être dit par les uns et les autres - sauf en ce qui concerne les propos spécifiquement, expressément attribués à Hitler. Il me paraît évident que Von Rundstedt a fait part à Hitler de l'existence de l'ordre de "recollement" de la veille. Mais le document est vague, pour le moins:
"[le
Führer]
est tout à fait d’accord avec l'idée que l’infanterie devrait attaquer à l’est d’Arras, les troupes rapides, au contraire, la ligne Lens-Béthune-Aire-Saint-Omer-Gravelines atteinte, peuvent être arrêtées, pour aufzufangen [attraper, capturer, saisir]
l'ennemi pressé par le Groupe d'Armée B". S'agit-il d'une approbation de l'ordre de "recollement" de la veille? D'une idée différente? Cette idée a-t-elle été proposée par Von Rundstedt après l'exposé de situation? Ou découle-t-elle de l'entretien avec le
Führer, d'un genre de brainstorming qui aurait peu à peu, minute après minute, amené les parties à y parvenir? D'ailleurs, serait-on en présence d'une idée initiale (les blindés peuvent être stoppés) transformée, lors de la réunion, en une idée plus élargie (les blindés peuvent être stoppés pour cueillir les Alliés pressés par le Groupe d'Armées B)? Contrairement à ce que vous affirmez, le document,
en lui-même, ne permet pas trancher sur aucune de ces interrogations, et l'on en est réduit à des hypothèses.
De surcroît, l'idée en question ne correspond nullement à l'ordre d'arrêt qui sera délivré une heure plus tard et se rapproche davantage de l'ordre de "recollement" de la veille. En effet, il est indiqué que si l'infanterie doit attaquer, les blindés, eux, peuvent simplement être stoppés "pour [attraper/capturer/saisir] l'ennemi pressé par le Groupe d'Armées B". Ce n'est pas franchement affirmatif, surtout si l'on se rappelle que les chefs de blindés, eux, veulent absolument aller de l'avant et ne privent pas toujours de le faire (même un Kleist ne va pas jusqu'à réclamer une pause), et, à bien y réfléchir, ce n'est même pas strictement incompatible avec l'idée de
aufzufangen les Alliés rabattus par le Groupe d'Armées B (lesdits chefs de blindés peuvent très bien entamer des "reconnaissances lointaines", comme l'a déjà fait Guderian, pour
aufzufangen l'ennemi).
A ce stade du raisonnement, il me faut citer le journal du colonel Jodl, qui accompagne Hitler à cette occasion et note: Hitler
"ist sehr erfreut über die Massnahmen der H.Gr., die sich ganz mit seinen Gedanken decken", ce qui, après traduction, donne: Hitler
"se réjouit des mesures du Groupe d'Armées, qui coïncident exactement avec ses pensées". Or, les seules
mesures prises par le Groupe d'Armées A se bornent à une pause de 24 heures.
Mais Hitler surenchérit, comme l'atteste la suite: il ne se contente pas d'une simple pause des blindés de 24 heures, il interdit
sine die aux blindés
et à l'infanterie de franchir une ligne soigneusement délimitée. De la sorte, il ne dit pas
"HALT!!!" mais
"VERBOTEN!!! 3/ A supposer que votre interprétation du document soit correcte, et ce ne me semble être le cas, rien n'indique pourquoi Von Rundstedt modifierait de la sorte la stratégie suivie jusque là. Je vous rappelle que son propre entourage a été surpris par la directive du 24 mai 1940. Von Gyldenfeldt, l'officier de liaison de l'
O.K.H., racontera:
"Par la suite, j'ai souvent évoqué avec mon ami Tresckow [Henning Von Tresckow, célèbre conjuré contre Hitler, alors l'un des principaux officiers d'état-major du Groupe d'Armées A]
l'arrêt incompréhensible des chars. Il ne m'a jamais fait part de la moindre indication selon laquelle cet ordre émanait de son commandant en chef, Rundstedt, et l'a toujours mentionné comme une intervention de Hitler." Un autre célèbre cadre sup' de l'
O.K.H., Heusinger, tiendra le même langage à un historien allemand, en 1954: rien, chez le commandement du Groupe d'Armées A, n'indiquait l'intervention d'une telle décision.
Pour votre parfaite information: comme tout n'est pas cristallisé dans ma pauvre tête, je n'exclus pas que Von Rundstedt ait effectivement proposé ce que vous écrivez. Mais dans cette hypothèse, une telle proposition, compte tenu de ce qui précède, ne saurait relever d'autre chose que d'une comédie montée entre lui et Hitler. Comme l'a deviné Loïc Charpentier, il est absurde, en effet, que Hitler se soit déplacé en avion jusqu'à Charleville (ce qui en soi est extraordinaire, car il s'appuyait plutôt sur Keitel pour faire passer ses messages) sans savoir ce qu'il en est, sans être informé préalablement de la querelle entre le Groupe d'Armées A et l'
O.K.H..
Du reste, vous oubliez que Hitler nourrissait déjà l'intention de stopper ses troupes, avant même la conférence. L'entourage de Von Rundstedt, à savoir le général Sodenstern et le colonel Blumentritt, prétendra après la guerre avoir nettement ressenti que le
Führer avait cette idée en tête avant la réunion du 24 mai. S'il n'est pas exclu qu'ils cherchent à se couvrir (et à couvrir leur ancien patron de groupe d'armées), il n'en demeure pas moins le témoignage de l'aide-de-camp de Hitler, Gerhard Engel, qui a attesté en 1954 que, selon lui, Hitler n'était pas venu au Q.G. de Von Rundstedt avec la ferme intention d'arrêter les chars, mais qu'il avait évoqué cette possibilité lors d'une réunion de travail la veille au soir (le 23 mai, donc), compte tenu de la nature du terrain dans les Flandres...
Bref, la conférence de Charleville, je persiste et signe, n'est qu'une mise en scène destinée à imposer à l'
O.K.H. et aux généraux des blindés du Groupe d'Armées A un
Haltbefehl si militairement imbécile qu'il ne manquera pas de susciter des protestations, voire d'être contourné... sauf à ce que Hitler compte sur un allié faisant office de vigile, à savoir le chef du Groupe d'Armées A lui-même.
Cette explication est la seule qui tienne compte des contradictions dans l'attitude de Von Rundstedt. Que vous n'expliquez pas.
Le 25 mai, Rundstedt émet son ordre n° 6 de groupe d'armée qui indique :
"Il n'est pas exclu que l'ennemi exécute ses mouvements selon un plan homogène avec l'intention de percer la 4è armée et les troupes rapides qui lui sont subordonnés en attaquant du nord et du sud, afin de pouvoir rapprocher les éléments de son armée jusque-là séparés"
Euh... pardon, mais je produis des éléments qui remettent en cause sa sincérité - et auxquels vous ne répondez pas. Comme je l'ai déjà indiqué, Von Rundstedt fait successivement état, le 25 mai, des explications suivantes pour "justifier" le
Haltbefehl (sachant que lui-même se bornait à recommander une pause de 24 heures):
- à 0h45, il faut
"faire serrer d'abord les groupements motorisés, si l'on veut leur faire reprendre la marche en avant" et
"prendre les mesures nécessaires pour régler avec l'aviation le franchissement de la ligne des canaux" (ah bon? moi qui croyais que le Groupe d'Armées A était devenu l'enclume sur laquelle frapperait le Groupe d'Armées B)?)
- à 15 h 30, son chef d'état-major, Sodenstern, indique à son homologue de la 4.
Armee que les blindés doivent rester sur la
"ligne des canaux", que Hitler ne souhaite pas les voir avancer plus à l'est, que lui-même
et Von Rundstedt estiment le terrain à l'est des canaux impropre à une attaque de chars (alors que quinze heures plus tôt, ledit Rundstedt avait l'air de penser le contraire...);
- quelques instants plus tard, ce même Sodenstern indique à Von Kluge, qui insiste pour reprendre l'avance: on ne peut franchir la
"ligne des canaux" car la
Luftwaffe intervient au-delà, et devant les récriminations de Von Kluge, précise:
"Les 24 heures de retard auront tout de même accru la valeur combative des unités blindées", ce qui semble annoncer que Von Rundstedt n'exclut pas une reprise de l'avance.
(voir Jacobsen,
Dünkirchen,
op. cit., p. 96-97 et 101. En français, lire Jacobsen, "L'erreur du commandement allemand devant Dunkerque",
Revue historique de l'armée, 1958, n°3, p. 69)
Sachant, de surcroît, que, le 26 mai, Rundstedt préconise une reprise de l'avance...
Von Rundstedt se contredit trop souvent pour être pris au sérieux. Je note avec surprise votre silence sur ce point.
Le 26 mai, c’est Hitler qui intervient et qui indique : « il autorise désormais les troupes blindées et les divisions d’infanterie à pousser de l’ouest en direction de Tournai, Cassel et Dunkerque, d’autant plus que pour sa part l’ennemi ne se lance pas à l’assaut de la ligne des hauteurs mais s’accroche à des positions de défense et s’organise » ce qui confirme bien qu’il lui a été indiqué par le HGr A que l’ennemi se préparait à attaquer
Hitler intervient à la suite d'une intervention... de Von Rundstedt. Qui demande à reprendre l'attaque alors que, la veille, il considérait que le terrain ne le permettait pas aux chars... Où est la cohérence, dans tout ça?
Enfin tout cela est confirmé par le journal de Bock ( entrée du 29 mai 1940 ) où celui-ci rapporte un entretien avec Rundsedt dans lequel celui-ci non seulement endosse l’ordre mais en donne une explication :
A comment by Rundstedt in Charleville made it clear to me why the armored units near Dunkirk were not more active. Rundstedt said :
« I was worried that Kleist weak forces would be overrun by the fleeing English »
Oui, Von Rundstedt défend l'ordre d'arrêt, comme il l'a fait le 25 mai en avançant des motifs contradictoires: par loyauté, par fidélité à Hitler, contre d'autres généraux.
Mais ses propos tenus à Von Bock posent problème et ne me paraissent pas sincères, car Von Rundstedt ne fait état que d'une inquiétude pour les
"faibles forces" (!) de Von Kleist:
- qu'en est-il du Groupe Hoth?
- l'ordre du 24 mai interdit aux blindés et à l'infanterie de franchir une ligne délimitée
sine die: en quoi s'inquiéter prétendument des
"faibles troupes" (re-!) de Von Kleist doit-il conduire à une telle directive, qui s'étend à Hoth? Pourquoi Von Rundstedt ne s'est-il pas contenté d'une pause de 24 heures, comme envisagé le 23 mai?
Bref Rundstedt a craint du 23 au 25 mai une contre-attaque alliée et a vendu le 24 mai cette idée à Hitler ( qui le 26 constate qu’il s’est fait avoir )
Hitler constate qu'il s'est fait avoir... et garde toute son estime à Von Rundstedt? Comprends pas.
J'attends toujours vos explications sur les contradictions, tant en actes qu'en paroles, de Von Rundstedt.