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LE HALTBEFEHL (suite)

Cette rubrique renferme tout ce qui concerne le front ouest du conflit, y compris la bataille des Ardennes ainsi que les sujets communs à tous les fronts tels, les enfants et les femmes dans la guerre, les services secrets, espionnage...
MODÉRATEUR: gherla

Re: LE HALTBEFEHL (suite)

Nouveau message Post Numéro: 591  Nouveau message de takata  Nouveau message 15 Aoû 2017, 19:54

François Delpla a écrit:Il ne s'agit de rien d'autre que de répondre aux nombreux intervenants qui prétendent que rien, dans les propos de Hitler, n'accrédite la thèse diplomatique, non point celle confuse de Liddell Hart (Hitler stoppe pour favoriser un embarquement) mais celle, lumineuse, de Costello : laisser un peu plus de temps, à tout hasard, pour une paix immédiate et générale.

Cet espoir de paix, il en a parlé au moins une fois.


J'imagine qu'on va bientôt pouvoir trouver ce nouveau livre de 300 pages écrit sur la base de cette demi-quotation mais seulement après la suppression de tout ce qui la précède car ces trop longues considérations militaires et les inquiétudes de cet Hitler, qu'il partage avec Rundstedt, ne t'arrangent pas tout à fait sur le fond.

Il ne faudra pas oublier non plus de supprimer la suite pour éviter qu'on flaire trop la tentative de justification Nationale Socialiste puisque ton "témoin" ne se retient plus pour "témoigner" de la réalité de la légende "Hitler, grand homme de paix et protecteur des races européennes contre la dégénéressence et le péril bolshevik". Si tu l'oublies, ce n'est pas le plus grave car, après tout, ce "témoin" vient juste nous recopier ses notes de mémoire 25 ans après les faits, bien que tout soit déjà publié sur le sujet, mais cela ne doit surtout pas t'arrêter pour l'élever au rang du "chaînon manquant" dans l'évolution d'une thèse qui n'en est déjà plus à une centaine de contradictions près :)

De mon côté, je trouve que la version H. Giesler ressemble assez -juste un peu plus nazifiée dans son contexte- à celle d'un Liddle Hart. Ce que je ne comprends pas bien non plus c'est que ce sont toujours les mêmes ingrédients selon le metteur en forme d'une histoire rapportée publiquement depuis au moins Nüremberg par ceux qui ont cotoyé le Führer. Or, il semble que tu parviennes toujours à t'en extasier pour peu qu'un nouvel adjectif vienne en modifier un tant soit peu la syntaxe ; comment fais-tu ?

Olivier

Quartier Général du Fùhrer 26 février 1945

En somme, ma décision de régler le sort de la Russie fut prise dès l'instant que la conviction s'imposa à moi que l'Angleterre s'entêterait. Churchill n'a pas su apprécier la sportivité dont j'ai fait preuve en évitant de créer de l'irréparable entre les Anglais et nous. Nous avons évité en effet de les anéantir à Dunkerque. Il aurait fallu pouvoir leur faire comprendre que l'acceptation par eux de l'hégémonie allemande sur le continent, à quoi ils s'étaient toujours opposés et que je venais de réaliser sans douleur, entraînerait pour eux les conséquences les plus favorables.

C'est à la fin de juillet déjà, juste un mois après l'écrasement de la France, que je m'aperçus que la paix nous échappait une fois de plus. Quelques semaines plus tard, je savais que nous ne réussirions pas à envahir la Grande-Bretagne avant les tempêtes d'équinoxe, faute d'avoir pu nous assurer d'emblée la maîtrise du ciel. Je savais donc que nous ne réussirions jamais à envahir la Grande-Bretagne.

Adolf HITLER - Testament politique


 

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Re: LE HALTBEFEHL (suite)

Nouveau message Post Numéro: 592  Nouveau message de alias marduk  Nouveau message 15 Aoû 2017, 19:58

Pour le commentaire amazon, c'est prévu dans les semaines à venir ( une question de temps, je suis en vacances avec un accès limité à mes sources ).

Pour vos critiques de Frieser, c'est mot pour mot les critiques que j'aurais à émettre à votre encontre : malgré toutes les remarques et recherches documentaires qui vous ont été apportées vous n'avez toujours pas été capable d'intégrer que votre hypothèse était totalement spéculative.

Ca n'est en soit pas le plus grave : le plus grave c'est votre demande insistante à vos interlocuteurs de fournir et publier des documents qui ont déjà été maintes fois fournies et la répétition incessante d'affirmations maintes fois démenties ( comme l'affirmation que personne n'a fourni d'hypothèse militaire ) ce qui est ironique au regard de l'absence de sources documentées de votre propre hypothèse.

Je remarque que vous n'êtes toujours pas capable de reconnaître que vous vous êtes trompé sur le livre de Frieser en reconnaissant simplement qu'il ne pouvait matériellement pas tenir compte du livre de Costello paru après la fin de ses propres recherches bibliographiques ::super::


 

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Re: LE HALTBEFEHL (suite)

Nouveau message Post Numéro: 593  Nouveau message de François Delpla  Nouveau message 15 Aoû 2017, 20:46

Je ne me plains pas pour ma part de la longueur de ce fil.

Mais elle a quelques inconvénients, notamment celui d'obliger a répondre aux contrevérités concernant ses propres interventions alors que sur un fil plus court il suffirait d'écrire : relis !

Je ne me suis jamais plaint que les tenants de l'explication militaire nous frustrent de documents , que du contraire ! Mais du fait que leur documentation ne se concentre pas sur les 12h séparant l'ordre d'arrêt de la victoire d'Arras.

Je n'ai bien sûr pas dit qu'ils ne formulaient pas d'explication militaire, mais quils ne le faisaient jamais sous une forme simple et claire. On me répond régulièrement que si, et que je n'ai qu'à chercher où !

Le texte de Giesler, mais je l'ai déjà dit ce matin, ne prouve rien à lui seul (Olivier, ne compte pas sur moi pour en tirer 300 pages !), mais est précieux pour démentir l'affirmation, tant et plus serinée, que Hitler n'aurait rien dit qui aille dans le sens de l'explication du Htbf par la recherche de la paix. De la paix et avec Paris et avec Londres, "sur le sable de
Dunkerque".

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Re: LE HALTBEFEHL (suite)

Nouveau message Post Numéro: 594  Nouveau message de alias marduk  Nouveau message 15 Aoû 2017, 23:05

François Delpla a écrit:
alias marduk a écrit:Quant à Frieser je ne vois pas en quoi il serait disqualifié au motif qu’il ne tient pas compte de Costello à partir du moment où le texte fondateur de votre explication précise « si l’armée allemande parvenait à s’emparer de la côte belge et de Calais, le Führer ferait une proposition de paix » et donc que le 24 mai l’armée allemande ne s’est emparée ni de Calais ni de la côte belge et surtout qu’aucune proposition de paix n’est effectuée le 24 ou le 25 ou le 26 : où est le lien entre ce texte et l'arrêt ?

Entre le 6 mai et les 24 il s'écoule pas mal de jours et il s'écroule pas mal de choses. Je viens de rappeler la fixité maladive du nazisme sur quelques principes délirants (cancer juif, alliance aryenne...) et sa souplesse opportuniste sur les détails d'exécution.
Au lieu de vous enfermer dans la lettre des textes, vous feriez mieux de vous demander ce que le contexte, en 18 jours, a rendu caduc, et quelles adaptations il impose. Comme je l'ai déjà dit cent fois, j'espère que vous en avez quelque souvenir, sinon mon abnégation sera encore serviable. Conclusion : ce texte est tout à fait central pour le problème qui nous occupe, et de nature à démonétiser un livre, paru quatre ans après sa découverte, qui n'en tient aucun compte.


Il est bien vrai que les textes ont le défaut de ne pas cadrer avec vote hypothèse.

Si ma mémoire ne me fait pas défaut, vous invoquez l’arrivée au 10 DS de Churchill comme raison du refus de Hitler de faire une proposition de paix comme indiqué à Nordling mais :
- une telle analyse ne tient pas compte de la chronologie : Nordling est averti le 12 mai du message qu’il doit délivrer donc si un événement est à l’origine du changement d’opinion de Hitler, cela ne peut être qu’un événement survenu après le 12 mai hors Churchill arrive au 10 DS le 10 mai.
- Il est tout à fait illogique que l’arrivée au pouvoir de Churchill soit la cause de l’absence d’envoi d’une offre de paix séparée à la France comme indiqué dans le document Coulondre : le contraire ( faire une offre à la France pour briser l’alliance anglo-française ) serait au contraire logique.
- Le fait que Hitler ne pouvait pas faire une offre de paix à la Grande Bretagne à cause de la présence de Churchill est démenti par l’offre de paix faite le 19 juillet 1940.
- Enfin cette hypothèse est totalement dénuée de toute source documentaire à l’exception de la fable inventée par Benoist-Méchin après guerre.

François Delpla a écrit: Ma découverte, démontrée dans une bonne moitié de mes livres : on a tort de penser que Hitler a proposé une alliance à la GB, et échoué, avant 1939. Il a seulement fait des travaux d'approche. Des sortes de fiançailles dont l'une des deux parties s'arrange pour retarder sans cesse le matrimonial aboutissement. Pour la simple raison que cela lui aurait interdit de s'en prendre à la France, dont l'écrasement était un point de passage obligatoire (ce que les Français contemporains se refusent à voir en face... et que les historiens actuels commencent à peine à entrevoir).

Il s'agit donc de liquider la France par une bataille très courte, mettant devant le fait accompli un monde anglo-saxon qui n'aurait rien vu venir. Cela passe nécessairement par une guerre contre l'Angleterre, aussi courte et platonique (alias "drôle") que possible.

Cette guerre, il faut bien donner quelques signes qu'on la prépare et qu'on se réserve, si l'Angleterre ne se presse pas de signer la paix après la défaite de la France, de la frapper durement, tout en n'ayant "même pas peur" de sa supériorité maritime (d'où la mise en chantier de navires).

Mais TOUT indique que la guerre à l'ouest n'est destinée qu'à éliminer la France comme facteur important et que le schéma de base (espace vital à l'est, avec les encouragements ou au moins la permission de la Grande-Bretagne) reste parfaitement inchangé depuis 1926.

L'enjeu historiographique est capital : il s'agit de passer d'un Hitler impulsif, tiraillé entre des options et des lieutenants, sujet aux emballements et aux illusions, à un redoutable et obstiné planificateur, en bonne voie pour mettre la planète échec et mat en l'obligeant à compter avec une Europe allemande, lorsque Churchill surgit sur sa route, l'arrêta à grand-peine et entreprit une improbable remontée.


Réaffirmer les mêmes spéculations à longueur de livres n’a jamais été une démonstration

Les 2 ouvrages que vous avez rédigé et que j’ai eu l’occasion d’acheter ( « La Ruse Nazie » et votre biographie d’Hitler ) sont justement dénués de démonstrations probantes

Mais faire référence à son travail d’historien comme source n’est évidemment pas un argument d’autorité …………

François Delpla a écrit:
takata a écrit:Le soi-disant "chaînon manquant" exposé plus haut (et avec une telle suffisance) m'a fait éclater de rire mais c'est la raison pour laquelle je me suis inscrit pour poster.


encore une illustration du proverbe portugais favori de John Lukacs : "Dieu écrit droit avec des lignes courbes".

La mémoire des internautes étant trop sollicitée pour être toujours efficace, rappelons quel était ce chaînon et faisons l'assistance juge de cette suffisance :

SCHIFFERS Michel a écrit:VERS UNE DEMONSTRATION DE LA ''THESE DIPLOMATIQUE'' : LA DECOUVERTE DU CHAÎNON MANQUANT ??...

Les tenants de la ''thèse militaire'' vont peut-être m'en vouloir de venir ainsi ''assécher'' l'un de leurs sujets favoris – auquel ils ont consacré tant d'énergie, depuis tant d'années, y compris dans le présent forum – mais je pense qu'une trouvaille personnelle récente m'a permis de débusquer un élément très important en faveur de la ''thèse diplomatique'' en tant que solution à l'énigme du ''Haltbefehl''.

Cette trouvaille constitue en quelque sorte le « chaînon manquant » permettant d'accréditer définitivement la ''thèse diplomatique''.

Il ne s'agit pas à proprement parler d'un ''élément nouveau'', puisqu'il a été publié en 1982. Mais, pour n'importe quelle raison, cet élément a été négligé jusqu'ici et il convient sans doute de lui accorder l'attention qu'il mérite lorsqu'il est question du ''Haltbefehl''.

Mieux, conjugué aux autres éléments déjà connus et débattus qui permettaient de soutenir cette thèse – mais étaient souvent jugés « trop faibles » par ses détracteurs, notamment parce qu'insuffisamment reliés à la ''direction nazie'' – cet élément-ci émane de la plus haute ''source nazie'' possible, à savoir Hitler lui-même, qui s'exprime de façon très explicite à ce sujet, a priori dans un contexte ''non suspect'' (je reviendrai sur ce dernier aspect).

Autrement dit, cet élément permet d'apporter la démonstration de la validité de la ''thèse diplomatique'' (et - espérons-le - ''une fois pour toutes'').

J'ai fait cette découverte un peu ''par hasard'', à la faveur d'une recherche (sans aucun rapport avec le ''Haltbefehl'') qui m'a amené à m'intéresser aux mémoires de l'autre « architecte favori » de Hitler, j'ai nommé Hermann Giesler (*).

Pour rappel, Giesler a recueilli de nombreuses « confidences » de Hitler, lors de ses longs et fréquents séjours au QG du Führer, pendant la Campagne de Russie.

C'est ainsi qu'en septembre 1942, Martin Bormann contacte Giesler et le supplie de venir rejoindre Hitler, alors en pleine dépression dans son quartier général de Vinnitsia, en Ukraine...

Mais écoutons plutôt Giesler nous raconter la chose, en guise d'introduction contextuelle de ce qui va suivre :

« Martin Bormann called from Hitler’s headquarters Winniza and requested my immediate departure for there. “Parteigenosse (party-comrade) Giesler, you are urgently needed. Bring all your Linz plans with you and expect to stay a few weeks. Hurry, please.”
A little later Fieldmarshal Keitel called and asked me to depart as soon as possible and take all architectural plans with me. An adjutant informed me which courier airplane to take for the flight out of Berlin. My alarm bells were already ringing from Bormann’s call ; even more so when Fieldmarshal Keitel called.
When I reported to Hitler in Winniza, I found him changed. After the serious discord with his generals, he stayed away from routine personal contact with them and stopped attending the joint lunches and dinners. After the Lagebesprechung, he withdrew. At first he did not discuss the problems with me. Bormann was also silent ; he only told me that Hitler wanted to talk to me about the Linz plans whenever military matters permit it. Only talks about city building and architecture can relax him, Bormann said. I found it interesting that Fieldmarshal Keitel had the same idea : only Giesler with his design plans could bring relief.
During my stay at the Winniza headquarters, most of the time I was Hitler’s only guest. We took our meals together and I spent long evenings and nights with him, not only in intense discussion of matters of architectural design.[…]
When we were again alone after the evening tea, he told me of the shattering situation he is confronted with. “Giesler, I want to talk to you about my worries – in confidence. […] Before the Russian campaign, I was making very careful plans and thinking about the strategic possibilities and how they have to be tactically executed, like when we began the offensive in the West.” ».


C'est donc ainsi que Giesler va recueillir, durant son séjour, les propos qui suivent, de la bouche même de Hitler :


« It was a large collection of maps bound in leather : The France War Campaign in its Chronicle Sequence. One day it was placed on Adolf Hitler’s work desk. The Armed Forces Adjutancy had told me the volumes were prepared as a military-historical documentation, and its first edition was presented to Hitler at Winniza. […]
Adolf Hitler opened the next map : it showed the attack that took place on the morning of May 10th with the markings for the first day targets. Following that were maps with sections of the different divisions, then a second map series marking the success by the individual panzer and battle groups. Drawn on a larger scale could be seen the hard battle for Sedan. That was the energetic thrust the enemy did not expect—then the breakthrough and the advance of the panzers, secured at their flanks by the forward pushing divisions. Now, map after map followed, sometimes two for one day, graphically reporting the battle success of the panzer thrust along the eastside of the Somme to Abeville. […]
“My biggest worry was securing the flanks” [said Hitler] ; “counterattacks from the South and Southwest, energetically executed, would have grown to a serious threat. Logically, at the same time, the ‘Schliefen attack’ had to be seriously carried out in order to draw the main forces of the enemy, the motorized units, into Belgian territory. The deception succeeded ; the mass of the enemy forces moved into those battle areas, as I imagined they would, and were cordoned off. The frontal attack of our divisions also showed total success and forced Holland and Belgium to surrender. The operation, later called ‘Sichelschnitt’ (sickle cut), became a decisive success. But the total defeat of the Western allies was not yet won. […]

The opponent was actually decisively beaten in the North sector. Pressed from the East and South by our fast-moving troops, cut off towards the West, only the sea remained as the last open flight path. The mass of those primarily English forces was concentrated around Dunkirk, on the Flanders plains, which I remembered well from my world war time. Oh, I know, my Dunkirk decision was described as a big mistake, not only by the circle of the so-smart general staff — those “know it alls” and those with their so-Christian feelings — thought it was my biggest stupidity not to have completely destroyed the already-beaten British forces.

Various considerations kept me from doing so.

First, the military reasons. The Flanders lowlands restrict tank operations basically to the roads. Long drawn-out battles, with our own losses and the possible high breakdown of our tanks, were to be expected. For further necessary operations towards the West and South, into France proper, I could not sacrifice one tank. But above all, we must not waste our strength and lose time. The enemy had been shocked ; now everything had to be done stroke by stroke.
After listening to Rundstedt, my inner circle of military advisers also shared that opinion. It was absolutely necessary to continue the attack to the West and South without any hesitation before the enemy succeeds in building up a strong defense along the Somme and the Aisne. Our follow-up thrust already met with strong resistance there. It also had to be assumed the English would send additional troops, assisted by the artillery support of their battleships, across the Channel – they could not let France down as they did Poland !
We had to attack towards the West — Paris and Northern France had to be taken very fast, to make it impossible for the English to land additional troops. We also had to direct an offensive toward the South, with a thrust behind the French fortifications.

We had to enforce a final decision and thus bring the French campaign to a quick finish because there was another reason of a military-political kind.
I did not remain orientated to only one side : for a long time I was listening, worried, toward the East.
And did not a slight possibility of peace still exist, even though a vague one, which I might have obstructed by a pitiless defeat of the Dunkirk army ?” ».



Giesler lui-même commente ces propos hitlériens de 1942 de la manière suivante :

« [...] Adolf Hitler was deliberating on rational grounds as he was so often doing in the past years ; he did not think only as a German — he thought as a European. [...]
That he judged the possibility of peace higher, there is in my eyes one proof : On June 24, 1940, at his headquarters Bruly de Peche, he gave orders for peacetime tasks, issuing a decree on the 25th giving authority to Speer and me to begin the restructuring of German cities. [...]

Later, I was once more reminded of the “mistake of Dunkirk".

If I remember correctly, it was in August 1943 after the devastating air attacks in Hamburg. In an adjoining room, Adolf Hitler gave orders to an adjutant. A pile of photographs were lying on a table ; I picked them up. [...]
When Adolf Hitler returned to the work room, he saw the photographs in my hand. With a quiet, but very resolute voice he said: “Let it go, Giesler, don’t look at the pictures anymore. After a while, I had to rethink. It didn’t agree with my character to step on the one who lies on the ground. I was mistaken —magnanimity will not be recognized. They repay my sparing them at Dunkirk with bombs and phosphor on women and children whose men and husbands were fighting for Europe.'' [...] »


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Discussion :

a) Quelle confiance accorder aux "souvenirs'' de Giesler ??...


Autrement dit, pouvons-nous prendre ces mémoires de Giesler au premier degré ?... N'a-t-il pas recueilli des confidences ''orientées'' de Hitler ?... N'a-t-il pas ''enjolivé'' les choses ?... etc.

Il est un fait que, dans ses mémoires, Giesler ne cache jamais son admiration pour Hitler. Une admiration sans bornes et sans repentir non plus, malgré l'étendue des crimes du nazisme que Giesler ne peut ignorer au moment où il écrit ses mémoires...

Il aurait donc pu "embellir" certaines choses en les rédigeant, de façon à donner de son idole le portrait posthume le plus avantageux possible.

Toutefois, en analysant plus précisément les circonstances dans lesquelles se déroulent ces entretiens du second semestre de 1942, ainsi que la position spécifique de Giesler dans l'entourage de Hitler, les doutes me paraissent largement dissipés, car on ne voit finalement pas pourquoi Hitler aurait délibérément et fortement biaisé, à ce moment-là, les confidences qu'il livre à Giesler.

Dès lors, il n'y a aucune raison de mettre directement en doute ce qui, dans les propos rapportés par Giesler, ne contribue pas directement à tresser des couronnes à Hitler.

Et, précisément, c'est tout à fait le cas, dans l'extrait que j'ai reproduit ci-dessus, des deux dernières phrases de ce texte :

1/ D'une part, son " I did not remain orientated to only one side : for a long time I was listening, worried, toward the East.", qui fait apparaître que Hitler, au plus fort de sa campagne à l'Ouest, reste totalement préoccupé par la situation à l'Est (où nous savons qu'il lui tarde évidemment de pouvoir développer aussitôt que possible la suite de son programme, sans laquelle son projet global ne peut réussir) ;

2/ Et, d'autre part, son "And did not a slight possibility of peace still exist, even though a vague one, which I might have obstructed by a pitiless defeat of the Dunkirk army ?", où Hitler laisse poindre que sa décision "magnanime" de ne pas détruire immédiatement les forces britanniques encerclées à Dunkerque était destinée à ne pas compromettre l'espoir qu'il entretenait encore alors de pouvoir conclure la paix à ce moment-là (ce qui est conforme au scénario de l' "explication diplomatique" de Dunkerque).

Dans les deux cas, cela ne présente pas du tout les choses à l'avantage de Hitler, pas plus que cela ne réplique à des critiques exprimées à l'encontre de Hitler après la guerre (critiques que Giesler aurait pu éventuellement vouloir contredire en rédigeant ses mémoires pour rétablir la réputation du Führer).

Dans ces conditions, on ne voit donc pas Giesler inventer ces propos de Hitler pour renforcer l'image ou la réputation du Führer.

Par ailleurs, les explications "militaires" développées par Hitler, telles que rapportées par Giesler, sont totalement conformes à ce que Hitler et son entourage ont présenté à l'époque comme étant la version "officielle" de ces événements (explications que l'on retrouvera ensuite, développées à des degrés divers, chez les tenants successifs de l' "explication militaire" de Dunkerque).
Et, là, Giesler, n'invente rien non plus... Il a éventuellement pu être influencé par d'autres lors de la rédaction de ses mémoires (notamment par les récits livrés par les généraux allemands après la guerre, voire par les premiers travaux historiques sur le sujet)... Mais ce n'est même pas nécessaire de l'envisager compte tenu de la conformité de ces éléments à la "thèse officielle" proposée par les Nazis eux-mêmes peu après les événements.

Giesler se contente de rapporter fidèlement ce qui se disait alors (en 1940), et qui lui est confirmé par Hitler lui-même en 1942.

Sauf - et c'est un détail très important, capital même - que ces explications militaires se concluent par les deux dernières phrases que je viens de commenter, qui, elles, ne se retrouvent nulle part ailleurs que chez Giesler - en particulier l'idée d'un Hitler attendant les résultats de ses ouvertures de paix
(que Giesler ne développe pas, sans doute parce qu'il ne les connaît pas et que Hitler ne les a pas développées devant lui dans le cours de leur conversation).


b) Commentaires des ''explications militaires'' délivrées à Giesler par Hitler :


Comme on peut le lire dans le compte-rendu de Giesler, Hitler ne semblait pas craindre (ou souhaiter) - au moment du ''Haltbefehl'' - que les Britanniques utilisent les quelques ports qu'ils tenaient encore, dont Dunkerque, pour rembarquer leurs unités.

Au contraire, la crainte qu'il exprime est d'un tout autre ordre et elle est double :
- d'une part, il craint qu'une partie des forces alliées engagées au nord, c'est-à-dire en Belgique et aux Pays-Bas, puisse redescendre vers le sud, pour venir renforcer les forces françaises positionnées au sud de la Somme (ou de l'Aisne), ce qui ferait peser une menace sur le flanc sud du Groupe d'Armées A allemand, qui est très étiré depuis Sedan - où il a percé - jusqu'à la côte ;
- et, d'autre part, il craint que les Britanniques puissent débarquer de nouveaux renforts en France, au sud de la Somme, pour se joindre aux Français, soit pour préparer une contre-offensive sur le flanc sud du Groupe d'Armées A, soit pour consolider les défenses françaises sur le front de la Somme.

Dans tous les cas, Hitler semble donc convaincu que les Britanniques vont se maintenir sur le terrain qu'ils tiennent encore, là où ils ont été repoussés et acculés par l'offensive allemande.
Et qu'ils vont peut-être même encore vouloir renforcer leur présence en France, dans l'hypothèse où celle-ci poursuit la lutte (ce qui est d'ailleurs, effectivement, la pensée initiale de Churchill).

Hitler ne semble donc pas du tout envisager l'éventualité d'un rembarquement massif du Corps Expéditionnaire Britannique à ce stade de la bataille. Soit qu'il ne le croit pas possible "techniquement" (rembarquer des centaines de milliers d'hommes en quelques heures ou quelques jours peut en effet lui paraître "infaisable"), soit qu'il ne le croit pas possible "politiquement" (parce qu'il pense que les Britanniques, et même Churchill, ne peuvent se permettre de prendre le risque politique de lâcher ainsi unilatéralement leur allié français au plus fort de la bataille).

Dès lors, si l'on exclut le scénario du rembarquement de son schéma intellectuel, Hitler peut raisonnablement penser que, dès le 24 mai, l'EM britannique se doit d'envisager la perspective d'une destruction à très brève échéance de l'élite de ses forces terrestres, dans une bataille d'anéantissement que le Corps Expéditionnaire Britannique n'a aucune chance de remporter.
Face à cette perspective qui semble inéluctable (et pour éviter un véritable carnage), la direction de guerre britannique n'aura alors d'autre choix que de rechercher un "cessez-le-feu" (voire un armistice) afin d'éviter la destruction probable de l'essentiel du Corps Expéditionnaire Britannique et des forces franco-belges acculées et encerclées avec lui sur la côte.
Il ne resterait plus alors à Hitler que d'achever la destruction du reste de l'Armée française au sud de la Somme et la guerre serait gagnée...

Dès lors, il me semble possible de conclure que Hitler escomptait bien que la "pause" qu'il accorde ainsi aux armées alliées du nord permettrait à l'EM et au gouvernement britanniques de mener cette réflexion (un peu sur le modèle des hésitations britanniques observées au printemps 1918, lorsque l'offensive-éclair de Ludendorff avait réussi à enfoncer un coin entre les armées françaises et britanniques et que l'armée allemande semblait s'être ouverte un "boulevard" en direction de Paris).
Le pari de Hitler étant que la voie de la capitulation s'impose en tant que solution "la plus raisonnable"...

Mais, si les Britanniques s'obstinent malgré tout, alors "tant pis pour eux"... Et c'est pourquoi Hitler prévoit bel et bien de les détruire via sa Directive n°13 (datée du même jour que son "Haltbefehl", c'est-à-dire du 24 mai 1940), préparant ''l'anéantissement des forces franco-belgo-anglaises enfermées dans les Flandres et l'Artois'', avec le concours de la Luftwaffe de Göring.

Mais, évidemment, il y a eu un "grain de sable" (c'est le cas de le dire !), avec le "coup de génie" de Churchill consistant à ordonner (contrairement à ses intentions initiales) le rembarquement des forces britanniques et françaises enfermées dans la poche de Dunkerque, ce qui prend Hitler à contre-pied et anéantit ses spéculations, car c'est précisément la "troisième voie" qu'il n'avait pas envisagée !... C'est-à-dire l'option ''oubliée'' par Hitler dans son schéma intellectuel dont j'avais parlé dans mon 'post' précédent...

Et, lorsque Hitler se rend compte que Churchill s'est non seulement joué de lui, mais que, pire, il est en train de réussir le "pari insensé" de "Dynamo", il décide de relancer l'offensive...
Mais il est alors trop tard pour empêcher la fuite de centaines de milliers de soldats ennemis...


c) La "paternité" du plan de 1940 :


Ailleurs, Giesler nous rapporte aussi ce que Keitel lui a confié, au QG, en octobre 1942 :

« I had dinner at the casino barracks and had a chance to talk to Field Marshal Keitel, with General Jodl present — naturally about the French campaign. I wanted to listen to his assessment.
"Well, when I think about the past it gives me confidence,” Keitel said. “He rarely talks about it [...].
What he presented to you, based on the maps, I can only add it was his idea, in all details his work. He alone was the commander of the French campaign.”
Keitel continued, “When he explained, in January 1940, his concept about the Western campaign, worked out to all strategic details, I was startled by his audacity, even though I had to acknowledge the brilliant strategy.”
Jodl nodded, agreeing, and remarked, “We were pretty much perplexed when he put it on our table, complete with all details !”
"For his attack solution, he first won Jodl over, when I still could not accept it,” Keitel added. “I asked myself : would we succeed in deceiving the Allies to such an extent that they would thrust their motorized army and tank units into the Belgian-Holland region, in order to block the ‘Schliefen-Wing’ ? Would they consider the breakthrough at Sedan as a tactical, space-limited attack only ? Could the flanks for the panzer thrust to the coast be secured at all ? I never would have had the courage for such an audacious operation.
General Schmundt said later that Manstein had the same thoughts. His ideas were not accepted and were refused by the chief of the General Staff (Halder). I found that out in January and arranged that Manstein could present his ideas to the Fuehrer. That was possible when he reported to the Fuehrer after his nomination to a Commanding General (Kommandierenden General) in middle February 1940.
At that time, the Fuehrer had already planned and committed down to tactical details beyond the strategic operations — up to the commandos he needed for Eben Emael. With an incomparable insistence, he pushed through his strategic ideas and all tactical measurements. When Manstein presented his ideas for an offensive campaign, he could by that time only confirm what the Fuehrer had intended.” [...]
Field Marshal Keitel and General Jodl were hung at Nuremberg ; General Schmundt became a victim of the July 20th assassination. But the Field Marshal confirmed what I heard from him in Winniza in the notes he left (**). The courageous, inspired strategy of the Western campaign was explicitly and absolutely Adolf Hitler’s work ; he alone was the chief commander of the French campaign. »



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(*) cf. « Ein andere Hitler », Druffel Verlag, Leoni am Starnberger, 6th edition, 1982 – English translation by Carolyn Yeager, 2008-2010.

(**) Les notes de Keitel [source : "Generalfeldmarschall Keitel, Verbrecher oder Offizier ?", Walter Goerlitz, Editor-Publisher, Goettigen, 1961] disent ceci :

“A few days later - it must have been before October (1939) - Halder was called to visit Hitler in order to present his operation Plan West. Jodl and I were present. Hitler interrupted his report with different questions and held back his final reaction when Halder had to hand over the plan and marked maps to him.
Shortly after Halder left, Hitler said to us something like : ‘Hey, that’s the old Schlieffen Plan with the strong wing movement toward the Atlantic Coast. One does not perform such operations twice and go unpunished. I am of a quite different opinion and will tell (you and Jodl) that in a few days, and will discuss it with OKH.’
I don’t want to deal here with operational questions deriving from that. This much I’d like to say — that it was Hitler who personally requested, as his solution, the thrust with panzer forces over Sedan to the Atlantic Coast at Abbeville.
I expressed my reservations that the brilliant operation might fail if the French Panzer Army would not do us the favor to immediately attack our north wing through Belgium, but would hold back when they recognized Hitler’s plan of the breakthrough. Jodl, as well as Hitler, did not agree with my fear.
I’d also like to mention that Hitler told me at a later date, with obvious joy, that he had a personal discussion with von Manstein about this operational question - that he was the only general of the army who arrived at the same solution. That satisfied him highly.”


Dans la mesure où, lorsqu'il rédige ses ''carnets'' de notes, au cours de sa détention, Keitel joue sa vie, donc aussi sa ''mémoire'' au regard de l'Histoire, il n'y a objectivement aucune raison de le voir sciemment coucher par écrit des choses qui, si elles étaient fausses, pourraient aisément être démenties par d'autres (Jodl, p.ex.).
[/size]


Il ne s'agit de rien d'autre que de répondre aux nombreux intervenants qui prétendent que rien, dans les propos de Hitler, n'accrédite la thèse diplomatique, non point celle confuse de Liddell Hart (Hitler stoppe pour favoriser un embarquement) mais celle, lumineuse, de Costello : laisser un peu plus de temps, à tout hasard, pour une paix immédiate et générale.

Cet espoir de paix, il en a parlé au moins une fois.

Et pan sur le bec, et maso celui que cela fait rire !


Et

François Delpla a écrit:
Le texte de Giesler, mais je l'ai déjà dit ce matin, ne prouve rien à lui seul (Olivier, ne compte pas sur moi pour en tirer 300 pages !), mais est précieux pour démentir l'affirmation, tant et plus serinée, que Hitler n'aurait rien dit qui aille dans le sens de l'explication du Htbf par la recherche de la paix. De la paix et avec Paris et avec Londres, "sur le sable de
Dunkerque".


Réponse déjà donnée dans le fil :
- c’est la thèse de Liddle Hart qui est ici décrite.
- Hitler ment : la directive n°13 prouve qu’il n’a jamais voulu épargner le BEF malgré ses affirmations en ce sens à Giesler.

Sinon je ne vois rien dans ce texte qui indique une volonté de paix avec Paris : seule le Grande Bretagne ( le BEF ) est cité

François Delpla a écrit:A mon humble (si,si !) avis,

les apports documentaires de Loïc sont des plus précieux, car ils achèvent l'explication militaire. Il existe bien des rouspétances et des pénuries mais rien, après la victoire d'Arras, cad dans les 15 heures précédant le Htbf, qui s'apparente a un cri d'alarme, prédisant de graves dangers si l'avance continue.

Il n'y a pas à sortir de là : si l'explication de l'arrêt est militaire, sa nécessité devrait se faire jour de plus en plus dans les messages venant du terrain, or c'est l'inverse que l'on constate.


Et

François Delpla a écrit:Je ne me plains pas pour ma part de la longueur de ce fil.

Mais elle a quelques inconvénients, notamment celui d'obliger a répondre aux contrevérités concernant ses propres interventions alors que sur un fil plus court il suffirait d'écrire : relis !

Je ne me suis jamais plaint que les tenants de l'explication militaire nous frustrent de documents , que du contraire ! Mais du fait que leur documentation ne se concentre pas sur les 12h séparant l'ordre d'arrêt de la victoire d'Arras.

Je n'ai bien sûr pas dit qu'ils ne formulaient pas d'explication militaire, mais quils ne le faisaient jamais sous une forme simple et claire. On me répond régulièrement que si, et que je n'ai qu'à chercher où !


Enième rappel ( pour ma part ça sera la dernière fois que je réponds ) :

Pour les craintes du HGr A :
Pour répondre à François qui demande un exposé de la thèse simple et clair : Mon hypothèse ( qui rejoint celle de Töppel ) attribue l’arrêt à Rundstedt qui a démontré des craintes à lâcher les rênes des blindés dès le départ de Manstein, ces craintes se cristallisent durant la période du 23 et du 24

- Dans l’après-midi du 23 mai ( vers 17 h ) : discussion entre Kluge et Rundstedt où ce dernier dit avoir craint une contre-attaque alliée

- Annexe 31 B du BTB du HGR A ( dans la nuit du 23 au 24 mai ) : Sodenstern trouve grave de se faire une idée trop optimiste de la situation ( cité dans Frieser « Le mythe de la guerre-éclair » )

Pour la remontée et la prise en compte des difficultés logistiques vers/par le commandement du HGr A et Hitler ( ça n'est pas mon hypothèse ) :
- Un point en préalable : Friser indique ( chapitre 8 page 317 ) que le motif de la venue de Hitler à Rundstedt est de discuter de l’engagement futur ( comprendre pour Rot ) de l’arme cuirassé
- Le 23 mai Klesit fait remonter un rapport ( enregistré le 23 mai annexe 29 dans le KTB du HGr A indiquant que « le groupe ( Gruppe Kleist ) n’a plus une force suffisante pour mener une attaque vers l’est contre un ennemi fort »
- Le 24 mai dans le KTB du HGr A, Hitler souligne qu’il est absolument nécessaire d’épargner les forces blindées pour les opérations à venir ( comprendre Rot )
- Giesler en octobre 1942 citant Hitler :Long drawn-out battles, with our own losses and the possible high breakdown of our tanks, were to be expected. For further necessary operations towards the West and South, into France proper, I could not sacrifice one tank.

Pour ma part, ça clôture ma participation à ce fil de discussion. ::Merci::


 

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Re: LE HALTBEFEHL (suite)

Nouveau message Post Numéro: 595  Nouveau message de Soxton  Nouveau message 16 Aoû 2017, 01:14

[587] kfranc a écrit:Donc je ne comprend pas comment fin mai 1940 il ménagerait l'Anglais, pour ensuite chercher à écraser ses villes sans remord à peine 3 mois plus tard?


Entre mai et septembre de l'année 1940, il y a un épisode crucial qui se déroule dans la clairière de Rethondes, précédé d'une conversation à Munich avec les Italiens trois jours plus tôt.
Je rappelle les faits :
- mardi 18 juin 1940 Hitler est à Munich. Mussolini et Ciano écoutent les propos de Hitler qui annoncent que la guerre à l'Ouest est bientôt finie. Hitler est convaincu que l'Angleterre et l'Allemagne ne tarderont pas à commencer les négociations.
- vendredi 21 juin 1940 Hitler, accompagné de ses généraux, se rend à Rethondes pour le début des négociations d'armistice. Hitler quitte rapidement les lieux, laissant les négociations se poursuivre. L'armistice est signé le lendemain par les généraux Keitel et Huntziger.

Dans une perspective hitlérienne l'anéantissement des villes anglaises n'a pas lieu d'être. La guerre à outrance aurait été évitée si AH avait atteint l'objectif qu'il s'était fixé : un traité de paix avec la GB. Les propos d'Hitler le 26 juin 1940 illustrent cette volonté d'une entente avec les Britanniques. Il confia à Hewel qu'il n'envisageait qu'à regret d'envahir l'Angleterre : « Je ne veux pas la conquérir, je veux la forcer à accepter mon amitié ». Hitler était persuadé que l'Angleterre, fragilisée par la défaite de la France, ne tarderait pas à solliciter la paix. Mais cet espoir fut ébranlé par l'action de la Royal Navy à MeK le 3 juillet. C'est le début des angoisses pour Hitler. Comment terminer la guerre à l'Ouest ?

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Re: LE HALTBEFEHL (suite)

Nouveau message Post Numéro: 596  Nouveau message de Soxton  Nouveau message 16 Aoû 2017, 01:18

Dans les messages 578 et 579 François Delpla questionne Takata :
Quelle solution de l'énigme proposes-tu, toi ?
Sur quels éléments apparus dans les heures précédant le brutal changement t'appuies-tu ?

Et toujours : comment Hitler espère-t-il terminer cette campagne et cette guerre ?

et en particulier : nourrit-il encore des projets très différents vis-à-vis de la France et de l'Angleterre ?


Pourquoi Takata aurait-il une explication différente de la mienne ?

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Re: LE HALTBEFEHL (suite)

Nouveau message Post Numéro: 597  Nouveau message de Soxton  Nouveau message 16 Aoû 2017, 01:39

[572] François Delpla a écrit:(...) tu admets (contrairement aux autres partisans ici présents d'une explication militaire) que Hitler espérait la paix générale [à l'ouest] une fois la France occupée,


Oui j'admets cela. Je ne comprends pas que l'on puisse nier les évidences.
Je ne me souviens pas avoir vu une analyse de Marduk à ce sujet. Aurais-je manqué un message ?
Cette volonté d'un accommodement avec la GB, outre qu'elle est étayée par les paroles d'AH, est conforme aux intérêts du Reich hitlérien qui devra attaquer à l'Armée rouge l'année suivante pour conquérir un "espace vital" qui est l'obsession d'Hitler.
Pendant la "drôle de guerre" l'entourage d'Adolf Hitler a bien entendu les paroles guerrières du dictateur. L'Angleterre n'acceptera pas la paix avant d'avoir reçu des coups. Le moment de la paix approche mais il faudra faire parler la poudre avant de se mettre à la table de négociation. Qui aime bien châtie bien !
Mais Hitler a bien compris que l'Angleterre n'acceptera pas n'importe quel traité de paix. L'Allemagne victorieuse devra se montrer magnanime.

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Re: LE HALTBEFEHL (suite)

Nouveau message Post Numéro: 598  Nouveau message de Soxton  Nouveau message 16 Aoû 2017, 02:18

[572] François Delpla a écrit:Là ta logique m'échappe complètement.

Puisque tu admets (contrairement aux autres partisans ici présents d'une explication militaire ) que Hitler espérait la paix générale une fois la France occupée,

pourquoi te refuser à croire que le 6 mai il escomptait (message à Dahlerus) une paix avec la France peu après Sedan

et que le 24 or so, Churchill ayant entre-temps pris le pouvoir et affirmé bien haut la solidarité antinazie de la France et de la GB,

il aurait été ravi de signer avec les deux ensemble ?



Il aurait été ravi de faire ceci ou cela sans comprendre que c'était peu probable ? Et sans comprendre que les effets du haltbefehl, dans le cadre d'une manoeuvre diplomatique, sont aléatoires ?
Hitler a-t-il cru qu'il pouvait imposer à la France un armistice sévère à peine dix jours après le franchissement de la Meuse ?
L'armistice signé le 22 juin est certes assez sévère mais la France n'aurait pas signé avant d'être certain que le combat était inutile.
Quand Hitler donne l'ordre de halte, comment a-t-il pu croire que la France accepterait de jeter l'éponge six jours après l'arrivée de Weygan en France ?
Pourquoi agir ainsi, en plein brouillard, alors qu'il est tellement facile de poursuivre la lutte quelques semaines (cf. numéro 225) et neutraliser cette armée française sans laquelle, pense-t-il, l'Angleterre ne peut pas sérieusement envisager de continuer la lutte ?
Si le gouvernement français a voulu le remplacement de Gamelin par Weygand, c'est pour continuer la guerre. Hitler ne peut pas se tromper à ce sujet.

Pendant la "drôle de guerre" Hitler a exprimé l'idée qu'il fallait écraser la France avant de faire la paix avec l'Angleterre.
Quelques jours après le franchissement de la Meuse (j'ai oublié la date exacte) Hitler s'exprime devant son entourage, il croit à un arrangement avec l'Angleterre quand la France sera vaincue.

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Re: LE HALTBEFEHL (suite)

Nouveau message Post Numéro: 599  Nouveau message de François Delpla  Nouveau message 16 Aoû 2017, 05:57

Pour la nième fois (et ce n'est pas un argument d'autorité que de rappeler ses propres proses ! juste une piqûre de rappel pour ceux qui ont manifestement oublié ou ne veulent pas se souvenir), voici mon explication diplomatique, en quelques lignes offertes au débat.

Hitler stoppe dans l'éventualité où l'offre faite le 6 mai via Dahlerus aurait besoin de quelques jours supplémentaires pour faire son effet sur une Angleterre cornaquée depuis le 10 par le "Juif" Churchill. Les raisonnables lui ont confié inconsidérément le gouvernail, ils peuvent se reprendre et le lui reprendre. Ou Churchill lui-même peut avoir un accès de réalisme. Mais cela peut ne pas marcher, donc l'arrêt est bref, furtif, habillé de raisons militaires de bric et de broc et l'écrasement complet de la France peut s'avérer indispensable pour obtenir cet effet de "réalisme" sur les bords de la Tamise. Un tel positionnement est évidemment incompatible avec le fait de mettre les pieds dans le plat et de les agiter, en rappelant l'offre de paix et en disant explicitement qu'on suspend l'offensive pour laisser un temps de réflexion. Ce serait offrir à Churchill une trop belle occasion de clamer que l'Allemagne a peur et que ce n'est pas le moment de lui céder.

Je reconnais que Marduk s'approche, et il est le seul, d'une formulation brève et claire d'une explication militaire. Mais au prix d'une sélection drastique des documents et de la lecture des survivants au premier degré sans considérer leurs contradictions : Rundstedt prend peur et convainc Hitler que foncer serait dangereux. AM n'a cure du contraste entre cette chute du moral et le besoin de foncer de tous les autres après l'alerte d'Arras, alors que Rundstedt n'est pas un mauvais général. En revanche c'est un proche de Hitler... Et pour prix de sa caution au Haltbefehl, qui momentanément le discrédite auprès de ses pairs, il reçoit dix divisions blindées qu'on venait de lui retirer.

Soxton, nos points de vue se rapprochent mais tu me sembles toi-même trop attaché à la lettre des textes, sans la lecture fine et au second degré (minimum) qu'appellent souvent les intrigues nazies. Bien sûr que l'occupation de la France jusqu'à Bayonne est plus créatrice de désespoir pour Londres que la percée de Sedan ! Mais la situation n'est pas simple : un mois de plus, c'est aussi un mois permettant à Roosevelt d'inquiéter ses concitoyens, à Churchill de compléter sa mainmise sur l'exécutif, à l'idée d'une résistance dans l'empire de mûrir en France...

Bref, la modification politique survenue à Londres le 10 mai est mortellement dangereuse pour la fusée si bien partie du Troisième Reich, Hitler le sent immédiatement et il s'adapte. Un gros effort pour tuer ce danger dans l'oeuf vaut le coup d'être tenté.

Encore un mot sur Frieser : c'est moins son livre qui est en cause, que la réception béate, notamment en France, de ce livre. Il agit comme un étouffoir du débat ouvert en 1991. C'est ce qui le disqualifie, non pas entièrement, mais en tant que contribution au débat sur le Haltbefehl. Tout en proposant une solution originale mais manifestement erronée, que personne ne retient ! Ce feu rouge devant la recherche, non seulement sur Dunkerque mais sur le nazisme, n'a pas l'honneur de m'arrêter, voilà tout.

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Re: LE HALTBEFEHL (suite)

Nouveau message Post Numéro: 600  Nouveau message de kfranc01  Nouveau message 16 Aoû 2017, 12:59

Bonjour,

Je remercie sincèrement François et Soxton qui se sont donné la peine de répondre à mon interrogation ::Merci::

Je suis sincèrement impressionné aussi par la qualité du débat! Vous avez tous des propos très cohérent, et je n'aurais pas l’outrecuidante de venir vous contredire, n'en n'ayant pas les connaissances suffisantes.... :mrgreen:

Je m'interroge sur ce point: en quoi l'explication militaire s'oppose t-elle à une explication diplomatique? La vie est rarement faite de blanc et noir, c'est les nuances de gris qui souvent prédomine... Je ne vois rien dans les explications des uns et des autres de fondamentalement différent; vos propos se recoupent souvent vu d'un œil candide; vous vous 'chipotez' sur ces nuances mais pas sur la teinte de la couleur elle même... :?:

L'affaire m'apparait comme cela: les troupes blindés commencent à donner des signes de fatigues, mais pourrait continuer s'il le fallait - et aujourd'hui on le sait, cela aurait été sans trop de peine. Mais à l'époque, personne ne pouvait en être certain. Au niveau du haut commandement, on a du mal à y croire et on craint un retournement de situation avec un terrain moins favorable pour les blindés autour de Dunkerque, et une possible contre offensive puissante à l'ouest. Alors on préfère faire souffler et préserver ses précieuses troupes blindés; ce qui conduit à rameuter l'aviation, l'artillerie et l'infanterie pour finir le boulot conformément aux principes même de la doctrine de la Blitzkrieg. AH, opportuniste avisé, réalise qu'il tient là un possible moyen d'obtenir un règlement diplomatique avec les Anglais, (on commence une guerre quand on veut, on la fini quand on peut). Il profite de cette situation pour décider ou confirmer le Haltbefehl afin d'obtenir à bon compte au mieux une paix négociée, sinon au moins l’éviction de Churchill qu'il juge, à raison, plus dangereux que la BEF. Mais dans le même temps il ordonne à la Luftwaffe d'empêcher tout ré-embarquement.... que personne ne croit possible côté Allemand. Il s'agit d'essayer d'imposer l'amitié aryenne en ayant sous la main 250 000 otages, tout en se présentant auprès de l'opinion publique (Allemand, Anglais mais aussi US) sous un bon jour, pour avoir prétendument ménagé les troupes Anglaise d'une part, et proposer la Paix d'autre part. ::dubitatif::

Le candide que je suis se demande en quoi l'une des hypothèses exclues l'autre? :?: N'est-ce donc pas les considérations militaire ET politique qui ont amené le Haltbefehl?

Bon, la réponse, c'est peut-être cela: ::elu boulet::

Amicalement ::alatienne:: ::alatienne:: ::alatienne::
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