Post Numéro: 173 de Nicolas Bernard 04 Déc 2019, 17:46
Nicolas Bernard a écrit:Le Fighter Command est décimé dans le courant du mois d'août 1940, mais pas encore vaincu. A la fin du mois, l'aviation allemande perçoit cette situation, mais constate que la stratégie consistant à bombarder les aérodromes britanniques ne suffit pas à rayer la RAF de la carte.
Une partie du haut-commandement de la Luftwaffe (tels que le chef des chasseurs de la Luftflotte II de Kesselring, Kurt von Doering) assure alors à Hitler qu'il faut franchir la Manche, puisque la supériorité aérienne présente de la Luftwaffe garantit le succès d'un débarquement. Une autre partie, emmenée par Göring et son état-major (soutenu par Kesselring), prétend qu'un débarquement n'est pas nécessaire, et qu'il faut attaquer Londres, ce qui achèvera de démoraliser le peuple britannique (plus radicalement qu'en bombardant des aérodromes) et obligera la RAF à y concentrer ses dernières réserves, qu'on anéantira dans une bataille décisive (plus radicalement qu'en bombardant les aérodromes). Rares semblent ceux (tels que Sperrle) à militer pour une poursuite de la campagne contre les aérodromes.
Correction: en prenant connaissance de l'excellent ouvrage de Chris Bergström (historien bien connu des campagnes aériennes de la Seconde Guerre mondiale, notamment pour les opérations germano-soviétiques),
Battle of Britain, An Epic Conflict Revisited, Casemate / Vaktel Forlag, 2015, p. 191 et s., il apparaît que Göring était opposé au bombardement de Londres, qu'il ne croyait nullement que le moral du peuple britannique allait s'effondrer, et qu'il était préférable de concentrer le feu sur le
Fighter Command. Son état-major, en revanche, ainsi que l'
O.K.W. (du moins Jodl), et autres grades de la
Luftwaffe, le pressait de changer de stratégie et de cibler la capitale londonienne.
Je m'aperçois à cette occasion que ledit changement de stratégie, décidé par Hitler, est en définitive mal connu. Une chose est certaine: le dictateur nazi n'a pas réagi sur un coup de sang à la suite du raid britannique sur Berlin. Sa décision, compte tenu du délai dans lequel elle est intervenue, semble avoir été mûrement réfléchie.
« Choisir la victime, préparer soigneusement le coup, assouvir une vengeance implacable, puis aller dormir… Il n'y a rien de plus doux au monde » (Staline).