Il ne faut pas oublier la dimension providentialiste du chef nazi : il se veut mandaté par un dieu qu'il appelle "la Providence", en partie calqué sur le dieu chrétien : on l'imagine assez bien,
lorsqu'il se rend compte dans les jours suivant Mers el-Kébir que ce coup d'audace renforce Churchill au lieu de l'affaiblir,
étant acclamé par Halifax (un peu forcé), par les Communes et, pire encore, approuvé par Roosevelt,
crier comme le Christ en croix : "Mon Dieu, pourquoi m'as-tu- abandonné ?" mais comme lui ne pas perdre la foi autant. Il décide sur l'heure, ou presque, de jouer son va-tout contre l'URSS et se dit que peut-être la Providence, en mettant Churchill en travers de son chemin, le favorise. Lui jusqu'ici si prudent dans ses avancées, le voilà obligé de sortir le grand jeu, notamment vis-à-vis de son peuple : il va pouvoir et devoir le nazifier à un rythme plus soutenu, en lui prêchant une guerre à l'est "non chevaleresque", bref il va l'ensauvager dans les grandes largeurs -par exemple, en tuant plus vite et plus ostensiblement les handicapés.
Bref ça passe ou ça casse, mais si ça passe, quelle confirmation de la justesse de sa cause, quelles fondations solides pour le Reich de mille ans !
Voilà, je pense, qui rend mieux compte de son état d'esprit qu'une sous-estimation quelconque de l'obstacle soviétique. Je conviens en revanche que ses généraux en manifestent tous les signes.
Lui ne PENSE pas que l'URSS va s'effondrer en quelques semaines ou mois mais il L'ESPERE, en un acte de foi, ce qui est très différent.