Re: BATAILLE DES ARDENNES - PAS D'ESSENCE - MYTHE OU REALITE ?
Posté: 30 Nov 2015, 13:43
Tomcat a écrit:Cela me rappelle beaucoup les conditions du front de l'est, ou le temps et le terrain en mauvais état rendaient les déplacements très difficiles, les problèmes de logistiques pour acheminer carburant et munitions devenant énormes pendant les fortes tombées de neiges ou pire pendant la raspoutitsa.
Bonjour Olivier.
L'automne 44 a été particulièrement humide et pluvieux et notamment dans le secteur des Ardennes comme ceux de la Forêt de Hürtgen plus à l'est ou de la Lorraine et des Vosges plus au sud. Je réalise actuellement une recherche sur les US Hospitals en Belgique en 44/45 et la boue des mois d'octobre et novembre revient sans cesse comme première difficulté à vaincre dans l'acheminement des blessés.
Le 16 décembre 1944, quand la Wehrmacht passe à l'attaque, le champ de bataille est donc un terrain gras, lourd et détrempé. La neige et le froid (inhabituellement intense) n'arrivent qu'après la première semaine, aux environs des 23 au 25 décembre en fonction des secteurs.
Un exemple que je connais particulièrement bien : la KG PEIPER forcée de progresser sur des chemins secondaires entre Lanzerath et Büllingen avant de rejoindre une meilleure route par Baugnez/Ligneuville/Stavelot et au-delà. Il faut s'imaginer la cinquantaine de Pz.IV et Panther et leurs SPW d'accompagnement suivis par les 45 Tiger II de 69T du bataillon lourd, labourant littéralement les chemins empruntés, les rendant du même coup impropres à la progression des camions de la logistique qui ne sont pas chenillés (même la KG SANDIG qui doit suivre avec un régiment de Panzergrenadiere prend, de mémoire, plus de 36 heures de retard sur PEIPER).
Les mouvement sont à ce point pénibles qu'entre Büllingen et Ligneuville, PEIPER va déployer son groupe à travers champs. Mal lui en prit. Gorgés d'eau, les champs sont de véritables pièges pour les chars obligés de reprendre la file indienne sur l'unique chemin.
Dans le même temps (RoCo l'a très bien décrit), la 7th Armored Division avale les kilomètres, en 3 colonnes, sur de bonnes routes nationales en dur, descendant parallèlement à la frontière allemande depuis les Pays-Bas par Eupen, Malmedy, Stavelot et Vielsalm vers Saint-Vith où la "Lucky Seventh" arrivera encore à temps pour chèrement défendre la ville contre la 5.Pz-Armee.
EDIT : +1 avec le commentaire de Prosper tout en précisant que si les Allemands imaginaient bien l'existence de dépôts US dans la région, ils n'en connaissaient pas la position (alors qu'il fut parfois sous-entendu par le passé que ces dépôts étaient par eux-mêmes (je dirais presque "par essence" ) un objectif défini). La capture des dépôts comme à Büllingen étaient des prises de circonstance nullement planifiées.