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Re: Des Suisses dans l'Armée allemande.

Nouveau messagePosté: 21 Mar 2015, 01:38
de Gaston
C'est malheureusement un sujet occulté, ici... je savais qu'il y en avait eu, mais je ne savais pas qu'il y en eût autant !

D'un autre côté, ce n'est guère surprenant : les idées nazies ont aussi fait leur lit en Suisse, comme ailleurs.

Il n'y a qu'à voir le crime de Payerne de 1942, par exemple.

D'un autre côté, il y a aussi eu des Suisses qui se sont engagés avec la Résistance, et je crois même qu'il y en a eu qui se sont engagés dans la Légion en 1939 pour combattre du côté Allié...

Re: Des Suisses dans l'Armée allemande.

Nouveau messagePosté: 21 Mar 2015, 07:46
de Christian27
La Suisse et la guerre 1933-1945 date de 1975, Werner Rings décrit le mouvement dans le chapitre Le carrefour

P. 301 à 304


L'exode des chefs frontistes
La coupe était pleine.
Le 19 novembre 1940, le Conseil fédéral décida de dissoudre et d'interdire dans toute la Suisse le «Mouvement national suisse» et les organisations parallèles ou de remplacement. Le même jour, la police opéra des perquisitions dans quatre villes et procéda aussi à quelques arrestations.
L'adversaire ne se tint cependant pas pour battu.
Il y eut d'abord un geste provocant du ministre d'Allemagne à Berne: il invita à sa table tous les chefs du «Mouve¬ment national» interdit. Il y eut ensuite une seconde rencontre des représentants du «Volksbund» («requête des 200») avec les négociateurs allemands, sous la direction du chef-espion Hügel, pas encore démasqué. Sur un ordre venu d'Allemagne, on créa une organisation destinée à camoufler la mise sur pied de commandos suisses SS dans 14 localités (ce dont il a déjà été question dans ce chapitre). Autres faits encore: envoi d'un mémoire de Burri à Himmler, ministre du Reich et chef de la Gestapo, retour de Leo Keller à Berlin et enfin fondation d'un parti illégal, la «Nationalsozialistische Bewegung der Schweiz», également placée sous la direction de Burri. Tous ces faits et d'autres encore se produisirent au cours des cinq premiers mois de 1941.
Au début de juin, la police intervint brusquement.
C'était sans doute de nouveau une décision importante. Dans le cadre d'opérations soigneusement coordonnées, la police perquisitionna dans 17 cantons 260 bâtiments et tous les refuges des frontistes. Elle appréhenda 131 personnes. Presque tous les chefs frontistes furent arrêtés. Quelques-uns réussirent à se réfugier en Allemagne.
C'était la fin des organisations frontistes illégales. Il restait, étroitement sur¬veillées par les autorités, deux organisations issues de l'ancien «Front national»: l'«Eidgenössische Sammlung», fondée en 1940, réputée modérée et dirigée par Robert Tobler, et le groupe¬ment qui en dépendait, la «Nationale Gemeinschaft» à Schaffhouse. Elles ne furent interdites que plus tard. Elles avaient réussi à garder longtemps leur secret, à savoir qu'elles aussi sollicitaient et recevaient des subsides allemands. Leur chef, Tobler, fit lui-même le voyage de Berlin à cet effet.
L'opération de police de juin 1941 eut un épilogue, mais en partie seulement sur sol suisse.
Un industriel saint-gallois, signataire de la «requête des 200» (son fils était tombé comme volontaire suisse sur le front de l'Est en septembre), intervint en faveur de cinq frontistes importants qui, suspects de trahison avaient été arrêtés en juin. Il déposa une caution pour eux. Les cinq hommes furent mis en liberté provisoire. Comme on s'y attendait, la caution fut perdue, car il avait été entendu que les cinq, une fois libérés, se réfugieraient immédiatement en Allemagne, ce qu'ils firent.
Peu après, le chef du «SS-Hauptamt» informait officiellement le Reichsleiter de la NSDAP, le ministre Heinrich Himmler, en ces termes: «J'ai organisé le passage de la frontière en accord avec le <Reichssicherheitshauptamt>. Les cinq nationaux-socialistes suisses sont actuellement à Berlin, sous ma protection.»
Un rapport du «SS-Hauptamt» indiquait aussi les hautes fonctions que les cinq frontistes avaient exercées jus¬qu'alors en Suisse.
Comme on pouvait lire textuellement dans ce rapport, un avocat zurichois était «fondateur et chef de l'organisation de sport modelée suivant les directives SS». Il s'agissait de commandos SS suisses.
Un fourreur zurichois était désigné comme chef de la section des renseignements au sein du mouvement national¬socialiste suisse. On entendait par là la police secrète instituée dans le cadre du parti.
Un ancien rédacteur en chef bernois était chef du service de presse du «Mouvement national suisse» et avait la charge des circulaires et des «lettres ouvertes» du parti.
Un officier de carrière bâlois, major de cavalerie, était décrit comme appartenant au «Führerkreis» et chef de l'organisation du «Mouvement national suisse».
Le cinquième, un ingénieur électricien, était cofondateur et chef du «Mouve¬ment national».
Keller et son chef de service de presse figuraient sur une «liste de ministres» en qualité de candidats au Conseil fédé¬ral pour le jour d'un rattachement de la Suisse au Troisième Reich.
La fuite des cinq hommes entraîna l'exode de leurs compagnons.
Le nombre total des Suisses qui désertèrent dans le Troisième Reich s'éleva à 1360. Le contingent principal de la «cinquième colonne» prit le chemin de l'étranger. L'Allemagne organisait le passage clandestin de la frontière.
Après leur entrée en Allemagne, les frontistes virent leur sort scellé. Ceux qui jouaient un rôle important se querellèrent. Chacun voulait commander, personne ne voulait obéir. Quelques-uns furent employés comme agents secrets ou comme officiers instructeurs; d'autres furent engagés dans une «Germanische Leitstelle» qui, sous la direction d'un médecin lucernois, recrutait des volontaires pour le service de guerre. D'autres encore furent occupés à l'établissement d'un fichier central contenant les noms des Suisses qui devraient être arrêtés ou éliminés lors d'une entrée de troupes allemandes en Suisse.
Mais le plus grand nombre terminèrent leur carrière politique comme simples soldats dans la «Waffen-SS». Il s’agissait d'un millier de Suisses parmi les 860000 volontaires venus de tous les Etats voisins de l'Allemagne.
Amis déçus, alliés déconsidérés du Troisième Reich; chose impardonnable, ils n'avaient pas accompli ce qu'on attendait d'eux. En 1940, ils auraient pu avoir un parti de 100000 membres et tout balayer, déclarait plus tard un diplomate allemand à Berne; à quoi bon avoir encore des égards pour eux?

Re: Des Suisses dans l'Armée allemande.

Nouveau messagePosté: 21 Mar 2015, 10:10
de alfa1965
Merci pour l'aspect politique de ce sujet, moins connu.

Re: Des Suisses dans l'Armée allemande.

Nouveau messagePosté: 21 Mar 2015, 12:00
de Vincent Dupont
Un sujet fort intéressant qui risque d'être repris dans l'année dans un dossier thématique, l'Histomag 39-45 pensant très sérieusement à faire un numéro entièrement consacré à la Suisse pendant la guerre... Si des amateurs sont d'ors et déjà tenté qu'ils me contactent, je ne manquerai pas de les faire participer le moment venu...

Amitiés ;)

Re: Des Suisses dans l'Armée allemande.

Nouveau messagePosté: 21 Mar 2015, 12:06
de fbonnus
Effectivement, sujet très intéressant et assez inédit, je prédis un fil très intéressant !

Au plaisir de vous lire et d'en apprendre beaucoup !

Amicalement

Re: Des Suisses dans l'Armée allemande.

Nouveau messagePosté: 21 Mar 2015, 14:14
de Lepmur
Bonjour à tous,

Je vois que Gaston a déjà parlé du film...
je souhaiterais juste signaler le livre de Jacques ChessexUn juif pour l'exemple même si ce n'est que de la littérature ... quoique... (Chessex avait gardé les vrais noms...)

L'auteur avait vécu cet odieux crime de très près, à l'âge de 8 ans: Ici extrait dans le recueil Reste avec nous
http://www.campiche.ch/pages/extraits/C ... _crime.pdf
ou
http://www.francisrichard.net/article-26702475.html

Si on en revient à l'Histoire: Sait-on ce qu'il est advenu de ces volontaires suisses après la guerre, s'ils y avaient survécu? furent-ils condamnés pour trahison par la Suisse?

Cordialement
Louise

Re: Des Suisses dans l'Armée allemande.

Nouveau messagePosté: 21 Mar 2015, 14:41
de Pigoreau
Tu as raison, Prosper, de préciser que la Suisse était officiellement neutre. Officiellement. Il me semble que c'était un peu comme la neutralité belge...
Plusieurs officiers suisses ont bien servi dans la division Charlemagne, mais ce n'est pas le cas de Franz Riedweg, condamné par contumace dans son pays après la guerre.
Un article très complet à son sujet : http://www.letemps.ch/Page/Uuid/0d145c5 ... _SS_suisse

Re: Des Suisses dans l'Armée allemande.

Nouveau messagePosté: 21 Mar 2015, 14:57
de alfa1965
Certains fascistes irrédentistes pensaient à annexer le Tessin, mais Mussolini qui connaissait bien le pays et même ses geôles avait freiné leurs ardeurs. Je vais trouver les journaux d" époque. Je pense même que certains tessinois (est-ce ainsi qu'on appelle les habitants du Tessin) se sont engagés au sein de la MVSN, peut-être bien à la 221a Legione MVSN 'Italiani dell'Estero' qui a combattu en Ethiopie.
http://senato.archivioluce.it/senato-lu ... l?start=12

Re: Des Suisses dans l'Armée allemande.

Nouveau messagePosté: 21 Mar 2015, 16:27
de Prosper Vandenbroucke
Bonjour,
je ne le savais pas mais il y a un fil (datant de 2007) ouvert au sujet des volontaires suisses sur notre forum:
viewtopic.php?f=24&t=14752
et voici un lien vers un fichier en format Pdf au sujet de Franz Riedweg:
http://www.rts.ch/docs/histoire-vivante ... 0Waffen-SS
Bien amicalement
Prosper ;)

Re: Des Suisses dans l'Armée allemande.

Nouveau messagePosté: 21 Mar 2015, 19:30
de fbonnus
Merci Prosper, mais ce fil est intéressant et va permettre d'apporter peut être des choses nouvelles

Amitiés