Post Numéro: 5 de Dog Red 18 Juil 2014, 13:02
Bonjour David,
Etonnamment, ton fil n’attire pas les foules et c’est bien dommage.
Je partage ton avis, ce qui fait que je ne me suis pas spécialement exprimé jusqu’ici. J’ai même le sentiment qu’Hitler est un intuitif qui joue des états-majors au gré de ce qu’il croit être une opportunité. Dès lors, est-il capable ou désireux de mener la guerre selon les principes de Clausewitz où l’intuition cède à la réflexion ? Mais je m’avance et n’ai rien de bien précis pour étayer ce sentiment.
Plus concrètement, je souhaitais ajouter à ton fil 2 épisodes post-Stalingrad représentatifs, je crois, de l’évolution que tu traduis laconiquement dans ton paragraphe «FIN ».
HITLER-MANSTEIN
39-45 Magazine consacre justement un dossier à la rencontre HITLER-MANSTEIN des 16, 17 et 18 février 1943 à Zaporojie (QH du maréchal) en plein crise du Heeresgruppe-Süd.
Cette rencontre me semble rejoindre ce que tu proposes dès lors qu’en arrivant le 16, HITLER a bien en tête de limoger son maréchal. Les forces blindées soviétiques foncent sur le Dnieper menaçant d’isoler les forces allemandes à l’est du Fleuve. Stalingrad en pire !
Débarque chez le brillant Maréchal un HITLER ulcéré que Kharkov ait été abandonné (totalement politiquement incorrect pour HITLER) et au bord de la panique devant la menace qui se précise.
A l’opposé du dictateur, MANSTEIN a une vision claire des évènements dramatiques qui s’enchaînent depuis la perte de Stalingrad. Il y voit l’opportunité d’attirer la masse de manœuvre soviétique pour la piéger, maintenant que le II.SS-PanzerKorps est disponible, s’étant retiré de la souricière de Kharkov.
Il faudra 3 longues journées à MANSTEIN pour obtenir d’HITLER une liberté de mouvement suffisante pour exécuter son plan et gagner la 3e bataille de Kharkov qui fait encore figure de modèle du genre aujourd’hui.
Il semble que ce soit acculé, sans autre solution que la proposition de MANSTEIN que HITLER ai dit oui du bout des lèvres. Dans le cas présent, HITLER finit par mettre de côté sa politique (tenir Kharkov à tout prix, ne pas céder un pouce de terrain quitte à y sacrifier l’art de la manœuvre) au profit de l'analyse stratégique.
Je crois que c’est la dernière fois qu’un stratège aura pu prendre le pas sur le dictateur.
WACHT AM RHEIN
L’offensive des Ardennes en décembre 1944 poursuit exclusivement un double objectif politique :
- écraser la 1st US Army pour provoquer un électrochoc dans l’opinion publique américaine ;
- isoler les Anglos-canadiens et la 9th US Army au nord-est d’une ligne Liège-Anvers, à l'image du coup de faux de mai 40 ;
et ainsi créer une fracture dans le camp anglo-américain et, tant à rêver, obtenir une paix séparée à l’Ouest.
Les militaires : MODEL, RUNDSTEDT et MANTEUFFEL en tête, bien conscients de ne pas disposer des moyens militaires pour atteindre Anvers, auront beau se faire entendre, proposer un petite solution, ils planifieront et exécuteront une offensive en laquelle ils ne croient (presque) pas.
Qu’en penses-tu ?
Cordialement
Daniel
Hommage à l'Ardenne de Philippe JARBINET