Des munitions cachées dans le clocher de l’Église d’Oradour ?
Il n’y aurait là rien de surprenant
par Georges Cazalot
Il n’y aurait là rien de surprenant
par Georges Cazalot
Dans son ouvrage sur le drame d’Oradour, Vincent Reynouard déclare que le l’église du village, notamment le clocher, avait été transformée en arsenal et qu’un prêtre de la paroisse (un réfugié lorrain) était complice du maquis.
J’ignore si sa thèse est vraie. Mais je me permets d’apporter tout d’abord un témoignage personnel. Alors que je combattais en Indochine, j’ai eu un commandant de compagnie, un lieutenant, dont on disait qu’il avait été adjudant ou adjudant chef de gendarmerie près de Limoges où il aurait gagné son galon au maquis. Il nous faisait systématiquement détruire tous les autels des pagodes vietnamiennes. Pourquoi ? Lui ayant posé la question, il me répondit : « Parce que l’on peut y cacher des armes ou des munitions ». Où avait-il appris cela, sinon dans les maquis de France qu’il avait fréquentés.
Peut-être m’accusera-t-on de conclure témérairement. Mais de nombreux ouvrages sur la Résistance confirment. En voici deux exemples :
1°) Dans Résistance en Bigorre, édité par le Comité départemental de la Résistance des Hautes-Pyrénées, on lit (p. 139) :
Un parachute portait une valise contenant des documents, des vêtements et une importante somme d’argent pour l’officier canadien […]. Par des convois protégés, les armes furent transportées au presbytère de la vieille église de Saint-Lezer où le Groupe Pierre avait un poste de surveillance de la région et un dépôt de matériel.
2°) Dans Maquis de Gascogne, de Raymond Escholier (réédition du premier trimestre 2004), on lit :
Pendant la journée, un véritable travail d’armurier et d’artificier doit se faire derrière les portes fermées d’une chapelle. Le bon curé donne la main. Les mitraillettes sont sous le maître-autel : l’autel meublé… [p. 67].
Au presbytère de Panjas, transformé en PC, comme l’église en arsenal, les volontaires se pressent de plus en plus nombreux [p. 139].
Quand on connaît l’abbé Tales, quand on sait comment il transforma son église en arsenal… [p. 53].
C’est là, entre ces murs étroits, dans ce modeste sanctuaire campagnard, transformé longtemps en arsenal, c’est là que cet admirable chef de maquis… [p. 201]
Ces méthodes n’étaient pas l’apanage du Sud. En janvier 1999, des ouvriers qui restauraient l’église de Virton (en Belgique, près de la frontière avec le Luxembourg) découvrirent, caché dans le plafond, un arsenal qui dormait là depuis plus de cinquante ans[1]. Il y a quelques semaines, en outre, un article m’est parvenu, extrait d’un journal local. Il y est question de Fernande Simon, la veuve d’un Résistant, qui est venu faire un exposé sur les actions du « réseau Hector » auquel appartenait son mari : « repérage de terrains pour le parachutage, planques d’armes dans le clocher de Loisail etc. »[2] (voir le document) Encore une ! Loisail est une petite ville de l’Orne, dans l’Ouest de la France.
Bref on découvre que des Pyrénées à la Belgique, les maquisards transformaient — avec la complicité des curés — les presbytères et les églises en arsenaux clandestins, stockant des armes et des munitions dans les autels, sous les combles et dans les clochers.
Quand on sait cela, la thèse de V. Reynouard ne paraît pas inepte, loin de là.
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[1] Voy. Nouvelle Vision, n° 2, 16 décembre 1999, p. 108.
[2] Voy. Le Perche, 9 juin 2004.
Source: http://www.