Bonsoir,
Il est des situations où il faut balayer les états d'âme, les différents, et faire abstraction des divergences pour laisser place aux seuls soucis du respect de la vérité historique et du devoir de mémoire.
C'est bien pour cela que je propose ce fil que j'ai mis à l'écart de ce "monument" de 123 pages, ce "Haltbefehl" qui me laisse un goût amer !
Un goût amer qui résulte de mon sentiment de honte de m'être fait blouser depuis près de quatre années !
Depuis plus de 60 ans que les évènements de Dunkerque m'ont interpelé, je suis honteux et furieux de ne pas avoir découvert dans ses détails, la vérité sur ces évènements.
Furieux d'avoir tant tardé à obtenir la certitude que "l'arrêt devant Dunkerque" est une pure invention issue des citations contradictoires des généraux allemands, dans l'après guerre et plus particulièrement au cours de l'instruction du procès de Nuremberg.
Honteux et furieux de mettre prêté à des débats au cours desquels on a commis, par ignorance, une injuste omission du courage et du sacrifice des soldats, français et britanniques qui ont permis l'évacuation du B.E.F. Injuste omission aussi du calvaire des réfugiés éparpillés sur les routes et qui présents au coeur des combats en furent les victimes innocentes !
La véritable situation m'est apparue à la lecture de deux livres présentant sans aucun doute, toutes les garanties que réclame la vérité historique.
"Le drame de Dunkerque" (Général J.Armengaud) paru en 1948
"La défense de Dunkerque" (Robert Béthegnies) paru en 1950
Je remercie Patrick (dynamo) pour le deuxième nommé et Alfred pour les deux, de m'avoir mis sur la voie de ces incomparables documentations.
Tout y est, sans bavures avec des récits d'une objectivité implacable, étalant des détails contrôlables.
J'ai toujours voulu connaître les circonstances qui expliquent l'échec de Guderian lors de son attaque sur Grand Fort-Philippe et Gravelines, au matin du 24 mai 1940.
Ne nous avait-on pas dit et redit que ce jour là, Dunkerque se présentait aux Allemands "comme un fruit mûr prêt à cueillir"... qu'aucun danger ne menaçait les impétueux équipages des chars qui avaient atteint l'Aa au soir du 23 mai ?
Une première piste m'était apparue à la lecture de trois articles publiés en mai 2013 par la "Voix du Nord"...
Le dimanche 26 mai 2013 à Gravelines, une plaque commémorative a été dévoilée, à la mémoire du drame du "Cochon Noir" le 24 mai 1940.
La veille, 23 mai, von Rundstedt avait arrêté ses panzers sur l'Aa et le 24 mai, il fut prétendu que Hitler confirma cet arrêt.
En fait, il ne m'était pas apparu que le récit de la bataille de Gravelines ait été abordé...
J'indique les liens vers les articles de "La Voix du Nord" afin de permettre à chacun de découvrir ou de redécouvrir une présentation digne d'intérêt :
http://www.lavoixdunord.fr/region/grave ... 95n1268274http://www.lavoixdunord.fr/region/grave ... b0n1270860http://www.lavoixdunord.fr/region/grave ... 95n1288408En cas de difficultés d'accès, il me sera possible de présenter un document au format word ou pdf
C'est bien ce jour là que tout a commencé vers 10 H 30 à Gravelines....
Gravelines n'a pas été en cette journée du 24 mai, le seul objectif... en réalité c'est sur tout le secteur de l'Aa entre Gravelines et Holque ( à quelques km au nord de Watten) que les Allemands appuyés par des chars et l'infanterie, ont fixé leurs six axes d'efforts, tentant de forcer le passage, outre sur Grand Fort-Philippe et Gravelines, sur les quatre ponts de franchissement de l'Aa (Saint-Folquin - Saint-Nicolas - La Bistade à hauteur de Saint-Pierre Brock et Holque).
Gravelines avait une position stratégique qui convenait bien pour y installer un bon système de défense. L'ensemble de l'agglomération comprend deux hameaux de chaque côté de l'Aa. Grand Fort-Philippe sur la rive Ouest et Petit Fort-Philippe sur la rive Est. Le tout constituait une place forte derrière une ceinture de remparts et de canaux.
Avant la bataille qui débuta le 24 mai 1940, environ 150 Anglais du 6ème Green Howards étaient sur place, ainsi qu'un poste chargé du service d'ordre, appartenant à la 2e Cie du 511e Bataillon Régional. A l'aube du 23 mai, un bataillon du 310ème R.I. prend position pour la défense de Gravelines. L'ensemble placé sous les ordres du commandant Cordier, dispose d'une batterie mobile de 155 de marine.
A Petit Fort-Philippe, étaient sur place environ une cinquantaine de sous-officiers et matelots, sous les ordres de l'enseigne de vaisseau Vinson et du maître principal Saliou.
Etait installée une batterie de côte comprenant :
quatre pièces de 95, deux de 75 (en DCA), deux mitrailleuses et deux FM
A Gravelines, le dispositif de défense était organisé ainsi :
Défense de Petit Fort-Philippe par les Anglais du 6ème Green Howards
Défense de Gravelines par le 6ème bataillon du 310ème R.I réparti en plusieurs points...
_ défense du pont de l'écluse Vauban par la 23e Cie (capitaine Brevert)
_ défense du pont rail (ligne de Calais) par la 21e Cie (lieutenant Millequant)
_ défense sur les remparts est sud-est de la ville par la 22e Cie (capitaine Pradier)
_ défense des routes de la gare et de Bourgbourg par une Cie d'accompagnement (capitaine Chataing) disposant de quatre sections de mitrailleuses et deux canons de 37, comme armes antichars.
_ la batterie de 155 de marine est installée sur le quai de la douane à 250 m au nord du pont Vauban
Dans l'après-midi du 23 mai, le 18ème Groupe de Reconnaissance de Corps d'Armée (capitaine Sigogne) avait installé un groupe, armé d'un canon de 25 pour la défense de l'écluse 63 bis, le reste étant réparti sur cinq kilomètres au sud, le long de la rive droite de l'Aa jusqu'au pont de Saint-Floquin (inclus).
Dans la soirée le II/137ième RI (commandant Miquel) s'établit sur l'Aa à gauche du VI/310, liaison à 500 m au Sud de la gare.
Sur l'autre rive de l'Aa les systèmes de défens étaient déjà en place dès le 23 mai sur un secteur s'étalant de Petit Fort-Philippe jusqu'à Saint-Momelin ( à quelques km au nord de Saint-Omer). On pourra détailler la répartition des différentes unités dans ce système de défense.
Toute la journée du 24 mai il y eut des combats acharnés au cours desquels les deux parties subirent de lourdes pertes. Beaucoup de chars allemands furent détruits ou endommagés au point que vint un moment où ils durent revoir leurs ambitions, laissant le gros du travail à l'artillerie et à l'infanterie. Là encore on pourra détailler les opérations.
Au soir du 24 mai, l'ennemi avait renoncé à poursuivre son action dans le secteur essentiel de Gravelines et plus au sud, toutes les attaques pour forcer le passage furent endiguées.
Voilà donc, en un premier temps, ce qui s'est passé le 24 mai 1940 sur le secteur de l'Aa où les équipages des panzers devaient se prélasser sous un ciel sans nuages, loin de tous dangers !
Roger