François Delpla a écrit:Nous en arrivons à la négation pure et simple de l'ordre d'arrêt par certains partisans de son explication militaire.
Non !... François...
La négation consisterait à ne pas reconnaître l'existence de faits réels... or lorsqu'il s'agit de se prononcer sur des situations qui n'ont pas existé, il n'est plus question de négation !
En outre il n'y a plus d'explications militaires ou autres, sur un fait qui n'a pas eu lieu !
Il faut en terminer avec l'exploitation des plaintes de ceux qui dénoncent la permutation des rôles entre le "marteau et l'enclume". Et là j'accuse Halder qui prétend que sa conception de la bataille a été contrariée par une décision de son Führer bien aimé !
C'est lui, Halder qui était le chef d'état-major des groupes d'armées A (von Rundstedt) et B (von Bock). Halder veut nous faire avaler qu'il était muselé et qu'il n'était pas maître de ses décisions !
Le même Halder qui claironnait que "ces ordres venus d'en haut sont parfaitement incompréhensibles" et qu"au matin du 26 mai "les chars sont arrêtés comme s'ils avaient pris racine"
Si Halder ressentait la mesure comme un frein au succès de ses troupes, aurait-il alors abdiqué et abandonné tout sentiment patriotique en faisant fi de la gloire de la grande Allemagne ?
Revenons sur cet ordre du 24 mai à 12h30 :
"Par ordre du Führer -- attaque au nord-ouest d'Arras limitée à une ligne Lens - Béthune - Aire-sur-la-Lys - Saint-Omer - Gravelines -- le canal ne sera pas franchi"
Dans cet ordre apparait le mot attaque... pas le mot arrêt !
Alors comment expliquer cet ordre ?... c'est tout simple...
Dans cette réflexion, il faut s'écarter du seul mouvement de tenaille organisé par les armées A et B (le marteau et l'enclume) et observer qu'il y a un point important qui s'impose à l'armée allemande, qui consiste à neutraliser Boulogne et Calais qui sont des ports par lesquels parvient le ravitaillement en hommes et en matériel.
C'est aussi une zone que les britanniques avaient prévue lors des projets de l'opération "dynamo".
Il importait que cette zone soit neutralisée dans son ensemble et c'est ainsi que les Allemands ont mis en place un dispositif de pince à l'ouest. La zone "côtière" à l'ouest étant le marteau et l'étalement sur l'Aa, l'enclume.
Compte tenu de la manoeuvre d'encerclement à l'est et sud-est, entrepris par le groupe d'armées B et d'autre part la nécessité d'assurer la neutralisation de l'axe Boulogne-Calais-Gravelines, il coule de source que la préoccupation des stratèges allemands était d'éviter les opérations en ordre dispersé qui auraient inévitablement affaibli leurs dispositifs, au demeurant très bien conçus. C'est la raison, et la seule, de cet ordre du 24 mai qui s'inscrit ainsi à des fins de pure stratégie.
..............................................................................
@ clayroger
Nous sommes bien d'accord sur les stratagèmes d'après-guerre, utilisés par les généraux allemands qui ont rivalisé de zèle dans leurs déclarations, en particulier sur les grosses erreurs tactiques imputées au grand maître du III ème Reich.
NB : en signalant au passage à François Delpla que l'acte du procès de Nuremberg, n'est pas seul instigateur de la légende d'un Haltbefehl
Seulement, clayroger, peut-être vous ais-je mal compris, je perçois de votre part une persévérance à rechercher les raisons militaires d'un Haltbefehl qui ne devrait plus être d'actualité.
Néanmoins la série des questions que vous posez est tout-à-fait pertinente. Je connais quelqu'un sur ce forum que cela devrait mettre utilement à contribution.
............................................................................
@ africanus
Cela met du baume au coeur de constater qu'il se trouve encore des personnes qui, au delà des frictions dues à l'histoire, ont toujours le souvenir du partage du courage des combattants Anglais et Français qui ont lourdement payé de leur sang le prix de la liberté.
Les extraits que vous citez sur cette épopée tragique retracent bien les efforts et les sacrifices de cette entente franco-britannique qui même si elle ne fut pas parfaite jusqu'au bout, a considérablement compté.
La page extraite du livre de Jacques Mordal est particulièrement choisie et est bien dans le droit fil du sujet que j'ai tenu a exposer.
Sur la question du 6ème Green Howards, nous avons donc une différence sur les effectifs présents (150 ou 500) il faudra revoir cela... peut-être y t-il eu une dispersion ou l'arrivée de renforts supplémentaires ?... on se tient au courant...
Quoi qu'il en soit, en complément de ce que vous écrivez sur le retrait de ce corps, j'avais retenu jusqu'ici, que le 24 mai 1940 à Gravelines, le commandant Cordier apprend vers 19 H 30, que le détachement britannique du 6ème Green Howards a reçu l'ordre de rejoindre Dunkerque.
Enfin, vous avez raison de rappeler le rôle déterminant tenu par la RAF, avant la phase finale de Dunkerque. J'avais noté que les témoignages cités en mai 2013 par "La Voix du Nord" avaient bien précisé le rôle des avions.