Le 26 mai Calais tombe aux mains des Allemands. Le « Sichelschnitt » (coup de faucille) est réussi. Les forces belges sont sur le point de s'effondrer. A la faveur du désastre militaire, le défaitisme prend de l'ampleur, en particulier dans les cercles d'anciens pacifistes.
Dans son journal, Chamberlain parle du 26 mai comme du « jour le plus noir de tous ». La situation est grave. Churchill convoque le cabinet de guerre. Le 28 mai les ministres britanniques « devaient regarder en face la mauvaise nouvelle de la capitulation belge, intervenue au petit matin » (Kershaw).
Du 26 au 28 mai se sont déroulés à Londres trois journées décisives, durant lesquelles le Cabinet de guerre a débattu de l'opportunité d'entamer ou non des sondages auprès de l'adversaire. L'initiative en est venue du ministre des Affaires étrangères, lord Halifax. Ce qui est suggéré, c'est de faire appel aux bons offices de Mussolini alors neutre : par son intermédiaire on saurait si Hitler est prêt à consentir des conditions de paix sauvegardant l'intégrité de la Grande-Bretagne, fût-ce au prix de quelques cessions de territoires dans l'Empire.
Devant cette proposition, Churchill se montre hésitant avant de se raidir et de recommander la lutte à outrance contre l'Allemagne hitlérienne.
Finalement, après trois jours de flottement et d'incertitudes, la ligne dure prônée par Churchill l'emporte. Halifax a dû s’incliner en constatant que Chamberlain, Attlee et Greenwood s’étaient rangés à la position défendue par le Premier ministre.