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Re: L'Hubris du pouvoir et le désir de mort

Nouveau messagePosté: 29 Aoû 2013, 18:20
de François Delpla
Puyol a écrit:« Cet homme respirait la cruauté. » C'est en ces termes que Loringhoven décrit Hitler.


Oui, mais pas que.

Re: L'Hubris du pouvoir et le désir de mort

Nouveau messagePosté: 29 Aoû 2013, 18:31
de pierma
Puyol a écrit:Le suicide de Hitler était annoncé plusieurs jours à l'avance. Nous avons à ce sujet le témoignage du général Koller. Il a publié ses mémoirs après la guerre.

Oui, c'est logique : il prend cette décision en même temps qu'il décide de rester à Berlin. Même s'il lui reste le vague espoir de repousser les Russes. Je pense que les responsables restés dans le bunker savaient qu'il avait choisi ce destin. (sa peur la plus forte était d'être pris vivant et exhibé à Moscou.)

Re: L'Hubris du pouvoir et le désir de mort

Nouveau messagePosté: 29 Aoû 2013, 18:50
de Puyol
François Delpla a écrit:
Puyol a écrit:« Cet homme respirait la cruauté. » C'est en ces termes que Loringhoven décrit Hitler.


Oui, mais pas que.

Et que penses-tu du chapitre 6, notamment le passage que j'ai recopié ?

Re: L'Hubris du pouvoir et le désir de mort

Nouveau messagePosté: 01 Sep 2013, 17:12
de François Delpla
de ceci ?

Puyol a écrit:« Cet homme respirait la cruauté. » C'est en ces termes que Loringhoven décrit Hitler.





Au chapitre 6, Loringhoven dépeint un Hitler méfiant : Hitler ne faisait plus confiance à personne et flairait partout la trahison et le sabotage.
[...]
Malgré toutes ses belles paroles, le peuple allemand n'était pour lui qu'un moyen. Je n'ai jamais entendu de lui un mot de compassion pour les soldats sur le front, les prisonniers ou les blessés, les bombardés ou les réfugiés. La souffrance des êtres humains ne l'intéressaient pas, perçue comme quantité négligeable dans le splendide isolement de ses quartiers généraux et, ce qui était pire, il ne voulait pas la voir.


Que c'est bien général et insuffisant pour trancher notre discussion.
D'autant plus que cela n'a rien à voir !
D'une part il avait raison de se méfier d'une trahison, puisqu'il persistait, du moins officiellement, à piloter le navire vers les récifs en interdisant de sortir les canots de sauvetage.
D'autre part, en s'arrangeant pour garder hors du feu la grande majorité de ce qu'il ordonnait de brûler, il préparait l'après-guerre, qui par définition signifiait la fin de tout ordre de tenir jusqu'au bout, de tout bombardement etc. : autant il ne voulait pas entendre parler de la souffrance des hommes au combat ou du peuple sous les bombes, autant il montrait, en confiant à Speer tout pouvoir en matière de "terre brûlée" et en ne faisant pas surveiller l'exécution de ces ordres par le SD, sa sollicitude pour ceux qui auraient survécu, et qui feraient hiberner la nation allemande jusqu'à l'apparition du nouveau chef qui reprendrait l'ouvrage.

Je rappelle que les procès de Nuremberg, surtout le premier, ont fait beaucoup pour déjouer immédiatement ce calcul, en mettant aux Allemands le nez à la fois sur les crimes et sur le comportement peu digne des dirigeants survivants, qui se chargeaient mutuellement et, surtout, chargeaient les morts et non les moindres (Hitler et Himmler). La débandade, que Hitler avait évitée avec un talent et une ténacité dignes d'une meilleure cause, survint là.

Re: L'Hubris du pouvoir et le désir de mort

Nouveau messagePosté: 21 Sep 2013, 13:53
de Puyol
Laurence Rees est l'auteur de "Adolf Hitler".

Cependant, même Hitler [...] avait maintenant du mal à cacher sa conviction que l’Allemagne allait perdre la guerre. Après l’échec de l’attaque dans les Ardennes, Nicolaus von Below l’entendit confesser que la fin de la guerre était proche et que la seule promesse qu’il pouvait encore faire était de ne jamais « capituler », mais d’« entraîner le monde dans notre chute ».
Un sentiment de défaitisme se faisait de plus en plus jour au sein de pans entiers de la population allemande, où la Gestapo se trouvait désormais chargée d’abattre « les pillards, les déserteurs et autres racailles ».

Source : Rees, 2013, p. 416

Re: L'Hubris du pouvoir et le désir de mort

Nouveau messagePosté: 21 Sep 2013, 15:24
de François Delpla
ras le bol de ces "arguments" ne consistant qu'en citations d'historiens ou propos de témoins non critiqués ni hiérarchisés.

Re: L'Hubris du pouvoir et le désir de mort

Nouveau messagePosté: 21 Sep 2013, 16:39
de Puyol
J'ai une citation de Raymond Cartier en préparation.

Re: L'Hubris du pouvoir et le désir de mort

Nouveau messagePosté: 21 Sep 2013, 16:44
de JARDIN DAVID
Montre !
OK je :arrow:
JD

Re: L'Hubris du pouvoir et le désir de mort

Nouveau messagePosté: 21 Sep 2013, 16:51
de ulysse57
Puyol a écrit:Nous parlons ici de Hitler et de sa frénésie destructrice. La réaction de Speer face à un tel acharnement est un autre sujet. Parlons de Hitler si vous le voulez bien.
A quel moment s'est-il rendu compte qu'il avait perdu la guerre ? En fait il faudrait pouvoir dater le moment à partir duquel Hitler agit comme un somnambule.

En lisant "LA FIN" de Kershaw trouverons-nous peut-être des indices à ce sujet.



Je n'ai encore vu de datation pour le moments dans les échanges citations -argumentation des posts précédents.


En lisant Kershaw , comme beaucoup d'autre. Mais évitons de régurgiter des citations , approprions nous les idées. Et débattons d'idées.

Re: L'Hubris du pouvoir et le désir de mort

Nouveau messagePosté: 21 Sep 2013, 17:11
de François Delpla
Hitler sait que la guerre est perdue, en un certain sens, dès l'automne 1941, quand il constate qu'il ne vaincra pas la Russie avant l'hiver.

Mais il conserve un espoir : que l'URSS et les alliés occidentaux se querellent gravement.

Cet espoir-là ne fait que croître quand le combat arrive en Allemagne.

Un tournant se produit le 22 avril 1945 quand Hitler décide de rester quoi qu'il arrive à Berlin.

Mais ce n'est pas encore la fin de tout espoir :

-de son vivant, il espère quelque coup d'arrêt donné à l'Armée rouge devant Berlin, qui ferait se ressaisir le monde contre le danger de la marée communiste;

- il espère que Himmler et Göring, de son vivant ou après sa mort, trouveront l'oreille des alliés occidentaux pour amorcer un regroupement antisoviétique;

-le 28, décidé à mourir, il bricole un testament qui maudit la "trahison" de ces deux dirigeants, ce qui pourrait donner une efficacité à son suicide, en permettant aux Américains de sauver la face s'ils s'entendent, contre les Russes, avec ces "modérés", et permettrait donc de préserver une partie de son oeuvre.

Tout cela est à rapprocher de la comédie de la "terre brûlée".

Et de la croyance d'un fou, envers et contre tout, en la "Providence" qui lui a donné une "mission".