Post Numéro: 3 de schmol80 06 Aoû 2013, 22:51
J'ai rencontré Mr BEAUBATON (ancien secrétaire de mairie et instituteur de la commune d'HESMOND 62).
Il est originaire de MARSEILLE et arrive à HESMOND en 1968. Il est surpris de découvrir 2 monuments aux morts dans cette commune de 250 âmes !
Après avoir écouter et reçu différents témoignages et versions du drame, depuis son arrivée, il est moteur et organise un hommage pour le cinquantenaire de l'événement en 1994. Il requiert les compétences de René LESAGE (historien local) pour éditer un document sur le massacre d'HESMOND.
Mr LESAGE y dresse un état de la situation militaire et Mr BEAUBATON restitue le témoignage de René MARTIN (18 ans au moment des faits), étonnant survivant du massacre.
Dans la journée du 3 Septembre, des éléments de la 245 ID arrivent dans le village de LEBIEZ. Ils sont accompagnés de quelques cultivateurs de la région d'ARQUES (76) qu'ils avaient réquisitionnés avec leurs attelages. Cela fait 5 jours que ces hommes accompagnent ces allemands. Dans la nuit du 3 au 4, ils leurs faussent compagnie et abandonnent chevaux et charrettes pour fuir à travers champs.
Ils trouvent refuge dans la ferme isolée Mr SURMONT, à 1km à l'est du village d'OFFIN. Ils sont 7 et sont bien accueillis par les SURMONT. Ils s'y restaurent, racontent leurs mésaventures et s'y reposent quelques heures.
D'après Mr LESAGE, les groupes de FFI locaux ont reçu l'ordre depuis le 30 Aout de mener l'insurrection contre des unités ennemies désorganisées ! Le temps de l'organisation passée, le matin du 4 Septembre, un de ces groupes abat au cours d'une escarmouche un officier à cheval un peu plus au Sud de la ferme SURMONT sur le territoire de la commune de CONTES.
A 11 heures du matin, 2 allemands entrent dans la cour de la ferme et demandent à avoir des œufs. Dans la cour, se trouvent les 7 hommes d'ARQUES, Mr SURMONT et ses 2 fils, René MARTIN et 3 voisins. Les allemands repartent après avoir obtenu leurs œufs de Mme SURMONT.
Seulement, une demi-heure après, ils sont de retour à 8 dans la cour,dirigés par un adjudant aux cheveux roux (2 étoiles sur l'épaulette) révolvers au poings !
Les 14 hommes présents furent alignés dans la cour sous la menace des armes, les allemands les emmenèrent.
On leur fit porter des caisses de munitions et divers matériels. Ils prirent à travers champs pour rembobiner des lignes téléphoniques et porter les bobines de fil. Les allemands étaient très agressifs et les cogner facilement. Un des 7 hommes d'ARQUES trébuche sous les coups et tombe à terre. Il est aussitôt abattu d'une balle dans la tête !
Au bout d'un moment, ils rejoignent d'autres allemands stationnés dans les champs avec plusieurs pièces d'artillerie. Ils ne sont plus que 13. Là une ouvrière agricole locale, d'origine roumaine, est détenue par le groupe rejoint. Elle est particulièrement violentée par un officier à cheval qui lui arrache les cheveux en la soulevant du sol depuis son cheval.
Au bout d'un moment, l'adjudant s'adresse à eux en français pour leur signifier qu'il vont être exécutés pour avoir fait la guerre aux allemands cette nuit et avoir tuer l'un d'entre eux !
Malgré leurs protestations, ils sont conduits devant un talus et alignés. Ils sont 14. 14 allemands se positionnent devant eux à 3m armés d'une mitraillette chacun. René MARTIN est le deuxième en partant de la gauche. Le plus jeune a 15 ans, le plus vieux 47 ans.
Les allemands visent la tête. Les visages de 12 d'entre eux seront horriblement mutilés par la rafale de mitraillette. 1 seul sera tué en pleine poitrine.
René MARTIN est vivant et n'a aucune blessure ! Il ne souvient pas et ne comprend pas. Il pense s'être évanoui et se réveille sous le corps d'un de ces camarades malheureux dont les corps avaient été recouverts de ballots de paille.
Ce témoignage est un condensé du seul qu'il fit à son ancien instituteur quelque temps après les faits. Ensuite il ne voulut plus jamais en parler et se suicidera en 1960. Ce témoignage a été redécouvert par Mr BEAUBATON fortuitement en préparant le cinquantenaire.
Les allemands, en retraversant le village en début d'après-midi, abattront encore 2 malheureux qui eurent le tort de croiser leur chemin !
Ces allemands ne furent pas identifiés mais tout le monde, dans la région, pense à des SS. Mais aucune preuve n'existe à l'instant.
Elle était maquillée...