Forum Le Monde en Guerre

La France occupée était administrée par un Gouverneur Militaire (Militarbefefehlshaber) qui s'appuyait sur un appareil militaire : des kommandantur départementales disposant d'unités de la Wehrmacht d'une part et une administration militaire qui assurait la liaison avec l'administration française dans le cadre de la collaboration.
Ce corps d'administrateurs militaires pour beaucoup mobilisés était composé de nombreux nazis.
Le plus célèbre d'entre eux reste le SS-Brigadeführer Werner Best ancien n° 2 de la Gestapo jusqu'en 1939 qui occupait le poste central de Chef de la section administrative de l'Etat Major Administratif auprès du Gouverneur Militaire : à ce titre il coiffa le département "police" et "justice" de 1940 à 1942. Deux de ses principaux collaborateurs appartenaient au NSDAP et à une organisation NS (SS/SA) : Bargatzky (Justice) et Gallinger (Police) . Best en 1942 fut remplacé par Franz Medicius SS-Sturmbannführer et collaborateur de Goebbels.
Une étude du corps des admistrateurs militaires (Kriegsverwaltungsrat) fait ressortir que la moitié d'entre eux avaient une adhésion militante au parti et à une de ses composantes.
Quand en 1942, les prérogatives de police passèrent de l'administration militaire sous l'autorité du HSSPF Oberg,
un certain nombre d'entr'eux passeront à la SIPO SD en 1942 lors de la mise en place des Kommandeur der SIPO SD dans les régions.
Au plus haut niveau de l'administration militaire on peut relever :
SA Obergruppenführer Friedrich Pfeffer von Salomon. il avait occupé de hautes fonctions au sein de la SA jusqu'en 1934 et qui fut pendant deux ans préfet de police et chef de la Gestapo de Kassel. De 1940 à 1941 il fut délégué aux questions d'évasion puis adjoint au chef de l'administration militaire.
SA Obergruppenführer Jonathan Schmid nazi depuis 1923, chef du NSDAP de la ville de Léonberg, il devint Ministre du Land de Wurttemberg avant d'occuper le poste de Chef de l'Etat Major administratif auprès du Gouverneur Militaire de 1940 à 1942.
En 1943 les 3 chefs de département de la section "Economie" étaient tous membres de la SS dont un ancien dirigeant du SD Alfons Glatzel.
Si en grande majorité l'administration militaire n'avait pas un niveau d'encadrement nazi comparable aux pays sous administration civile, il faut constater que des postes clés étaient tenus par des nazis et que les directives de Berlin étaient appliquées.
il faut rappeler que les mesures anti juives et la politique des otages ont été mises en oeuvre avant l'instauration du HSSPF. En outre, la Police Secrète de Campagne (Geheime Feldpolizei) a fait le travail de la Gestapo c'est à dire la lutte contre la résistance de 1940 à 1942. Elle a été incorporé en bloc à la SIPO SD en 1942.

merci de toutes ces précisions qui amènent débat
Effectivement on peut se demander à quel niveau l'administration Allemanded'occupation appliquait la politique Nazie originelle ?
comme premiers éléments de réponse je dirai que les allemands se sont adaptés rapidement aux spécificités de la France et qu'ils ont donc à ce titre appliqué du moins politico-économiquement dew maniéres assez différentes. par contre du côté ethnique racial et humain on peux je crois dire qu'ils ont été à ce niveau d'une virulence bien supérieure allant même utiliser la France comme laboratoire de la mise en place de leur solution finale
a vous lire
amicalement

Un petit up pour un ancien fil.

Il faut lire Gaël Eismann (Hotel Majestic), c’est assez probant.
JD

Voici le synopsis du livre proposé par JD qui effectivement semble être très intéressant.

En France, le souvenir des violences commises par l’occupant allemand dans les « années noires » est encore douloureusement vivant dans notre mémoire collective. Pourtant, l’histoire de l’occupation militaire allemande en France est très peu étudiée. Or, le « Militärbefehlshaber in Frankreich » (commandant militaire en France, MBF) constitue la pièce centrale du système d’occupation allemand. Installé à Paris à l’hôtel « Majestic », le MBF s’apparente à un gouverneur militaire qui disposa, jusqu’en juin 1942, du monopole du « pouvoir exécutif ». Fondé sur les archives allemandes de l’Occupation, archives aujourd’hui encore largement délaissées par l’historiographie française, ce livre permet de rompre avec nombre d’idées reçues parmi lesquelles celle qui présente le rôle du MBF comme « convenable », attribuant l’essentiel des atrocités commises en France pendant l’Occupation à la Gestapo et aux officines collaborationnistes françaises. Gaël Eismann revient par ailleurs sur la manière dont le traitement de la « question juive » s’insère dans la politique de « maintien de l’ordre et de la sécurité » du MBF et s’interroge : comment s’opère le glissement qui conduit de la répression de la Résistance à la déportation des Juifs ? Le MBF a-t-il freiné les initiatives d’autres instances allemandes chargées de la « question juive », les a-t-il cautionnées passivement, ou a-t-il joué un rôle moteur, voire accélérateur, dans la mise en œuvre de la « solution finale » ? C’est à ces questions que répond ce livre conçu comme une histoire globale de la politique de « maintien de l’ordre et de la sécurité » du MBF et qui permet de reconsidérer les responsabilités de chacun.

c'est l'ouvrage de référence en français.
un allemand avait traité le sujet précis et clair mais avec une analyse moins fine de la situation :Hans Umbreit, Der Militärbefehlshaber in Frankreich 1940-1944 malheureusement non traduit.
un ouvrage collectif français de premier plan complète celui de Eisman
Gestapo et polices Allemandes France europe de l'Ouest 1939-1945 dont voici les chapitres traitant de la France.
- qui dirigeait la police allemande en France ? décisions et prises de décisions au sein de la SIPO SD en France 1942 1944
- entre collaboration et collaborationnisme les policiers français au service d ela Gestapo et la repression antijuive à Paris 1941 1942
- la milice française un auxiliaire de la police de sécurité allemande ? l'exmeple du département du Rhone
- les auxiliaires français de la police allemande . l'exemple du département des Ardennes
- la SIPO SD en Moselle annexée
- la SIPO SD dans le Nord pas de Calais 1940 1944
L'ouvrage d'un historien renommé et prolifique sur la Gestapo et les français (2013) est aux antipodes de ce que vous pouvez lire dans cet ouvrage.