Bonsoir
J'ai une très belle image sur mon disque dur : le début de l'intoxication himmlérienne dont j'ai commencé à vous parler hier (en la datant faussement de la fin 42).
Le représentant du MI 6 à Stockholm écrit à ses supérieurs londoniens qu'un haut dignitaire SS nommé Hans Zech-Nenntwich a déserté en simulant la maladie pendant un transfert de troupes entre la Norvège et l'Allemagne via la Suède, le 10 mai 1943. Il déteste les nazis et se réclame du conservatisme. Il demande à être admis en Angleterre, quitte à être interné, pour dire tout ce qu'il sait sur Himmler et compagnie et se rendre utile au maximum dans la lutte contre le nazisme.
Bref, vous devinez la suite. Les Anglais vont mordre à belles dents. Il faut que le bonhomme soit habile ! Cependant il réussit moins son après-guerre et finit par être arrêté et jugé en RFA (où il avait refait carrière) en 1964 pour le meurtre de 5100 Juifs polonais (il avait prétendu avoir eu des ennuis avec la Gestapo pour aide à la résistance polonaise !). Il fut condamné à 4 ans, défraya encore la chronique en s'évadant...
Cette affaire n'était pas complètement inconnue. La presse en avait parlé dès 1947, dans le cadre des dénonciations sporadiques des dignitaires nazis recasés :
http://www.time.com/time/magazine/artic ... 43,00.htmlhttp://www.spiegel.de/spiegel/print/d-46173541.htmlMais ce qu'on ne peut lire encore nulle part, et qu'on va donc lire ici pour la première fois, c'est que les services secrets britanniques en ont fait pendant des mois leur informateur-vedette, celui auquel ils se fiaient le plus pour débrouiller les rapports entre les dirigeants nazis et le rôle de Hitler au milieu. Heureusement que Churchill ne mangeait pas de ce pain, n'était pas fonctionnaliste et voyait le nazisme comme un tout dirigé de main de maître !
Une sorte de Hess bis qui aurait réussi, du moins à se faire entendre ! Les dignitaires du MI 5 et du MI 6 parlent de lui avec la plus grande considération et ont du mal à se rendre à l'évidence, en 1947.
Le pire, c'est qu'il y a dans les dossiers un document polonais qui incite les Anglais à se méfier de lui.
Il est même venu avec des photos : une où il est avec Himmler et Koch (il a été, déclare-t-il, pendant trois mois "Adjutant" du premier nommé) et qu'un affreux a volée dans les archives, une autre où il est avec Fegelein, le futur beau-frère d'Adolf, enfin presque puisqu'il est fusillé à la veille du mariage avec Eva.
Celle-là je peux vous la montrer aussi... si on m'explique enfin victorieusement comment poster une image.
Le rapport avec Lequio, direz-vous, outre ma flemme de changer de fil ? C'est qu'il est surnommé Colombine par ses nouveaux employeurs tandis que Wurzmann (dont je vous parlais il y a quelques jours car il offre, enfin, un recoupement avec le télégramme Lequio), que je soupçonne désormais un peu de s'être fait prendre exprès pour jouer un rôle analogue, mais qui est donc, lui, prisonnier de guerre et non traître volontaire, est surnommé Harlequin ! Et il est pas mal question de Hohenlohe dans les dossiers où Colombine joue un rôle d'informateur.