Rien n'établit que Boris ait été victime d'un assassinat. Tout indique la mort naturelle - cf. mon message ci-dessus.
Les dirigeants nazis ont fort mal digéré la mort du Roi, qu'ils voyaient comme un allié fidèle - voir, sur ce point, l'analyse de l'historien Helmut Heiber dans un article paru voici bientôt... soixante ans:
https://www.ifz-muenchen.de/heftarchiv/ ... heiber.pdf (Heiber n'exclut pas un empoisonnement nazi, mais juge l'hypothèse très improbable)
Goebbels, notamment, s'en est fort attristé, comme en témoigne son Journal. Le 29 août 1943, il écrit:
Nachdem am Morgen noch ein Kommuniqué herausgekommen ist, daß König Boris’ Zustand sich gebessert hat, verschlechtert sich der Zustand im Laufe des Tages, und am Spätnachmittag kommt dann die erschütternde Meldung, daß der König gestorben ist. Das stellt für uns eine sehr ernste Nachricht dar. König Boris war einer der zuverlässigsten Freunde des Reiches, die wir im Ausland besaßen. Auf ihn war immer Verlaß. Er war ein kluger und weitsichtiger König und hat den deutschen Standpunkt, wo auch immer er konnte, tapfer und standhaft vertreten. Wir verlieren in ihm einen der stärksten Faktoren auf dem Balkan. - Es entsteht nun die Frage, wie die Dinge in Bulgarien neu geregelt werden sollen. Der junge Thronfolger ist erst sechs Jahre alt; man muß ihn bis zu seiner Volljährigkeit durch einen Regentschaftsrat betreuen. Wie dieser Regentschaftsrat zusammengesetzt wird, darauf kommt es jetzt an. Es ist so, als würden wir in dieser Zeit geradezu von Pech verfolgt. Ein widerwärtiges Unglück folgt dem anderen, und bei vielen dieser Unglücksfälle sind wir persönlich gänzlich schuldlos. Wer hätte annehmen können, daß ausgerechnet jetzt König Boris sterben muß! Sein Heimgang wird uns sicherlich einige politische und unter Umständen auch militärische Sorgen bereiten.
Ce que je traduis comme suit:
Après la publication d’un communiqué dans la matinée indiquant que la situation du roi Boris s’était améliorée, son état s’est aggravé au cours de la journée et, en fin d’après-midi, tombe l'annonce accablante de sa mort. C'est un message très sérieux pour nous: le roi Boris était l'un des amis les plus dignes de confiance du Reich que nous avions à l'étranger. On pouvait toujours compter sur lui. Il était un roi sage et prévoyant et et il a défendu avec courage et fermeté le point de vue allemand partout où il le pouvait. Nous perdons en lui l’un des facteurs [de stabilité] les plus puissants des Balkans. La question se pose de savoir comment les choses vont changer en Bulgarie . Le jeune héritier du trône n'a que six ans. Il doit être pris en charge jusqu'à sa majorité par un conseil de régence. Comment ce conseil de régence est constitué, c'est ce qui compte. Tout se passe comme si la malchance ne nous laissait aucun répit. Un affreux malheur suit l'autre, et dans beaucoup d'entre eux, nous n'avons rien, personnellement, à nous reprocher. Qui aurait pensé que le roi Boris devrait mourir il y a peu! Sa mort nous causera certainement des problèmes politiques et peut-être même militaires.
Le lendemain, Goebbels écrit:
Der Tod des Königs Boris hat in der ganzen europäischen Öffentlichkeit allgemeine Anteilnahme erweckt. In Bulgarien herrscht tiefe Trauer. Das bulgarische Volk scheint instinktiv zu fühlen, was es an Boris verloren hat. Der Führer sendet herzlichste Beileidstelegramme, und die deutsche Presse widmet Boris wärmste Nachrufe. Wir haben ja in der Tat in König Boris einen unserer treuesten und zuverlässigsten Freunde verloren. Die Frage des Regentschaftsrats wird nun allgemein diskutiert. Der Feind hofft, daß der Tod des Königs Boris ihm einige Möglichkeiten biete. Es ist bezeichnend, daß die Engländer den heimgegangenen König mit übelsten Schmähn[a]chrufen überhäufen. Von den Tugenden eines Gentleman ist augenblicklich in diesem Punkte in der englischen Presse nur wenig zu finden.
Traduction perso:
La mort du roi Boris a suscité une sympathie généralisée parmi le public européen. En Bulgarie , la tristesse est profonde. Le peuple bulgare semble instinctivement ressentir ce qu'il a perdu avec Boris . Le Führer adresse ses sincères condoléances et la presse allemande publie les nécrologies les plus chaleureuses à l'égard de Boris . En effet, dans le roi Boris, nous avons perdu l’un de nos amis les plus fidèles et les plus fiables. La question du conseil de régence est maintenant largement discutée. L'ennemi espère que la mort du roi Boris lui offre quelques possibilités [d'action]. Il est significatif que les Anglais accablent d'injures le défunt roi. Les vertus d'un gentleman sont actuellement rares dans la presse anglaise.
S'il est vrai que Goebbels n'est pas le mieux informé des dirigeants nazis, et que son Journal doit être manié avec la prudence requise, il n'en demeure pas moins que sa réaction, en l'occurrence, ne plaide pas en faveur d'un coup monté du
Führer. Certes, les rumeurs quant à une implication allemande ont immédiatement circulé (Goebbels s'en désole le 1er septembre 1943 dans son Journal), mais elles découlaient du ressentiment germanophobe qui imprégnaient une partie non négligeable des couches dirigeantes et intellectuelles bulgares, attisées, sur ce point, par les Alliés (Goebbels, le 2 septembre, fustige la
"diffamation londonienne" à ce propos - voir également l'article d'Helmut Heiber).
Du reste, Hitler lui-même a fini par alléguer que Boris avait été empoisonné, et les services médicaux allemands ont proposé au régime bulgare de pratiquer une autopsie, approuvée par le gouvernement, mais refusée par la famille royale (Goebbels,
Tagebücher, 10 septembre 1943). Toutefois, qui aurait fait le coup? Hitler et Goebbels ont suspecté... les Italiens, qui venaient, après tout, de renverser Mussolini et s'apprêtaient, lors du trépas de Boris III, à faire défection (
ibid, et entrée du 11 septembre 1943)!