attention de ne pas tomber dans deux travers :
-croire que Churchill est informé du contenu de ce papier; rien ne l'indique dans les docs d'époque et, matériellement, même si le Département d'Etat avait fait diligence pour cafter dans les oreilles anglaises, Churchill n'aurait pu lire ce texte en temps utile pour qu'il pèse dans sa décision de Mers el-Kébir;
-croire que les positions prises par Pétain et Darlan reflètent un vieil atavisme anti-anglais. C'est la terre entière qui pense alors, sauf exceptions, que Hitler a partie gagnée et que ses gains ne peuvent plus être limités que par la négociation. Le "pas si vite, je me bats encore" de Winston est un fétu balayé de vents puissants.
Pétain et Darlan ne sont donc pas seulement-et Bullitt a tort de les présenter seulement ainsi- des Français assommés et déboussolés par une défaite écrasante; ils sont aussi en pleine action diplomatique, cohérente sinon intelligente : il est essentiel de convaincre Roosevelt que plus rien ne tient en Europe, afin qu'il renonce lui-même au plus vite à tout espoir de solution militaire contre le nazisme et aide la France à limiter les dégâts sur le front diplomatique.