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Re: Vécu, impressions d'un enfant pendant l'occupation Allemande

Nouveau messagePosté: 28 Fév 2010, 22:01
de Gardavous
Aldebert a écrit:Je n'ai jamais appris la chanson "Maréchal nous voilà" je ne l'ai connue qu'après la guerre et il en est ainsi je suppose pour tous les enfants qui étaient à l'école laïque du village. Cela signifiait donc que Pétain n'en parlons pas.

Je ne serais pas aussi affirmatif ! Je ne crois pas que 'Maréchal nous voilà" était chanté seulement dans les écoles libres. Peut-être même au contraire ?
Quant à la radio, impossible de ne pas mentionner les chroniques de Jean-Hérold Paquis, qui se terminaient invariablement par: "Et l'Angleterre, comme Carthage, sera détruite" !
Et celles de Philippe Henriot, qui n'était pas sans talent ni courage, car il se savait condamné par la Résistance, et a continué sans se cacher. Je signale en passant qu'il y avait des résistants authentiques dans sa famille.
Et les messages personnels de Londres...Des jeunes voisins avaient tenté de gagner l'Angleterre par l'Espagne. Ils avaient convenu avec leurs parents de passer le message suivant après leur arrivée :'Les petits oiseaux ont mangé du crottin tel jour"
Et bien entendu "C'est la défense élastique" de P. Dac est encore dans toutes les mémoires des gens de notre âge.

Re: Vécu, impressions d'un enfant pendant l'occupation Allemande

Nouveau messagePosté: 01 Mar 2010, 01:05
de Richelieu
Si Aldebert n'a pas vu de portraits de Pétain a cette époque,il a mal regardé,il y en avait dans les écoles,dans les mairies dans les gares et dans toutes les administration,a l'école,il y avait les "Bons points du Maréchal" les illustrés pour enfantsen étaient pleins et il était sur nombres d'affiches dans les rues.
PS:Ne pourrait -on regrouper tous les souvenirs d'enfance dans une seule rubrique?
A+

Re: Vécu, impressions d'un enfant pendant l'occupation Allemande

Nouveau messagePosté: 01 Mar 2010, 20:31
de Aldebert
Bjr à vous,

Ah..Ah.. c'est bien.. ça bouge,ça réagit je m'en réjouis .

Cher Gardavous
Il ne faut pas entendre ce que je ne voulais pas dire...Je te dois néanmoins des excuses. J'ai écrit maladroitement "Ecole Laïque" J'aurais du écrire "Ecole communale" Dans le village il y avait 3 écoles, deux privées et une publique, communale ou laïque, pas de chance j'ai choisi le mauvais terme. Je me garderai bien d'émettre un quelconque sous entendu de jugement de valeur sur la qualité de nos écoles....Elles se valaient toutes... Tien...! zut...! un jugement de valeur, tant pis.

Ma réponse à Richelieu:
Il faut croire l'enfant qui a vu ou qui n'a pas vu, il est vrai que je semble un peu trop affirmatif, excuse moi, mais c'est pour moi la vérité concernant mes souvenirs d'enfant, avec bien sûr des risques d'erreur et d'appréciation, n'oublie pas que c'est un enfant qui parle,mais qui ne retombe toutefois pas en enfance.
Le samedi après midi à l'école, jour de gym ou de promenade, il arrivait que l'instit nous fasse marcher au pas et chantions "Lundi matin ,l'empereur sa femme et le p'tit prince sont........." mais pas maréchal nous voilà, jamais, pas quand j'étais là .......Il me ferait mentir aujourd'hui. Faire défiler les enfants au pas était l'usage à l'époque à certaines occasions. Aux fêtes annuelles de la jeunesse, après la guerre, tous les élèves de toutes les écoles (Publiques,j'ai pas dit laïque) de Rennes marchaient au pas avec leurs instits, au vélodrome, au son d'une musique de cirque américaine bien entrainante.
Dans notre village il n'y avait pas de gare. Les adultes circulaient peu et moi encore moins. La mairie, oui peut-être je ne m'en souviens pas , celle-ci était composée d'une seule pièce attenante à l'école et le secrétaire était l'instit, j'y suis rentré c'est sûr, car j'allais partout et j'écoutais tout et je me mêlais de tout.. Mon père me surnommait "Mêle tout". J'avais mes entrées partout dans le village et dans les fermes avoisinantes, j'en ai fait de bètises....non je ne me souviens pas de la photo du Maréchal. Tu as raison de rappeler qu'elle devait être affichée, elle pouvait l'être, affichée qqpart mais certainement pas exhibée. Je joue avec les mots, il est vrai, mais là est peut être la réponse.
Le panneau d'affichage était sur le mur de l'école coté rue...en ben non pas de souvenir de l'image du Maréchal. Il devait bien être qqpart!!! non d'un bonhomme...!!!
Bien cordialement à vous deux
Au prochain épisode je vous parlerai du maréchal ferrant, la forge juste en face de l'école....Un pacifique bonhomme de maréchal....si vous le voulez bien....
Aldebert

Re: Vécu, impressions d'un enfant pendant l'occupation Allemande

Nouveau messagePosté: 01 Mar 2010, 21:24
de Gardavous
Aldebert a écrit:.. J'ai écrit maladroitement "Ecole Laïque" J'aurais du écrire "Ecole communale" Dans le village il y avait 3 écoles, deux privées et une publique, communale ou laïque, pas de chance j'ai choisi le mauvais terme.

Pour être tout à fait exact, on disait école "communale" et école "libre".

Re: Vécu, impressions d'un enfant pendant l'occupation Allemande

Nouveau messagePosté: 02 Mar 2010, 00:25
de Richelieu
J'était enfant a l'époque,et j'ai vu,mais il faut dire que je baignait dans une certaine ambiance,habitant une gendarmerie,je ne pouvait pas echpper aux affiches officielles placardées dans le couloir d'entrée.
J'ai chanté aussi,les chansons des chantiers de jeunesse,"Nous partons dans la nuit profonde..." Le vieux chalet etc Souvenirs,souvenirs! et cette brigade servait de plaque tournante a un réseau de résistance,alors des droles de choses,il s'en est passées,mes parents m'avait dit"Tu es un grand garçon,il ne faut jamais dire a tes copain ce que tu vois ou entend ici,car nous pourrions ètre mis en prison",alors,bouche cousue.
A+

Re: Vécu, impressions d'un enfant pendant l'occupation Allem

Nouveau messagePosté: 02 Mar 2010, 13:37
de Aldebert
Le maréchal ferrant ce sera pour après, il faut remonter aux sources pour savoir pourquoi nous étions là, dans ce village si merveilleux pour nous, enfants..
Mon père ce hér....non! ce n'est pas le bon paragraphe...Mon père est né en 1905 à Lille. IL était le17e d'une famille de18 enfants. Malgré l'importance de la mortalité infantile de cette époque, il restait encore des bouches à nourrir lorsque les Prussiens ont envahi le nord de la France en 1914 et occupé Lille pendant près de 4 ans. Les estomacs des enfants gémissaient d'être vides. Lille était alors intra muros et il fallait franchir les portes gardées de la ville pour "aller à la campagne". Les enfants les franchissaient sans peine pour la sortie mais l'entrée était plus difficile, surtout lorsqu'ils cachaient sous le manteau une betterave sucrière qu'ils prévoyaient de manger cuite au four. Das ist verboten. Lorsqu'ils étaient pris, le soldat de garde leurs administrait une magistrale fessée. Ainsi préventivement et pour amortir les coups se plaçaient ils un petit sac en jute entre les fesses et la culotte. La betterave sucrière au four avait un goût horrible mais ça remplissait l'estomac pour un temps. Quand ma grand mère coupait le pain en tranches, d'égales épaisseurs sur la table, le pain étant souvent fourni par des oeuvres charitables religieuses, les plus jeunes se mettaient autour de cette table. Une fois l'opération de tranchage terminée et le pain rangé pour un prochain repas, les enfants traçaient du doigt sur la table des frontières qui marquaient la quantité de miettes qu'ils pouvaient immédiatement manger. Mon père a eu un rétrécissement d'estomac par suite d'un insuffisance d'alimentation et envoyé comme bien d'autres enfants, après guerre dans un centre de repos en montagne.
Ce préambule me semblait indispensable pour expliquer pourquoi mon père n'a pas voulu que nous restions dans dans le nord lors de linvasion des armées allemandes en juin 40. Les évènements se répétaient.
En juin 40 mon père travaillait dans un teinturerie qui traitait le drap militaire. Requis sur place, ayant 4 enfants, la rapidité de la défaite, il n'a pas porté le fusil. Les troupes allemandes avaient démarré leur invasion de la Belgique , il fallait s'en aller au plus vite. Le patron de l'entreprise a confié à mon père un camion avec le carburant nécessaire. Nous sommes donc partis, deux familles à bord, 4 adultes et 8 enfants. La seconde famille était Belge Flamande Van den B....Mon père devait remettre le camion à la préfecture du lieu de fin d'exode. Ce qu'il a fait à Rennes. J'avais alors 2 ans et demi.Mon père nous a raconté plus tard les péripéties du voyage. Sur la route de l'exode se mélangeaient véhicules civils et militaires; Les convois militaires respectaient la distance réglementaire entre chacun de leurs véhicules. Mon père jugeant l'allure trop lente doublait et remontait le convoi jusqu'au moment ou un officier pistolet au poing l'a menacé s'il continuait cet exercice. Le convoi a subi des attaques de la chasse allemande, certains des véhicules étaient équipés d'armes antiaériennes, pourtant quand les chasseurs passaient tout le monde allait au fossé sans riposter. Braves soldats qui ne voulaient absolument pas se battre (Tout un débat)
Quand nous sommes arrivés à Rennes........

Re: Vécu, impressions d'un enfant pendant l'occupation Allemande

Nouveau messagePosté: 02 Mar 2010, 13:45
de Aldebert
Réponse à Richelieu,
Les chansons que tu évoques , merci d'en parler, je les ai chantées,à la garderie de vacance de 1947 à 1950

Re: Vécu, impressions d'un enfant pendant l'occupation Allem

Nouveau messagePosté: 02 Mar 2010, 19:52
de Aldebert
Quand nous sommes arrivés à Rennes avec beaucoup d'autres réfugiés, si nombreux, venant du nord de la France et de Belgique. Etait ce à cause de nous, enfants à la chevelure blonde comme les blés ou à cause d'une inquiétude provoquée par ce flot de réfugiés qui envahissaient leur "pays" que certains habitants nous ont traité de Boches du nord....??? çà été une première réaction à un évènement exceptionnel, le malentendu s'est vite dissipé. L'administration, la croix rouge et les oeuvres charitables ( les dames à cornettes) nous ont très rapidement pris en charge d'une manière formidable. Les familles ont été dirigées vers des points d'accueil, ensuite relogées dans le département. Notre famille a eu la grande chance d'être accueillie par ce petit village à une dizaine de Kms de Rennes. Nous étions logés dans une unique salle de café réquisitionnée. A l'âge ou remonte mes souvenirs je la trouvait bien grande mais quand beaucoup plus tard j'y suis revenu je l'ai trouvée plutôt riquiqui compte tenu des 6 personnes qui y vivaient, pendant 5 ans. Une fenêtre donnait sur la rue centrale qui était en fait la RN Rennes Brest, la porte d'entrée donnait sur le jardin où se situait le puits. L'eau était courante que si les parents allaient chercher les seaux d'eau en courant. Elle était claire et potable, certainement sans pollution.
Chaque matin il fallait déplier et ranger une partie des lits pour faire de la place et les réinstaller le soir. La vie de nos parents pendant ces 5 années n'a pas été facile ne serait ce à cause de la promiscuité, mais pour nous, les enfants que nous étions, ça a été l'époque du plus grand bonheur de notre vie, nous en reparlons encore.....

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Toujours propre comme un sous neuf - Café maréchalerie avec Taillau
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Re: Vécu, impressions d'un enfant pendant l'occupation Allemande

Nouveau messagePosté: 03 Mar 2010, 15:38
de Aldebert
Richeliau a dit
PS:Ne pourrait -on regrouper tous les souvenirs d'enfance dans une seule rubrique?

Pardon, Richelieu, mais je n'ai pas saisi le sens de ta phrase. Pourrais-tu l'expliquer. Merci.

Re: Vécu, impressions d'un enfant pendant l'occupation Allemande

Nouveau messagePosté: 03 Mar 2010, 16:03
de Daniel Laurent
Aldebert a écrit:Richeliau a dit
PS:Ne pourrait -on regrouper tous les souvenirs d'enfance dans une seule rubrique?

Pardon, Richelieu, mais je n'ai pas saisi le sens de ta phrase. Pourrais-tu l'expliquer. Merci.

Richelieu souhaitait que tous les temoignages d'enfance comme le tien, Aldebert, soient regroupes dans une meme et unique rubrique de ce forum, mais cela me parait difficile techniquement. Les Anciens s'expriment comme ils peuvent et ou ils peuvent, a nous de suivre.
Continues, pas de probleme.