Voilà pour ma contribution...
Eric[/quote]
Euh... C'est pas tout à fait tout...
Y a aussi ma maman
Elle avait 10 ans en 1944. Elle vivait dans un village Alsacien où il ne se passait vraiment pas grand chose.
Il y avait bien l'évacuation d'une partie de la population Alsacienne en 1939 vers la Haute-Vienne à Chateauponsac, mais peu de souvenirs pour une enfant de 5 ans.
Après le retour d'évacuation, la population vaquait à ses occupations. Il s'agissait d'un village d'agriculteurs. Le travail des champs, de l'élevage. Ma mère se souvient bien du labeur. La quasi totalité des hommes étaient partis (dans l'armée française pour certains, incorporés de force pour d'autres) et ne restaient plus que les femmes, les enfants et les vieillards.
La cohabitation avec l'occupant se passait "bien". Jusqu'un jour de janvier 1945... le 8 janvier plus précisément où éclata la terrible bataille de Hatten-Rittershoffen...(opération Nordwind) Et oui, le village où était née et vivait ma maman c'était Hatten.
Les souvenirs restent vifs et certaines blessures ne se sont toujours pas refermées.
Ma maman se souvient très bien des heures, des jours, des semaines où elle était terrée dans la cave de la maison (en compagnie de sa maman, ses 2 soeurs et son oncle) Des attaques et les bombardements incessants. L'impossibilité de sortir pour trouver de l'eau, de la nourriture, prendre des nouvelles des voisins, s'occuper des bêtes restées dans les étables...
Elle me racontait souvent une situation qu'elle avait du mal à comprendre : l'arrivée de soldats allemands dans la cave pour vérifier qui s'y trouvait, puis, presque immédiatement après des soldats américains qui faisaient pareil. D'autres situations peu communes où les américains se trouvaient à l'étage de la maison, les allemands au rez-de-chaussé et qui échangeaient des tirs (alors qu'elle se trouvait toujours à la cave...)
Lorsque les américains avaient réussi à gagner du terrain, ils avaient invessti la maison (ou ce qu'il en restait) Ils avaient stationné leur char dans la cour et tout l'équipage s'était joint aux civils pour une ou deux nuits (lorsqu'elles étaient calmes). Première découverte avec le chocolat, le chewing-gum ! Elle se souvient de certains prénoms de cet équipage (OWEN, JEAN, JAMES) Puis cet équipage a été mis en alerte une nuit : il dû rejoindre la casemate ESCH (pour ceux qui connaissent) car des mouvements ennemis y avaient été observés. Elle n'a jamais revu cet équipage et ne sait pas ce qu'il en est advenu. Elle se souvient juste qu'avant de partir, un des soldats avait donné à sa soeur (agée de 4 ans) un armonica (objet qui aujourd'hui a disparu).
Lors des terribles combats, elle se souvient de son oncle qui a tenté une sortie de la cave pour aller nourrir le bétail hurlant à l'exterieur, dans les granges (par peur, par manque de nourriture, par absence de traite) Au final, le bétail avait été lâché, ce qui lui donnait plus de chance de s'en sortir (c'était la moins mauvaise des solutions) Son oncle avait réussi à rejoindre la cave sain et sauf. Au fil des jours, les combats s'intensifiaient.
Lorsque les allemands avaient réussi à investir la partie est du village (où habitait ma mère), son oncle avait décidé de tenter une sortie pour évacuer les siens et aller trouver un nouvel abri plus sûr. Là, la vision qui s'offrait à ma maman était une vision d'horreur. En sortant de la cave elle pu se rendre compte que la maison était en ruine, comme la plupart. Dans le jardin il fallut enjamber les cadavres des soldats, parfois plus que des restes, des membres qui jonchaient le potager.
Les rues n'étaient plus que des amas de pierres, de planches et de tuiles. Une vision d'apocalypse.
Au final, les allemands ayant encore gagné du terrain, ils décidèrent d'évacuer (enfin...) la population qui se trouvait dans leur secteur. Ma maman a été évacuée avec toute sa famille vers le village d'Oberroedern, puis Niederroedern. Enfin en sécurité.
Voilà
Eric
Nordwind : dernière offensive allemande, tentative désespérée de l'Allemagne pour renverser le destin.