Bonjour,
Dans le thème du sujet, le témoignage de mon papa qui avait 12 ans en 1944.
Cohabitation avec l'occupant :Mes grands-parents habitaient dans la banlieu de Strasbourg depuis 1936 (Lingolsheim plus précisément). Pendant la querre, l'occupant cherchait à loger ses officiers et sous-officiers à moindre frais. Les parents à mon papa ont été obligés de partager leur maison avec un couple d'Allemands et leur unique enfant, un fils de 16/17 ans. Le père était Feldwebel (Adjudant) et le fils, fanatique, faisait partie de la Hitlerjugend (jeunesse Hitlérienne). Mon père se souvenait que son père (mon grand-père) était très mécontant de cette obligation d'hébergement qui lui était imposée. Critiquant cette état de fait, l'Adjudant lui avait clairement signifié que tout refus entraînerait un internement au camp de Schirmeck (ne pas confondre avec celui du Struthof...)
La femme du sous-officier, très gentille et très agréable, comprenant parfaitement la situation, avait supplié mes grands-parents de ne pas se braquer et accepter cette situation mais encore de mettre en garde notre famille contre son propre fils, enbrigadé dans la HJ, qui avait été tellement conditionné qu'il était prêt à dénnoncer son propre père... le cas échéant...
En 2009, lors de travaux de rénovation, nous avons retrouvé une croix gammée, fabriquée artisanalement avec un morceau de métal, cachée dans le caisson du volet de la chambre occupée lors de la SGM par cette famille. Mon papa pense que c'est le fils qui avait dû cacher cette pièce unique !
Anecdotes :-Le 25 septembre 1944 à 11h30, le village de Lingolsheim fut victime d'un bombardement. Mon père était au village avec ses camarades lorsque la sirène se mit à retentir. Tous se mirent à courrir vite, très vite pour trouver un abri. Mon papa arriva jusqu'à la maison. Au moment où il arriva devant l'accès de la cave, le souffle d'une bombe le fît décoller et le propulsa directement dans la cave... sans aucune blessure, heureusement !
Ce bombardement ne visait pas le village mais l’usine d’automobiles d’Émile Mathis, à Strasbourg-Meinau (qui avait été réquisitionnée au début de la guerre par la firme Junkers). Le plafond étant bas ce 25 septembre, les bombardiers avaient lâché leurs bombes trop tôt...
-Durant l'occupation, la population civile (hommes, femmes et enfants) était régulièrement réquisitionnée pour creuser des fossés anti-chars autour de Strasbourg (creusements du coté de Holtzeim pour ma famille) Mon papa se souvient très bien de ces corvées obligatoires et exténuantes.
Libération de Strasbourg :Le 23 novembre 1944 est un jour gravé dans la mémoire de mon papa. Il a (sur)vecu à l'entrée des troupes du Gal LECLERC dans le village. Venant d'Eckbolsheim (nord-ouest de Strasbourg), une colone de chars arrivait sur Lingolsheim. Attiré par quelques échanges de coups de feu, mon papa se rendit sur le balcon du premier étage, à l'insu de ses parents, pour observer ce qui se passait. Sur sa gauche il voyait arriver des chars américains et sur sa droite il voyait des fantassins allemands se mettre en position de tir. Ce que ne pouvaient pas voir les Français de la 2ème DB... Mon papa se mit à gesticuler sur ce balcon pour tenter d'attirer l'attention des libérateurs face à cette situation... Son père voyant celà se mît dans une colère rouge pour retirer son fils de ce balcon et la réaction des Français ne s'est pas faite attendre... Un impact de balle a attérri dans le mur à 20cm de la tête de mon père... au moment où mon grand-père le tira par le bras...
A l'arrivée des Alliés, les Allemands ont fuit très rapidement. En face de la maison de mes grand-parents se trouvait une école qui avait été reconvertie en centre de stockage de rations de survi pour les soldats de la Wehrmacht. Lors de la débâcle des occupants en novembre 1944, mon papa et ses parents (comme tous les habitants des alentours) se sont appropriés ce "trésor", non sans regrets lorsque les troupes américaines se sont retirées de Strasbourg... (de peur d'êtres punis lors du retour des Allemands...)
Lorsque les Americains se sont installés à Strasbourg, mes grand-parents ont hébergé un équipage de char sherman. Le char était stationné devant la maison ce qui permit d'avoir du courant (luxe non négligeable à l'époque) et ce qui fît bien évidemment le bonheur de mon père d'avoir pareil joujou à porté de main !
Voilà pour ma contribution...
Eric
Nordwind : dernière offensive allemande, tentative désespérée de l'Allemagne pour renverser le destin.