Re: Le Haltbefehl
Posté: 31 Mar 2017, 17:48
Je reviens sur l'une des polémiques du présent fil:
"Personne ne pense un rembarquement possible"? Discutable, pour ne pas dire faux.
En effet, l'historien Hans-Adolf Jacobsen note l'existence d'"avertissements de la "section des armées étrangères de l'ouest" qui faisait état de la possibilité d'une évacuation", aussi bien le 18 mai que le 21 mai ("L'erreur du commandement allemand devant Dunkerque", Revue historique de l'armée, 1958, n°3, p. 71). Jacobsen, de manière peu crédible, considère cependant que le "commandement suprême de la Wehrmacht", faisant prétendument preuve de "mentalité continentale", n'aurait pas pris au sérieux ces avertissements (ibid.).
Je pense plutôt que ledit "commandement suprême" n'y pense point dans la mesure où il ne s'attend pas à ce que les Panzer soient stoppés en plein mouvement: si on laisse agir les blindés, la question d'un rembarquement allié ne se pose pas, puisque l'ennemi n'aura pas le temps de le mettre en oeuvre.
Toujours est-il que l'hypothèse d'une évacuation alliée de la poche par voie maritime n'est pas absente des calculs de Hitler, comme l'atteste cet extrait de la directive 13 du Führer en date du 24 mai 1940, que l'on comprend mieux au regard de l'information délivrée par Jacobsen en 1958 : "La mission de l'armée de l'air consistera à briser toute résistance ennemie des forces encerclées, à faire obstacle à toute évacuation des forces britanniques à travers la Manche, et à protéger le flanc sud du Groupe d'Armées A".
Certes, le risque d'une évacuation, pourtant évident, n'est visiblement pas ce qui ressort des critiques adressées immédiatement par les généraux de l'armée de terre à l'encontre de l'ordre d'arrêt.
A leurs yeux, en effet, la directive constitue une "erreur monumentale" dans la mesure où Hitler stoppe le mouvement alors que rien de sérieux n'y fait obstacle. Ce qui,
- à l'échelle locale, accorde un répit à l'ennemi et risque de poser problème si l'avance reprend ultérieurement (en termes de sang versé),
- et à l'échelle de l'ensemble de la campagne retarde la conclusion de la bataille dans le Nord... et donc la relance de l'offensive au Sud, contre le reste du territoire français.
Sans parler de l'ego et de l'aspect politique des choses (intervention de Göring), qui jouent un rôle secondaire dans le mécontentement des généraux. De là à en déduire que le risque d'une évacuation a été sous-estimé, je n'y crois guère.
Chef Chaudart a écrit:Personne ne pense alors un rembarquement possible parce que personne n'imagine que les Panzer vont être stoppés en plein mouvement. Si on laisse agir les blindés, la question d'un rembarquement allié ne se pose pas: Dunkerque tombera très bientôt, sans laisser le temps à l'ennemi de s'enfuir par bateaux.
Nicolas, je persiste: Je réréréré(ré)pète: PERSONNE ne pense un rembarquement possible, sauf, à peine, les Britanniques... Et cela encore le 26, pas beaucoup moins le 27, le 28... Même APRES l'ordre d'arrêt!
La Luftwaffe a parfaitement les moyens de détruire le port, et Halder lui-même, qui devrait être le premier à râler sur la porte restée ouverte ne le fait pas. il ne fait aucun doute que tous pensent que Dunkerque peut-être neutralisé sans investir la ville.
"Personne ne pense un rembarquement possible"? Discutable, pour ne pas dire faux.
En effet, l'historien Hans-Adolf Jacobsen note l'existence d'"avertissements de la "section des armées étrangères de l'ouest" qui faisait état de la possibilité d'une évacuation", aussi bien le 18 mai que le 21 mai ("L'erreur du commandement allemand devant Dunkerque", Revue historique de l'armée, 1958, n°3, p. 71). Jacobsen, de manière peu crédible, considère cependant que le "commandement suprême de la Wehrmacht", faisant prétendument preuve de "mentalité continentale", n'aurait pas pris au sérieux ces avertissements (ibid.).
Je pense plutôt que ledit "commandement suprême" n'y pense point dans la mesure où il ne s'attend pas à ce que les Panzer soient stoppés en plein mouvement: si on laisse agir les blindés, la question d'un rembarquement allié ne se pose pas, puisque l'ennemi n'aura pas le temps de le mettre en oeuvre.
Toujours est-il que l'hypothèse d'une évacuation alliée de la poche par voie maritime n'est pas absente des calculs de Hitler, comme l'atteste cet extrait de la directive 13 du Führer en date du 24 mai 1940, que l'on comprend mieux au regard de l'information délivrée par Jacobsen en 1958 : "La mission de l'armée de l'air consistera à briser toute résistance ennemie des forces encerclées, à faire obstacle à toute évacuation des forces britanniques à travers la Manche, et à protéger le flanc sud du Groupe d'Armées A".
Certes, le risque d'une évacuation, pourtant évident, n'est visiblement pas ce qui ressort des critiques adressées immédiatement par les généraux de l'armée de terre à l'encontre de l'ordre d'arrêt.
A leurs yeux, en effet, la directive constitue une "erreur monumentale" dans la mesure où Hitler stoppe le mouvement alors que rien de sérieux n'y fait obstacle. Ce qui,
- à l'échelle locale, accorde un répit à l'ennemi et risque de poser problème si l'avance reprend ultérieurement (en termes de sang versé),
- et à l'échelle de l'ensemble de la campagne retarde la conclusion de la bataille dans le Nord... et donc la relance de l'offensive au Sud, contre le reste du territoire français.
Sans parler de l'ego et de l'aspect politique des choses (intervention de Göring), qui jouent un rôle secondaire dans le mécontentement des généraux. De là à en déduire que le risque d'une évacuation a été sous-estimé, je n'y crois guère.