brehon a écrit:ulysse57 a écrit:Il fonce malgré tout et se fait dérouiller devant Gravelines.
Je ne sais pas s'il se fait dérouiller mais en tout cas il est prêt à attaquer le lendemain, c'est donc qu'il en avait les moyens. Les récits des combats du 24 vus côté français montrent que ceux-ci ont été également durement secoués. Les Britanniques du secteur ayant en soirée reçus l'ordre de rejoindre Dunkerque, on ressent une forte inquiétude au sujet du lendemain.
Les moyens existaient, a condition de créer des unités de combat prélevées sur différents Bataillons/Régiments ( comprendre ici : une compagnie du bataillon N du régiment Z , une compagnie du bataillon M du régiment W etc ) , car certaines unités avaient été durement éprouvées et n'avaient pas une disponibilité de matériel correcte . Mais cela n’ôte rien a la potentialité d'un éventuel Kampfgruppe formé ad hoc , cela en diminue sa force d'impact sur un point de rupture et a très courte terme les possibilités d'exploitation . Donc prendre une tête de pont , ok , mais aller plus loin , difficile .
Dans toutes les analyses que j'ai effectué , j'indique quelques points a garder en tête :
1 - les unités de pointe de PzD ne sont rejointe par les dernières unités de la même division que très tardivement ( je dirais le 27/28 mai pour les plus retardataires ... soit a peu prés au moment ou de nouveaux chars commencent a arriver , et en quantité très très limitée , environ 20 chars par division , ce qui est très inférieur aux pertes définitives déjà constatées )
2 - les chars ont un taux d'attrition élevé et en fin de course vers la manche ( due aux combats mais aussi a des défauts mécaniques ) , pour certains régiments on atteint péniblement un taux de disponibilité de 50% , soit un char sur deux . Cela a un gros impact pour certains types de chars comme le Pz IV et le Pz III qui sont les seuls ( en dehors de chars tcheques ) a pouvoir assurer un réel support blindé face aux blindés alliés ou aux canons antichars alliés . Je précise que je compte ici les chars capables de partir en mission , les 50 autres % etant : les chars perdus définitivement ( disons 15% ) , les chars en panne et resté en arrière , en cours de récupération/réparation ( disons 10% ) , les chars endommagés et en cours de réparation et disponibles sous 3 jours ( disons 20% ), les chars endommagés mais demandant de gros travaux, qui ne seront plus disponibles pour la campagne, mais que l'on verra "réapparaitre" dans les stocks et dotations au mois de juillet et aout 1940 ( disons 5% ) .
On voit ici rapidement , qu'un potentiel de 30% est récupérable sous 3/5 jours , pour peu que les combats s’arrêtent et que l'unité ne bouge pas , que l'on graisse ce qu'il faut graisser , que l'on vidange , que l'on refasse le plein et j'en passe , afin d'aviter que "l'attrition naturelle" continue a faire son oeuvre . N'oublions jamais que les blindés de l’époque sont totalement révisés au bout de 400/500 kilomètres en général ( ou heures moteur ) .
3 - les équipages et soldats sont éreintés et ont besoin de récuperer . Le facteur humain est souvent placé en second plan , mais lors d'une guerre , pour moi il est quasi primordial .
Mais les PzD de l'époque sont puissantes , organisées et bien entrainées , aussi il n'y a rien d'étonnant a prévoir une poursuite des combats en organisant des unités de situation , probablement sur base d'unités de pointe, donc quelques AM , quelques chars , et de l'infanterie sur camion ( les semi chenillés sont encore rares )
L'un dans l'autre , le témoignage ne prouve donc rien , d'autant plus qu'il souligne la grande difficulté a venir du fait du terrain . Je précise que les Allemands avaient une bonne connaissance de la zone , car j'ai eu des cartes en main issues du NARA datant d'avant l'attaque de mai 40 , et qu'ils savaient très bien que chaque route pouvait devenir un calvaire pour peu que les Alliés y plaçent des bouchons bien organisés avec quelques pièces antichar, mitrailleuses etc .
Je précise que je n'indique pas ici quoi que ce soit qui s'oppose au fait que les Allemands aient planifiés de continuer les combats , j'indique uniquement qu'ils étaient confrontés a un problème de disponibilité de matériel en état de marche , et qui est d'autant plus pesant lorsque cela touche des matériels "cruciaux" comme le panzer IV , mais aussi a un effet normal de "décomposition des grandes unités" qui est du aux distances franchies , et qui nécéssite un certain temps avant que le "paquet" se reforme , certains ayant pris de mauvaises routes, d'autres ayant subit un bouchon du a un camion en panne , etc etc . Chacun a surement dans sa vie organisé un voyage d'un point A a un point B a plusieurs voitures, et a constaté que les voitures se perdaient a certains moments , par exemple .
Alain