dynamo a écrit:L'argument de la home fleet est régulièrement utilisé, ainsi que son écrasante supériorité, pour expliquer qu'une invasion de l'angleterre était impossible.
Je suis perplexe.
Je ne vois pas la marine britannique s'engager dans le channel et s'exposer aux sous-marins, aux vedettes lance-torpilles, aux stukas et aux batteries terrestres lourdes que les allemands avaient déployé entre Calais et Dunkerque.
Je n'imagine pas le first sea lord prendre un tel risque.
Oh, si la survie meme du Royaume est en jeu, on peut s'attendre a voir la Navy pointer le bout de son nez.
"England expects every man will do his duty", comme disait l'autre. Et chez ces gens-là, les traditions ont du poids.
De toute façon, les contre-attaque navales étaient planifiées, les navires affectés aux taches anti-invasion désignés et rassemblés. Cela me semble indiquer que l'Amirauté était tout à fait prête à jouer le jeu.
Et vouloir lancer des destroyers en contre-attaque contre une flotte d'invasion/support logistique mal escortée est beaucoup moins dangereux que les envoyer à Dunkerque embarquer des soldats et s'offrir immobiles au premier avion venu.
* Les sous-marins sont une menace à relativiser : il y en a peu à l'été 40, les eaux de faible profondeur de la Manche leur sont peu favorables, et ils ne peuvent pas grand chose contre des destroyers manoeuvrant à grande vitesse.
* Les batteries côtieres lourdes (200mm et plus) ne peuvent pas traquer efficacement des destroyers à grande distance, et les plus légères manqueront de portée. (en plus, les batteries les plus lourdes n'étaient pas encore installée en sept 40, il me semble).
* Les vedettes lance-torpilles sont un plus grand danger, mais dans une bagarre destroyer contre S-boat, c'est quand meme le gros qui a a priori l'avantage. En plus, la Navy a plus de destroyers que la Kriegsmarine n'a de vedettes.
* Les stukas: comme dit précédemment, ils n'ont pas encore le niveau qu'ils atteindront plus tard en tant qu'arme anti-navire. De plus, en l'absence totale de support d'artillerie naval, il faut compter que la plupart sinon la totalité des bombardiers de la Luftwaffe va être mobilisée pour jouer - et selon son entrainement, cette fois - le rôle de substitut d'artillerie. De plus, ils ne servent à rien de nuit.
Pour ce qui est de la dispersion, certes la Royal Navy est occupée sur de nombreux théatres d'opération, mais les forces qu'elle conserve at home sont formidables - surtout vis-a-vis de l'anémie totale en face.
Pour une analyse plus fine de la répartition des navires de la Royal Navy sur les sept mers, j'ai posté les localisation par navire et par mois (et une synthese par mois) sur un autre forum pour
les destroyersles croiseursles cuirassésles porte-avionsAu total, cela leur a fait prendre quelques risques dans l'Atlantique (le début du 'Happy time' pour les U-boats), mais il y avait tellement peu de sous-marins par rapport au nombre de navires que si c'était dommageable, cela ne pouvait pas être catastrophique à court terme.
En termes d'ordre de grandeur, il y avait en moyenne 10 à 15 u-boat à la mer par mois, et 2000 à 3000 navires marchants arrivant dans les ports. Chacun de ces u-boat a 14 torpilles au plus. Donc dans l'extreme absolu pire des cas (toutes les torpilles touchent et chacune coule un navire), cela fait entre 7% et 11% de pertes.
Sachant que la simple mise en place des convois a couté 25% à 30% de perte de tonnage pour cause de moindre efficacité.
Et de toute facon, d'un point de vue stratégique, on ne conserve pas des navires pour un futur ravitaillement qui n'aura plus lieu d'etre si on ne défend pas les iles britanniques.
(et on se rend compte que le point bas pour les escortes Atlantiques est en juin 40. Et que le nombre d'escorteurs en Atlantique a déja plus que doublé en aout).