Bonjour Alain,
Votre exposé sur le côté technique des barges ou péniches est excellent.
Je ne connaissais pas ces graphiques sur la disponibilité des barges sur l'ensemble des ports d'embarquement.
Je ne dispose que d'un seul exemple, celui d'Ostende où il n'y avait que 18 péniches le 31 août, mais 205 le 6 septembre.
Ce constat se situait dans le cadre des photographies prises par les avions de reconnaissance anglais sur les préparatifs offensifs allemands.
Ces photographies avaient révélé d'impressionnants rassemblements de péniches et de barges de débarquement.
Le 6 septembre, les préparatifs allemands semblaient assez avancés au point que les Anglais mirent en place le système d'alerte n° 2, face à la probabilité d'une attaque sous trois jours.
Le lendemain la Luftwaffe effectua un bombardement terrible sur Londres, au point que l'alerte n° 2 fut remplacée par l'alerte n° 1, face à la probabilité d'une invasion dans les douze heures !
Les commandants des armées de terre du sud et de l'est de l'Angleterre recurent l'ordre (sous le nom de code "Cromwell) de se tenir prêts à repousser une invasion.
En fait ce n'était pas le jour J décidé par les Allemands qui voulaient persister dans leurs attaques sur Londres.
Puis à partir du 8 septembre, le temps se gâta, accordant quelques moments de répit aux Anglais.
Il faut noter que les bombardiers lourds britanniques intensifiaient leurs attaques sur les ports belges et français.
J'interromps là ce récit sur lequel nous pourrons revenir et je retourne à votre message plus particulièrement sur ce que vous écrivez en marge du côté technique.
alain adam a écrit:Si Hitler avait réellement eu pour but d'envahir la Grande Bretagne , avant même d'attaquer la France et le Benelux , je pense qu'il aurait fait modifier pendant la drôle de guerre un bon nombre de péniches
Je ne pense pas que Hitler avait en tête une attaque de l'Angleterre avant la campagne de France.
Celle-ci s'est déroulée avec une rapidité imprévue qui a surpris tout le monde y compris Hitler lui même...
Alors...?
Ensuite, sur le nombre de péniches ou de barges que vous estimez nécessaire, pensez vous que l'évolution de ce nombre aurait pu permettre de déterminer le moment opportun pour déclencher une attaque par la mer ?
Non !... le préalable au moment opportun, c'était la mise sous silence de la R.A.F. afin de s'assurer la maîtrise de l'air.
Bien qu'une telle opération présente d'énormes risques, il était possible aux Allemands d'établir une tête de pont sur la côte anglaise avec des troupes aéroportées... Et après ?
Si les voisins d'en haut qui ne vous veulent pas du bien interdisent la traversée des engins flottants transporteurs pour l'essentiel, des blindés et des pièces d'artillerie lourde... Que fait-on ?
Donc, j'insiste, la condition impérative pour assurer le succès de Seelôwe, était d'acquérir la maîtrise de l'air...
Pendant les trois semaines que dura l'attaque de Londres, les pertes en avions et en pilotes furent considérables de part et d'autre.
La R.A.F. s'affaiblissait mais elle résista. D'autant que le dispositif de défense aérienne devenait avec l'appui des radars et leur perfectionnement, de plus en plus efficace. (voir sur la carte le schéma de ce dispositif).
La journée du dimanche 15 septembre 1940 fut particulièrement meurtrière pour la Luftwaffe.
Et parallèlement les bombardiers anglais intensifièrent la destruction des péniches dans les ports de la Manche
Au soir de ce 15 septembre, Goering dut renoncer à l'idée de donner le coup de grâce à la chasse anglaise.
Deux jours plus tard, Hitler ajourna l'opération Seelôwe et donna l'ordre de disperser la flotte de débarquement pour la soustraire aux bombardements. C'est admettre que cet ajournement n'était pas un renoncement.
Mais on verra la suite...
Cordialement,
Roger