Bruno Roy-Henry a écrit:Ceci étant, j'ai laissé une porte ouverte en mentionnant Annie Lacroix-etc. Et si elle avait raison ? Je me suis posé la question, mais je n'ai pas trouvé d'indices.
J'ai prudemment consulté ma hiérarchie et, puisque nous parlons des raisons de la défaite, élargissons le débat :
- Ces raisons ne sont pas a chercher chez nos soldats, ces derniers ayant trouve le moyen de sauver l'honneur dans des conditions totalement épouvantables et certains se sont couverts de gloire dans un cadre qui, hélas, ne leur a pas permis de le faire reconnaitre pendant des décades. Je répète la des choses démontrées plus haut, mais il y a des répétitions qui sont justifiées.
- Les explications purement militaires sont intéressantes mais finissent toujours par sembler incomplètes, donc on remonte la hiérarchie et on se retrouve vite dans le politique, nos militaires ont fait ce qu'ils on pu avec ce qu'ils avaient a l'époque sur les plans matériels, tactiques et stratégiques. Certains cherchent des raisons "en face", âpres tout si boxeur de haut niveau est mis KO au premier round, c'est que son adversaire avait un crochet du gauche plus puissant et probablement un entraineur plus malin.
- Si l'on parle du politique, on constate des faiblesses, de l'impréparation ou plutôt de "l'oubli de préparation", la priorité ayant été donnée de 1933 à 1939 aux tentatives pour calmer le "sale gosse" qui piquait des crises à Berlin en tapant du pied et menaçant de faire pipi par terre et de se rouler dedans.
- Certains, et c'est le point que BRH visiblement souhaite aborder, y ont vu carrément de la complicité avec le Maitre du IIIe Reich. Nos dirigeants, nos élites, nos capitaines d'industrie et de finance, bref ceux que les historiens marxistes appellent "le grand capital", auraient tellement apprécié la façon dont Hitler s'était débarrassé des communistes, des socialistes et des syndicats qu’ils auraient délibérément, et de manière organisée, fait tout ce qui était en leur pouvoir pour livrer la France aux nazis et, eux-aussi, « bénéficier » de ses avantages précieux.
Annie Lacroix-Riz est la plus connue sur ce sujet et son livre « Le choix de la défaite : Les élites françaises dans les années 1930 » (Armand Colin, 2006) est consacre a cette thèse.
Pour parler d’un livre, il serait bon de l’avoir lu ou, au moins de s’être renseigne a son sujet. Je vous donne donc des éléments, ce qui n’est pas une prise de position de ma part mais des informations pour pouvoir en parler :
Présentation de l'éditeur
Quelles sont les causes de la Défaite de 1940 ? Le grand historien Marc Bloch écrivait en avril 1944 : " Le jour viendra [...] et peut-être bientôt où il sera possible de faire la lumière sur les intrigues menées chez nous de 1933 à 1939 en faveur de l'Axe Rome-Berlin pour lui livrer la domination de l'Europe en détruisant de nos propres mains tout l'édifice de nos alliances et de nos amitiés. " Annie Lacroix-Riz analyse l'histoire des années 1930 pour éclairer les causes de la défaite de 1940. Selon elle, les Français n'ont pas été simplement été vaincus en cinq jours par une Wehrmacht invincible ; le haut patronat les a sacrifiés à son plan de " réforme de l'État " copié sur les voisins fascistes et à son obsession d'accord avec le Reich. Cette affirmation incroyable paraît moins audacieuse à la lecture des archives, françaises et étrangères, relatives à une décennie d'actions des élites : militaires ; politiciens ; journalistes ; hommes d'affaires surtout, qui régnaient sur tous les autres, avec à leur tête la Banque de France et le Comité des Forges. L'autonomie des politiciens ou des journalistes relève ainsi du mythe, celle des militaires aussi. C'est bien la France des grands intérêts économiques et financiers qui dicta le choix de l'Allemagne comme partenaire privilégié dès les années 1920 et sabota l'alliance russe de revers qui avait évité la défaite en 1914. Aujourd'hui, l'accès aux archives éclaire les causes intérieures et extérieures de la Défaite et permet " l'instruction du procès de la vaste entreprise de trahison " que réclamait Marc Bloch.
Une interview de l’auteur :
http://www.historiographie.info/menu.html (cliquer sur le lien Le choix de la défaite, colonne de droite)
Une autre en vidéo :
http://www.dailymotion.com/video/xztbh_ ... ite_events
Les critiques d’ALR reconnaissent la richesse et la nouveauté des archives qu’elle utilise, y compris ceux qui critiquent vivement ses conclusions.
Alors, nos « bons bourgeois », sont-ils responsables de la défaite ?
A bientôt de vous lire. Bien évidemment, les interventions de type insultantes passeront à la trappe. Argumentez, critiquez, démontrez, merci d’avance.