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Re: Sabotages communistes en 1940 : mythe ou réalité ?

Nouveau messagePosté: 07 Juil 2013, 14:41
de Marc_91
;) Un discussion intéressante a lieu actuellement sur l'AéroForum Histoire sur ces sabotages : http://www.aerostories.org/~aeroforums/ ... mmsg=53246

Parmi les liens cités, ces articles du "Matin" des 28 et 30 Mai 1940 (via Gallica http://gallica.bnf.fr/searchInPeriodiqu ... geNumber=9 ) :

    Image
Et ce témoignage reproduit par Mr H.-P. Marquis :

Dans son livre "Invisibles vainqueurs" publié en 1990, Paul Martin cite pourtant le témoignage de Paul Panhard, pilote au GC II/7, qui éclaire un peu cette période trouble.Ce dernier rapporte que l'après-midi du 14 mai, un Bloch 220 vint chercher des pilotes et des mécaniciens sur leur terrain de stationnement (a priori Luxeuil) afin de les emmener à Francazal percevoir des D520 neufs (il ne restait alors que 6 Morane disponibles pour les deux escadrilles). A leur arrivée à Toulouse, ils aperçurent des dizaines d'avions flambant neufs, sagement alignés et, semble-t-il, prêts à partir. On leur dit alors qu'ils pourraient partir le lendemain une fois les formalités accomplies. Las, le lendemain, ils apprirent que les avions n'étaient pas tout à fait prêts mais que le départ pourrait se faire le lendemain. En fait, ils restèrent, toujours d'après ce témoignage, plusieurs jours à Toulouse, les avions manquant qui d'un collimateur, qui d'un compas, qui d'un poste de radio, les rendant impossible aux missions de guerre. Pour leur faire passer le temps, on leur fournit trois avions avec lesquels ils formèrent une patrouille de protection des installations! Lassés de ces atermoiements, ils s'en ouvrirent à Marcel Doret qui leur avait présenté, quelques jours auparavant, le prototype du D550.Celui-ci leur répondit "Je ne peux rien faire mais allez voir ce type là-bas. c'est le chef de hangar chargé de la finition des avions et il fait la pluie et le beau temps ici. Tâchez de vous entendre avec lui". Paul Panhard s’exécuta et voici le récit qu'il fait de cet entretien avec le bonhomme. Ce dernier leur dit: " Toi et tes camarades semblent bien pressés de partir. Pourtant la vie est agréable à Toulouse. Et puis, pourquoi risquer sa peau dans une guerre perdue d'avance et qui sera terminée dans quinze jours (erreur, elle dura encore près d'un mois!). Restez bien tranquille ici en attendant la fin. Il faut que tu saches que c'est moi qui commande ici et aucun avion ne partira. Je suis le délégué syndical CGT. Tu connais les liens de la CGT avec le PC. Celui-ci est aux ordres de Moscou. Or Moscou a signé avec Hitler des accords connus de tous (le pacte germano-soviétique d'août 1939). Hitler est donc notre allié et nous devons aider à sa victoire. C'est pourquoi aucun avion ne sera livré. Je m'y oppose."
Paul Panhard déclare alors qu'après avoir rendu compte de cette conversation à ses camarades, ils revinrent voir l'intéressé et luis cassèrent proprement la g.... Avec l'aide des mécaniciens, ils finirent la préparation des avions les plus avancés et rejoignirent leur groupe à Marey-sur-Tille le 24 mai après plus de neuf jours d'absence...
A la suite de ce témoignage, Paul Martin déclare que les allemands trouvèrent de nombreux arsenaux pleins de matériels neufs comme l'autodrome de Monthléry qui était rempli de chars, d'auto-mitrailleuses et de véhicules neufs prêts à l'emploi !

Re: Sabotages communistes en 1940 : mythe ou réalité ?

Nouveau messagePosté: 07 Juil 2013, 17:33
de fbonnus
Certains ne sont pas des mythes même si comme d'habitude, toute les choses ont tendance à être amplifiées.

Certains communistes, plus extrémistes que d'autres, en ont profité pour réaliser des exactions dans l'espoir peut-être de provoquer une révolution "Russe" en France ... N'oublions pas qu'à l'époque, le "rêve" Communiste était très vivace .... on a su beaucoup plus tard (à partir de 1989) dans les pays de l'Est en particuler ce qu'était le "rêve" que les communistes avaient réservé aux populations ...

Re: Sabotages communistes en 1940 : mythe ou réalité ?

Nouveau messagePosté: 07 Juil 2013, 17:43
de François Delpla
Le " témoignage reproduit par Mr H.-P. Marquis" n'est-il pas à la fois un peu trop beau, un peu trop précis, un peu trop indirect et un peu trop tardif ?

Cela sent la fabrication d'officine à deux kilomètres.

Re: Sabotages communistes en 1940 : mythe ou réalité ?

Nouveau messagePosté: 07 Juil 2013, 19:45
de Alfred
Pour Montlhéry,j'ai eu le témoignage de mon père pendant la retraite des éléments de la 2ième DCr vers la Loire.Il y avait vu du matériel automoteur antichar de 47 flambant neuf,mais il était interdit d'y toucher pour l'évacuer alors que les Allemands seraient là dans 48 heures tout au plus.......Ils sont repartis la rage au coeur.....Relisez aussi le témoignage d'un ouvrier de chez Renault que rapporte Marc Bloch...L'ouvrier en question étant un travailleur trop actif sur la chaine de production des chars,ses outils disparaissaient pour l'empêcher d' oeuvrer...

Re: Sabotages communistes en 1940 : mythe ou réalité ?

Nouveau messagePosté: 07 Juil 2013, 21:30
de Marc_91
François Delpla a écrit:Le "témoignage reproduit par Mr H.-P. Marquis" n'est-il pas à la fois un peu trop beau, un peu trop précis, un peu trop indirect et un peu trop tardif ?

Cela sent la fabrication d'officine à deux kilomètres.

:? De la même eau, mais pas de la même source, voici le témoignage du général Duval, alors qu'il était capitaine au GC III/3 en 1940, recueulli par Lionel Persyn et publié dans le N°52 de la revue "avions" :

Le système fonctionne jus­qu'au 3 juin, date à laquelle la Sème escadril­le revient de Toulouse avec ses douze Dewoitine D.520 tous neufs.

La 6ème escadrille, au complet, part à son tour pour Toulouse. Là, de nouvelles surpri­ses nous attendent. Les D.520 nous sont livrés au compte-goutte. Au printemps, le GC I/3 a été chargé à Cannes de l'expérimenta­tion opérationnelle du D.520 et a trouvé 132 modifications à effectuer, ce qui retarde évi­demment la sortie des avions de série. Mais plus grave : la CGT, maîtresse d'oeuvre à l'usine de Toulouse, a reçu l'ordre du Parti Communiste de ne pas aller trop vite dans la sortie d'avions, car il existe un pacte germano-soviétique.

C'est ahurissant : le terrain de Francazal est inondé d'avions neufs indisponibles, cepen­dant que de braves pilotes français se font tuer sur Morane 406.

Re: Sabotages communistes en 1940 : mythe ou réalité ?

Nouveau messagePosté: 07 Juil 2013, 21:59
de Darlan
Franchement je ne pense pas que la CGT ait voulu faire une révolution comme en URSS. Par contre il est vrai que le parti communiste qui contrôlait la CGT était aux ordres de Moscou. Non seulement beaucoup de Dewoitine D 520 n'ont pas été livré mais aucun Arsenal VG 33 n'est sorti des usines. Avec eux la Luftwaffe aurait eu beaucoup plus de mal. Mon oncle en 1939 a été convié à l'inauguration du dernier char B1 bis. Les chars étaient nombreux et magnifiques mais leurs canons étaient en bois ::tank:: ....Des chars sans canons cela ne sert pas à grand chose. Je suppose que dans l'atelier des canons la cellule CGT était très active. Mon père avait un fusil et des balles mais ce n'était pas les balles pour le fusil. Un seul véhicule pour son régiment du génie une voiture à bras....Là la CGT n'avait rien à voir avec ce manque de matériel, c'est plutôt l'incurie de l'intendance.

Re: Sabotages communistes en 1940 : mythe ou réalité ?

Nouveau messagePosté: 07 Juil 2013, 23:16
de Alfred
Les quelques bombardiers Amiot sortis d'usine et qui devaient équiper une escadrille sont interdits de vol les trains ont été saboté,y compris sur celui utilisé par Weygand pour sa visite aux unités encerclées du Nord,un miracle le train a tenu......

Re: Sabotages communistes en 1940 : mythe ou réalité ?

Nouveau messagePosté: 07 Juil 2013, 23:37
de fredhongrie
Autrement dit, les consignes provenant d'Union Soviétique ont été strictement respectées...

Re: Sabotages communistes en 1940 : mythe ou réalité ?

Nouveau messagePosté: 08 Juil 2013, 00:00
de Darlan
Oui très souvent. Il faut noter toutefois que des communistes courageux ont refusé de les suivre. Ils se sont fait exclure du Parti.

Re: Sabotages communistes en 1940 : mythe ou réalité ?

Nouveau messagePosté: 08 Juil 2013, 00:19
de Marc_91
:? Ci-dessous quelques extrait du Docavia de Jean Cuny & Raymond Danel sur les LéO-45, Amiot 350 & autres B4 :

Plusieurs incidents de moteurs survinrent en cours de réception, certains aux conséquences graves, notamment pour les avions n° 16 et 32. Une enquête, qui entraîna plusieurs arrestations à l'usine de la S.N.C.A.C. de Billancourt, où s'effectuait l'équipement des
moteurs, conclut au sabotage, les expertises ayant révélé la présence de boulons dans les cylindres.

Il doit s'agir des ouvriers cités dans l'article du "Matin". Page 270 toujours :

Aucune opération malveillante du même genre ne fut officiellement constatée à la même époque chez Amiot. Cependant le 31 mai le CRAS ne signalait pas moins de 25 moteurs 14 N « avariés » sur des avions présentés en réception : 7 sur Amiot et 18 sur LeO. Et la
perte successive de deux Amiot, par suite de décrochages sans raison en fin de décollages, allait provoquer une vérification soigneuse de tous les avions neufs et amener la découverte dans les arrière-fuselages, à proximité des commandes, de pièces métalliques n'ayant rien à y faire. A posteriori cela allait démontrer la probabilité de sabotages. Les coupables ne furent jamais identifiés ; ils avaient tué 9 hommes !

Rien à propos des trains d'aterrissage, Alfred, mais toujours à propos des sabotages des commandes, page 294 :

Dans la nuit du 2 au 3 un accident mortel endeuilla le 11/21 : en vol d'entraînement autour du terrain de Saint-Florentin le 354 n° 8 s'abattit soudainement, piquant à la verticale depuis une altitude de 100 m environ, sans que les coups de moteurs donnés par le pilote pussent redresser sa trajectoire. Les 3 occupants trouvèrent la mort : le moniteur, l'A/C Carteron, les Sergents Decombes et Clément. Récemment affecté au groupe, Decombes était un réserviste, mais un pilote d'Air-Afrique qui avait à son actif 4 000 h de vol, dont 600 de nuit. La cause de l'accident demeura tout d'abord inexpliquée. Quelques jours plus tard une vérification systématique des appareils récemment mis en service permit de découvrir, dans le fuselage arrière des Amiot 351 n° 71 à 73, livrés au groupe le 2 juin, des broches en acier de 200 x 14 mm. Celles-ci étaient bien placées pour bloquer la commande de profondeur. Il n'a jamais pu être établi en toute certitude s'il s'agissait là de graves négligences ou d'un sabotage délibéré, mais un accident ultérieur analogue, amenant de nouvelles découvertes de ce genre, semble accréditer la seconde hypothèse.