Je viens moi-même de pondre sur Aéroforum
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éclairages générauxde François Delpla (10/07/2013 07:27:29)
en réponse à Re:Ouvrage étranger de Pascal Gaste (07/07/2013 23:03:04)Voilà, je pense, un sujet qui devrait progresser avec l'étude du nazisme et de la façon dont, peu gêné, il manoeuvre jusqu'à la mi-mai 40, moment où l'autorité grandissante de Churchill met dans le fruit un ver qui deviendra peu à peu un dragon.
Le pacte germano-soviétique est un OPNI (p pour "politique") : pas une alliance, ni rien qui ressemble à du déjà vu.
Il ne peut pas avoir deux auteurs, ni, en conséquence, deux calculateurs. Et celui qui calcule accule : l'autre est mort de trouille. Groggy, il signe comme un automate, ou un innocent après une garde à vue frauduleuse (de type stalinien, par exemple).
L'un des traits dominants de Staline est son mépris pour les communistes, nationaux comme étrangers. On va leur faire comprendre la marche du monde, à ces naïfs ! Depuis un bon moment il ne carbure qu'à l'intérêt national russe... et, devant le péril hitlérien que l'Occident a laissé croître comme un champignon, il le sauvegarde à la va-vite en août 1939. Les PC, le Komintern ? On voit cela plus tard. Le 7 septembre précisément, jour du tournant : d'antinazie, la guerre devient "impérialiste", comme en 14. Dès lors, on pare à toute éventualité, en donnant des gages à tout le monde.
On peut prendre l'exemple des Etats baltes : ils sont occupés mais absolument pas soviétisés (l'Armée rouge ne stationne que dans les casernes) dans l'automne 39; ils seront en revanche soviétisés au pas de course en juin 40... dès le lendemain de la prise de Paris. Or ces étapes ne sont que très rarement distinguées, encore aujourd'hui ! Cela obligerait trop à réfléchir. Et à comprendre que Staline pouvait prendre des gages sans les abîmer, en attendant de voir comment le vent tournait.
Tout cela pour dire que, ne disposant pas de lumières particulières sur les sabotages, je pense qu'en revanche il y a moyen d'avancer sur la question des éventuelles consignes. D'autant que, moscoutaires, elle auraient resurgi après 1991. Et que, françaises, elles auraient laissé des traces : les ex-communistes, y compris les ex-membres de la direction, disposés à se mettre à table sont nombreux (Auguste Lecoeur fut l'un des premiers, dès les années 50 : n'oublions pas la guerre froide !).
Le témoignage de Paul Panhard est effectivement des plus suspects... or c'est le seul précis ! Je veux dire, sur l'existence de consignes, politiquement élaborées. Cela sent l'officine de guerre froide, à deux kilomètres.
Alors, oui, des militants qui se croient tenus de lutter "contre la guerre", dans une logique qu'on retrouvera en Indochine dans un contexte quelque peu différent, voilà sans doute la meilleure explication de ces actions rares et dispersées.
Mon hypothèse, donc : le pacte a déboussolé... et personne n'a reboussolé. Cela allait trop vite. Sous la direction indirecte de Hitler.
ps
Outre les révélations des ex, il convient de prendre en compte la politique récente du PCF, versant ses archives à l'Etat, et le fait que la famille Thorez-Vermeersch a ouvert les siennes à une historienne non communiste, Annette Wieviorka. Si "consigne" précise il y avait eu, il en serait bien resté quelque chose quelque part, Annette l'aurait trouvé et n'aurait pas hésité à le publier.
Sauf à estimer que ce mouvement en perte de vitesse allait, juste avant d'ouvrir ses cartons, y lâcher des dizaines d'historiens très qualifiés pour faire un tri.