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Hitler, Chef de Guerre ?

Cette rubrique renferme tout ce qui concerne le front ouest du conflit, y compris la bataille des Ardennes ainsi que les sujets communs à tous les fronts tels, les enfants et les femmes dans la guerre, les services secrets, espionnage...
MODÉRATEUR: gherla

Nouveau message Post Numéro: 11  Nouveau message de Nicolas Bernard  Nouveau message 31 Déc 2007, 17:45

mansteinpearl a écrit:Hitler conduit certes une guerre mais comme précisé, une guerre multipolaires (economique, militaire, politique, idéologique ..)


... et psychologique. Il essaie réellement de percer à jour ses ennemis. Ce dictateur, d'une manière qui m'échappe, a parfaitement su capter ce qui fondait la médiocrité de l'âme humaine, et il en tire parti. Dans le cas contraire, comment expliquer que des personnalités aussi apparemment brillantes que Speer, Göring, Guderian, Manstein, Rommel l'aient suivi ?

S'il s'agissait de dénicher une comparaison cinématographique, et histoire d'être plus clair, il ne faudrait évidemment pas chercher Hitler du côté du nanar Le Führer en folie, mais bien plutôt chez Hannibal Lecter ou l'Empereur Palpatine. :mrgreen:




Mais les exemples de Sedan de 1940 et du debarquement de 1944 (Hitler avait dit que les Alliés debarqueraient a cet endroit) .. ne sont ils pas que des hypotèses lancées par Hitler ?


Dans le cas de Sedan, Hitler fait davantage qu'émettre une hypothèse : il transforme radicalement le plan, et le met personnellement en pratique à sa convenance, selon sa propre stratégie diplomatique.

Dans le cas de sa méfiance envers la zone normande, son intuition ne sera en revanche que passagère. Comme les autres hiérarques de la Wehrmacht, il sera intoxiqué par les Alliés et ses propres services de renseignements.

Cela dit, sa décision de conserver le contrôle de la réserve stratégique des Panzer, qui lui a été également reprochée, résultait de considérations loin d'être exclusivement militaires. Il savait en effet que des généraux conspiraient contre lui. Cet obsédé du coup de poignard dans le dos tenait à garder la haute main sur les divisions blindées, de manière à éviter l'ouverture de la France aux Alliés. En ce sens, l'attitude future d'un Rommel ou d'un Von Kluge lui donneront raison.



Il a trouvé des stratèges ayant mis en application des plans de guerre (Manstein, Rommel, Guderian, ...) mais pour lui, cela n'etait que des idées et non pas des plans de batailles précis comme pour ces géneraux


Pas d'accord je ne suis, comme dirait une certaine "misérable petite créature verte". D'une part, Hitler est souvent, très souvent même, intervenu dans le domaine tactique de la chose militaire, et c'est d'ailleurs ce qui lui a souvent été reproché. D'autre part, c'est lui qui a décidé de s'entourer des meilleurs stratèges et leur a offert les moyens de leurs ambitions.



On peut dire qu'il a revendiqué la paternité des succès, repoussant les défaites et les mettant sur l'incapacité de ces géneraux ... tel à l'Est post 1943 et à l'Ouest post debarquement ...


Il prépare sa sortie. Comme Napoléon, comme tout héros, il a besoin de lâcheurs et de traîtres pour illuminer son auréole de martyr.
« Choisir la victime, préparer soigneusement le coup, assouvir une vengeance implacable, puis aller dormir… Il n'y a rien de plus doux au monde » (Staline).

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Nouveau message Post Numéro: 12  Nouveau message de Nicolas Bernard  Nouveau message 31 Déc 2007, 17:47

Daniel Laurent a écrit:C'est depuis 1925 qu'il s'est cru infaillible et la prise du pouvoir en 1933 n'a fait que le comforter (Arf, conforter ?) dans cette idee.


Et même depuis bien avant, à mon sens. Ses années autrichiennes témoignent des premiers signes de sa mégalomanie. Ce fils à maman ne se remettra pas de la perte ses illusions de grandeur.
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Re: Hitler, Chef de Guerre ?

Nouveau message Post Numéro: 13  Nouveau message de Olivier Perronny  Nouveau message 04 Jan 2008, 11:04

mansteinpearl a écrit:Hitler, chef de guerre de génie, simple "caporal" aux intuitions fortuites ou simplement chef politique charismatique entouré des bons stratèges ?(...)


Il n'avait certes pas la culture militaire notamment la gestion de la logistique. Il s'interesse avant tout au résultat et à l'objectif et c'est tout à fait normal vu son rôle de chef. Toutefois, utiliser un nombre trop important de matériels de provenance diverses fût une énorme erreur logistique.

Il a souvent été assez habile pour mettre les militaires dans sa poche quand il fallait et ceux-ci ont souvent été prompts à rejeter certaines erreurs sur sa personne en cas d'échec.

Quand à 1940 et au fameux coup de faucille, si l'on se base sur l'ouvrage de François Delpla, La Face cachée de 1940, Hitler qui souhaitait terminer la guerre à l'ouest rapidement, a lancé un avertissement aux alliées ( F/GB) en , "Quand nous serons à Calais il sera encore temps de négocier". Est ce que cela signifiait que le coup de faucille était déjà prévu?

Quand on regarde les différents plans d'offensives allemandes, la plupart du temps, elles partent sur plusieurs axes puis en fonction des progressions se recentrent pour encercler des groupes d'armée ennemis.

C'est la même chose en 1940

Image

C'est purement l'exploitation opportuniste dans un but précis, couper les armées les unes des autres et pour la campagne de France, isoler les belligérants.


Joachim a écrit:(...)
Pour en revenir à la campagne de Mai 1940 et du coup de faucille, je ne vois pas où est le "génie" d'Hitler là dedans; la victoire de l'allemagne sur les autres pays européens étant avant tout le fruit de la compétence des généraux allemands ...


Un général va permettre de remporter une bataille, une campagne mais il faut un chef pour terminer la guerre. Et quand les généraux remportent des batailles dont aucune n'est décisive, le chef ne peut plus grand chose.

Audie Murphy a écrit:Il n'empêche que ses succès initiaux ont fait qu'il s'est cru infaillible et que c'est à ce moment qu'il s'est mis à prendre des décisions douteuses. L'attentat de 44 a peut-être fini de convaincre Hitler que plus personne n'était digne de confiance dans l'Armée.


Je pense qu'il n'a jamais eu réellement confiance en l'Armée. Il savait utiliser ses forces mais quand trop de faiblesses sont apparues, il a rapidement chercher autre chose d'ou la création de divisions de la waffen-ss plus sures politiquement.

Le personnage est complexe quand il annonce qu'il va retirer les ss-panzer divisions de l'opération citadelle après le débarquement allié en Italie et la chute de Mussolini, il prend prétexte de sa volonté de ne pas abandonner le fascisme en Italie. Etait-il sincère ou bien cherchait-il simplement à retirer du front des unités fidèles et exangues après les combats de juillet 1943?

Olivier


 

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Nouveau message Post Numéro: 14  Nouveau message de tietie007  Nouveau message 26 Avr 2008, 06:52

Nicolas Bernard a écrit:Je crois qu'on aurait tort de limiter l'analyse du talent militaire de Hitler au seul domaine... militaire. Le dictateur raisonnait bien au-delà du champ de bataille, essayait de s'insinuer dans le crâne de ses ennemis pour mieux les manipuler, bref se fondait toujours sur une vision d'ensemble de la situation, laquelle échappait à ses généraux. Chez lui, tout est lié : armée, génocide, économie, religions, diplomatie.

Exemple ? La fameuse décision d'obliquer les Panzer sur Kiev en août 1941, qui lui a longtemps été reprochée. En vérité, et quoique audacieux, Hitler ne pouvait guère prendre le risque d'avancer sur Moscou en dédaignant les armées soviétiques d'Ukraine. D'un autre côté, il avait absolument besoin d'un triomphe militaire qui le mettrait en position de force :

1) vis-à-vis du peuple allemand, lequel se laissait aller à critiquer l'extermination des malades mentaux - or, c'est au même moment que Hitler mettait en marche l'annihilation des Juifs, et il a du suspendre la directive d'extermination... jusqu'en octobre-novembre ;
2) vis-à-vis des Occidentaux, pour décourager les Etats-Unis, qui tempéraient jour après jour leur neutralité ;
3) vis-à-vis de l'armée, qu'il fallait reprendre en main en douceur, pour lui rappeler qui était le vrai dirigeant ;
4) vis-à-vis des Soviétiques, enfin, en s'emparant de leurs ressources alimentaires, en conquérant une base de départ pour le pétrole caucasien, bref en préparant une guerre qui s'annonce plus longue que prévu, tout en déprimant davantage les peuples d'U.R.S.S. et en sécurisant la prochaine offensive sur Moscou.

Résultat ? L'Ukraine sera conquise, tout un groupe d'armées soviétiques anéanti, et le Volk plus que jamais enclin à croire aux vertus stratégiques de son "guide". De fait, le 8 novembre 1941, Hitler peut à nouveau relancer le processus d'extermination des Juifs d'Europe, suspendu depuis début août dans les zones situées hors des territoires soviétiques occupés, à commencer par le Grand Reich.

Autre exemple : la campagne de France. Contrairement à la légende, c'est Hitler qui a eu l'idée du "coup de faux" et - mieux encore - la mettra en pratique de telle manière que la manoeuvre sera totalement imprévisible pour le monde entier pendant la première semaine de la campagne, y compris même des généraux allemands, à commencer par Heinz Guderian.

Hitler, le premier, a songé à Sedan pour y effectuer une percée, en octobre 1939, mais il ne matérialisera définitivement sa volonté d'en faire le centre de gravité de l'invasion qu'après sa rencontre avec Von Manstein en février 1940. Au moins tient-il compte, envers et contre tous, de l'avis de ce brillant officier. Cela étant, c'est bel et bien Hitler qui imposera le "coup de faux", Manstein n'ayant rien prévu de bien précis après succès de la percée sur la Meuse. Afin d'adapter le mouvement des troupes à sa guise, le Führer a diaboliquement réparti les officiers requis aux postes clés : Guderian pour accélérer la marche, Kleist pour la ralentir. C'est que l'offensive militaire va s'accompagner d'une démarche politique visant à expédier à Londres et Paris des émissaires suédois chargés d'une mission de paix. En encerclant les armées alliées dans la poche de Dunkerque, Hitler espère s'emparer d'otages qui pousseront les Alliés à négocier une paix avantageuse qui lui permettra d'envahir l'Union soviétique.

Précisons pour finir que le concept du tandem char-avion a été appuyé par Hitler dès les années trente. En l'absence du Führer, jamais Guderian n'aurait réussi à vaincre les réticences de l'O.K.H., et notamment du Generaloberst Ludwig Beck, opposant acharné à Hitler... et aux idées développées par "Heinz le rapide".

En d'autres termes, la première réaction à avoir face à une décision apparemment irrationnelle de Hitler en matière militaire n'est pas de la lui reprocher, mais de se demander quel(s) intérêt(s) politique(s), diplomatique, économique, racialiste elle était susceptible de lui apporter.


1) L'option ukrainienne fut la première grande crise entre Hitler et ses généraux, en août 1941. Guderian était plutôt pour foncer vers Moscou, quitte à laisser, sur ses flancs, une masse importante de troupes soviétiques, Hitler était pour prendre l'Ukraine, grenier à blé de l'URSS, et disposant de matières premières nécessaires au Reich, comme le Nickel. Certains historiens disent, que si l'encerclement de Kiev fut une formidable tactique, elle fut une défaite stratégique, puisque le temps perdu en Ukraine ne se rattapera pas !
Je rajouterai que la crise d'août 1941, souligne la mauvaise évaluation du potentiel soviétique et la relative faiblesse des effectifs allemands, notamment en chars, pour prétendre à attaquer dans trois directions différentes, Léningrad, Moscou et Kiev ! C'est d'ailleurs après cette réunion avec ses généraux, qu'Hitler se serait exprimé sur le fait que les militaires ne comprennaient pas la dimension économique de cette guerre !

2) Hitler qui a eu l'idée du "coup de faux" ? Tu en es sûr ? Quelles sont tes références pour appuyer cette thèse ? J'ai toujours entendu dire que le Plan par les ardennes était une idée de Manstein, repoussé par l'OKH et validé, par la suite, par Hitler lui-même.

3) Hitler avait un côté aventurier qui le poussait à plutôt choisir des options originales au détriment de stratégies militaires conventionnelles et il a bien évalué le parti qu'il pouvait tirer de la Blitzkrieg.
On peut dire que la formidable victoire sur la France peut lui être attribuée, même s'il n'a pas complètement exploité celle-ci, avec ses fameux "haltbehfel" qui ont permis le succès de l'Opération Dynamo et l'évacuation du corps expéditionnaire anglais. La victoire radicale sur la France fut tellement inattendue que personne n'avait réfléchi à la suite ...D'où un flottement bien compréhensible, et comme le résuma Ciano, l'impression que le Führer, comme un joueur de poker qui avait réussi un gros coup, voulait se retirer de la table !

Or comme Pierre Marie de la Gorce, dans son livre Une guerre inconnue, 1939-1945, je pense que les allemands ont manqué une occasion unique de vaincre les anglais, entre juin et décembre 1940 ou en tout cas d'investir toute l'Afrique du Nord. Les britanniques après la défaite française sont très affaiblis, et ils ne disposaient que de 25 000 hommes en Egypte. Une simple division blindée allemande aurait suffit à prendre la terre des Pharaons et à l'époque, Hitler avait les moyens de faire plier Franco. Si il n'y a pas de compte-rendu officiel de l'entrevue d'Hendaye, entre le Führer et le Caudillo, nous savons, par la correspondance de Franco avec son beau-frère, Serrano Suner, que l'espagnol voulait rentrer en guerre du côté de l'allemagne à condition d'avoir le Maroc français. Or, Hitler, en acceptant Vichy, signifiait déjà le futur statu quo en Méditerranée et implicitement, la future option russe.
Le choix d'attaquer l'URSS fut donc plus idéologique que rationnel. Après juin 1940, il aurait été possible, pour Hitler, de faire céder l'Angleterre. L'Afrique du Nord, trop faiblement défendue, aurait été facile à prendre avec les troupes Italiennes, Gibraltar prit sans coup férir avec les espagnols, il ne restait plus qu'à essayer de débarquer sur les îles Britanniques, entreprise toujours incertaine, mais jouable, juste après la défaite de la France. Raeder, dans ses deux Mémorandums a essayé de rallier le Führer à cette stratégie, mais l'opération Otarie n'a jamais vraiment intéressé Hitler, puisque de toute façon, dès juin 40, il a son regard qui se tourne vers l'Est.

4) Enfin Hitler n'a pas vraiment saisi les implications logistiques de la guerre moderne. C'est avant tout un politique qui pense que la volonté peut tout, même faire plier la réalité ! D'où ces errements en Russie, où ils assignent à ses troupes des objectifs irréalisables, comme en juin 1942, avec le trop ambitieux Plan Bleu ! Si le Führer a bien saisi la dimension économique de cette guerre, il a évacué la dimension logistique de ses troupes en opération.
La crise de décembre 1941 où il a commandé à ses troupes de ne plus reculer, ce en quoi il avait raison, a renforcé, chez lui, cette dimension volontariste de la guerre.

En résumé, si on peut dire que l'autodidacte Hitler a quelques fulgurances stratégiques, on peut souligner, aussi, son amateurisme dans les questions logistiques et sa conception limitée de l'art de la guerre, se réduisant uniquement à une affaire de volonté !


 

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