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Questions autour du "Massilia"

Nouveau messagePosté: 10 Oct 2007, 20:29
de François Delpla
Mon travail sur la captivité de Mandel m'amène à méditer sur son attitude avant, pendant et juste après la traversée du Verdon à Casablanca. Et notamment sur la réaction des 27 parlementaires embarqués à l'annonce de la signature de l'armistice par le capitaine, le 23 juin 1940, veille de l'arrivée au Maroc.

Prenons le récit de Jean Zay, prononcé publiquement lors de son procès, le 4 octobre. Il indique que les parlementaires se sont réunis dès l'annonce de l'armistice et ont décidé de l'envoi d'un télégramme réclamant au gouvernement qu'il donne l'ordre au capitaine de rentrer en métropole pour qu'ils puissent accomplir "leur devoir". Le capitaine refuse de transmettre en arguant qu'il ne doit pas faire d'émissions de radio par peur des sous-marins, et le message est expédié dès l'arrivée à Casa. Zay, qui n'a pas fait état de voix discordantes, peut-être pour ne point crééer, à cette date du 4 octobre où les "bellicistes" sont pourchassés, d'ennuis judiciaires à certains collègues, précise cependant que le procès-verbal enregistrant le contretemps dans l'envoi du télégramme est "signé de tous". Or d'une part c'est un type très intègre et d'autre part dans cette enceinte judiciaire il n'avait pas intérêt à bobardiser au sujet d'un document écrit et signé.

Si nous prenons maintenant le livre récent d'Eric Roussel sur Mendès France, nous y trouvons une fort intéressante lettre de Mendès à Churchill, datée de mars 1949, au lendemain de la parution du tome correspondant des mémoires du Vieux Lion. Il lui signale avec un respect infini certaines inexactitudes dans son récit de l'odyssée du Massilia puis précise qu'un sien livre de 1943, Liberté, liberté chérie, était incomplet :

"Mon livre a paru pendant la guerre alors que Mandel et Zay étaient aux mains de l'ennemi et que la famille Vienot se trouvait en France. Il aurait été dangereux pour eux de mentionner des faits que l'on n'aurait pas manqué de leur imputer à crime. C'est pour cette raison notamment que je n'ai pas parlé dans mon livre des projets qu'avait nourris Mandel en vue de la poursuite de la guerre en Afrique du Nord, malgré l'armistice signé par les autorités de Vichy."

En 1945, on racontait aussi comme un fait d'évidence que Campinchi avait proposé, le 23, de détourner le paquebot vers l'Angleterre. Des écrits vichystes ayant prêté ce dessein à Zay et à Daladier, Albert Kammerer affirma dans La vérité sur l'armistice (2ème édition, 1945, p. 272), sur la foi du témoignage de Pomaret, alors ministre de l'Intérieur, que seul Campinchi avait fait une telle tentative. Mais Campinchi est mort (de maladie) en 1941, et Pomaret n'était pas sur le navire.

Bref, dès qu'on cherche la précision, tout s'effiloche !

Merci d'avance des éléments que vous pourrez m'apporter.

Nouveau messagePosté: 11 Oct 2007, 20:12
de dynamo
Je n'en suis pas certain, mais, il me semble que Tony-Révillon a tenu un journal sur le Massilia et sur la rencontre avec Noguès.