Le raid sur Dieppe
Introduction
Le raid de Dieppe en France le 19 août 1942, marque un moment déterminant de la Seconde Guerre mondiale. Alors que la presque totalité de l'Europe continentale était sous contrôle des Allemands, les forces alliées faisaient face à un ennemi solidement retranché. Elles devaient trouver un moyen de prendre pied sur le continent, et elles tirèrent du débarquement à Dieppe des leçons inestimables pour le succès de l'invasion du jour J en 1944, qui permirent de sauver un nombre incalculable de vies lors de cette offensive capitale.
La grande majorité des attaquants lors du raid sont des Canadiens. En tout, 6 100 hommes y participent, dont 5 000 Canadiens, les autres étant environ 1 000 commandos britanniques et 50 American Rangers. Les forces d'appui comprennent huit destroyers de la Marine royale et 74 escadrilles aériennes alliées, dont huit appartiennent à l'Aviation royale du Canada. Le major général J.H. Roberts, officier général commandant de la 2e Division canadienne, est nommé chef de l'armée; le commandant J. Hughes-Hallett, de la Marine royale, chef des forces navales et le vice-maréchal de l'air T.L. Leigh-Mallory, chef des forces aériennes.
Naivre Britanniqes qui a pris part au raid sur Dieppe
Il ne fait aucun doute que l'on a pu tirer des leçons précieuses de ce terrible matin du 19 août 1942, mais à quel prix! Sur les 4 963 Canadiens qui se sont embarqués pour cette opération, seuls 2 210 sont revenus en Angleterre, et bon nombre d'entre eux étaient blessés. Les pertes s'élevaient à 3 367, dont 1 946 prisonniers de guerre; 913 Canadiens ont donné leur vie.
Des aviateurs de la RAF qui ont participé au raid de Dieppe
À la recherche de solutions
Au printemps de 1942, la situation des Alliés était peu rassurante. Les Allemands avaient pénétré profondément en Russie, la 8e Armée britannique en Afrique du Nord avait dû se replier sur l'Égypte et en Europe de l'Ouest, les forces alliées avaient été repoussées de l'autre côté de la Manche en Grande-Bretagne.
À ce moment, les Alliés ne disposaient pas de forces suffisantes pour entreprendre l'opération Overlord, la grande invasion de l'Europe de l'Ouest. Il fut plutôt convenu d'organiser un raid contre le port français de Dieppe. Il s'agissait d'une occasion de mettre à l'essai un nouveau matériel et de fournir l'expérience et les connaissances nécessaires pour préparer une grande attaque amphibie qui serait déployée un jour pour défaire les Allemands. Puisque les troupes s'entraînaient depuis quelques années en Grande-Bretagne, certains politiciens et généraux canadiens avaient hâte de voir les soldats canadiens en action.
Afin d'atteindre les objectifs fixés, on prépara donc les plans d'un raid à grande échelle qui aurait lieu en juillet 1942. Ce raid porterait le nom de code l'Opération Rutter. Le Canada fournirait le gros des troupes d'attaque avec la Grande Bretagne. Le 20 mai, les troupes de la 2e Division d'infanterie canadienne entreprennent à l'île de Wight un entraînement intensif en vue des opérations amphibies. Toutefois, le mauvais temps en juillet empêcha de déclencher le raid alors que certains soutenaient qu'il fallait y renoncer. Cependant, au bout de quelques semaines, le plan d'action est repris sous le nom de code Jubilee. L'objectif demeure toujours le port de Dieppe sur la côte française.
L'attaque sur Dieppe eut lieu le matin du 19 août 1942. Le plan prévoit des attaques en cinq points différents sur un front d'environ 16 kilomètres. Quatre débarquements de flanc simultanés doivent avoir lieu à l'aurore, suivis une demi-heure plus tard de l'attaque principale contre la ville de Dieppe elle-même. Ce sont les Canadiens qui sont chargés de l'attaque de front à Dieppe. Ils doivent également débarquer à Puys, à quatre kilomètres à l'ouest, et à Pourville à l'est. Les commandos britanniques doivent détruire les batteries côtières à Berneval, sur le flanc est, et à Varengeville à l'ouest.
Le secteur Est
Le 19 août 1942, alors que les forces de débarquement s'approchent de la côte de France aux petites heures du matin, les péniches de débarquement du secteur Est rencontrent un petit convoi allemand. Le bruit du bref et violent combat naval qui s'ensuit alerte les défenses côtières, particulièrement à Berneval et à Puys. Avec les Allemands maintenant en position de défense, l'élément de surprise disparaissait. Les péniches qui transportent le Commando n° 3 sont éparpillées et la plupart des troupes n'arrivent pas à débarquer. Les soldats qui arrivent à le faire sont rapidement débordés. Une vingtaine de commandos réussit à s'approcher à 180 mètres de la batterie allemande. Leur tir précis neutralise la batterie qui, pendant deux heures et demie d'une importance capitale, ne peut pas diriger le feu de ses canons contre les navires d'assauts. Ils sont ensuite évacués.
Les falaises à la plage de Puys
À Puys, le Royal Regiment of Canada partage cette malchance. La plage est extrêmement étroite, commandée par des falaises élevées où les soldats allemands sont stratégiquement déployés. Le succès exigeait la surprise et l'obscurité, qui font toutes deux défaut. Ce débarquement s'étant effectué en retard, les soldats allemands ont pu se préparer à soutenir une attaque. Les Canadiens sont accueillis par un violent tir de mitrailleuses à la lumière du jour qui se lève. Seuls quelques hommes réussissent à franchir le fort réseau de barbelés sur la digue à la tête de la plage; ils ne reviendront pas. Le reste des troupes, avec trois pelotons de renfort du Black Watch (Royal Highland Regiment) sont immobilisés sur la plage par le feu des mortiers et des mitrailleuses et sont finalement obligés de se rendre. Sous le feu des Allemands, l'évacuation est impossible. Parmi les soldats débarqués, 200 sont tués et 20 mourront plus tard de leurs blessures. Le reste est fait prisonnier. Ce sont là les plus lourdes pertes subies par un bataillon canadien en une même journée au cours de toute la guerre. Le promontoire est n'ayant pas été dégagé, les Allemands peuvent prendre les plages de Dieppe en enfilade et neutraliser l'attaque frontale principale.
Le secteur ouest
Entre-temps, dans le secteur ouest, l'effet de surprise n'est pas complètement perdu. Alors que le Commando no 3 n'a connu que des malheurs sur le flanc est, l'opération du no 4 réussit parfaitement. Conformément au plan, le Commando débarque, détruit les canons de la batterie située près de Varengeville et se retire sans encombre.
Convoi transportant des troupes canadiennes se dirigeant vers Dieppe.
À Pourville, les Canadiens surprennent l'ennemi. En débarquant sur les plages, le South Saskatchewan Regiment et le Queen's Own Cameron Highlanders of Canada ne rencontrent qu'une légère résistance. Celle-ci s'affermit cependant au moment où le South Saskatchewan, appuyé du Cameron, traversent la rivière Scie. Après de durs combats ils sont arrêtés bien avant d'atteindre la ville de Dieppe. La force principale du Cameron s'avance vers son objectif, un aérodrome intérieur, et franchit environ trois kilomètres avant d'être obligé de s'arrêter. Les deux régiments tentent alors de se replier.
Le South Saskatchewan Regiment (Britanniques) et le Queen's Own Cameron Highlanders of Canada (Canadiens) subirent de lourdes pertes pendant la retraite. L'ennemi fit porter un feu nourri sur la plage à partir des hauteurs à l'est et à l'ouest de Pourville. Cependant, les péniches de débarquement bravèrent la pluie de feu et, grâce à l'appui d'une vaillante arrière-garde, le gros des deux unités réussit à s'embarquer, bien que bon nombre des hommes aient été blessés. Il sera impossible de ramener l'arrière-garde. Les munitions faisant défaut et toute autre évacuation étant impossible, elle capitula.
sources : http://www.vac-acc.gc.ca/remembers_f/su ... pe/dieppe2