laverdure a écrit:Bonsoir Grumly,
je suis tombée cet après-midi sur ce site gouvernemental américain : il parle des avoirs allemands à l'étranger (Argentine, Portugal, Espagne...) et du butin de guerre des Oustachis.
Sur cette page, on trouve des synthèses des relations des alliés pendant et après la guerre et il y a un chapitre consacré au Portugal (le 2°, juste après l'Argentine). Les chapitres sont téléchargeables en pdf (et ils ne sont pas très longs et truffés de références) :
http://www.state.gov/www/regions/eur/rp ... links.htmlévidemment, c'est entièrement en anglais
Si tu cliques sur le lien "Preliminary study on US...." (à droite du petit sceau),
tu auras accès à l'étude complète faite précédemment en Juin98.
Bonne lecture !
En effet, ce lien vers un site de l'Etat états-uniens me semble très complet. J'ai essayé de faire une synthèse du sujet concernant les rapports entre le Portugal et les belligérants durant la seconde guerre mondiale. Mon anglais étant encore imparfait, il se peut que j'ai pu mal traduire certains extraits ...à vous de me corriger !
1)
La neutralité portugaise et l'économie de guerre.
Le Portugal est l'allié traditionnel de l'Angleterre depuis le 14e siècle. D'ailleurs, en 1939, l'angleterre est le premier partenaire commercial du Portugal, avec 25 millions de $ d'importation, en 1938.
Toutefois, durant la guerre civile espagnole, de 1936 à 1939, le premier ministre portugais, le Dr
Antionio de Oliveira Salazar avait pris le parti de Franco, et avait même envoyé des troupes pour aider le camp nationaliste. Les relations avec l'allemagne se renforcèrent et le
Reich, en 1938, était le 2eme partenaire commercial du Portugal avec 22 millions de $.
En septembre 1939,
Salazar protesta contre l'invasion de la Pologne, pays catholique, mais le Portugal resta neutre. Le dictateur portugais craignait que les troupes allemandes rentrent en Espagne mettant en péril l'intégrité du territoire lusitanien.
La guerre eut un impact décisif sur l'économie portugaise. De 1937 à 1939, le pays achetait plus ( 90 millions de $) qu'il ne vendait (50 millions de $) à l'étranger, et le déficit commercial annuel était de 40 millions de $.
En 1942, les exportations s'élevaient à 240 millions de $ (multipliées par 5 en 3 ans !!) alors que les importations étaient de 172 millions de dollars, soit un excédent de 68 millions de $ ! Les dépôts bancaires ont doublé dans les 4 premières années de la guerre et les réserves de la Banque du Portugal ont presque triplé ! (*Bref, la guerre est une très bonne affaire du point de vue économique pour le Portugal.)
Le besoin des deux camps étaient surtout dans les matières premières servant à la production militaire comme le
Wolfram, étain, chrome, manganèse, et le Mica. C'est dans ses produits que se concentraient la croissance des exportations portugaises.
Le Portugal a pratiqué, durant la guerre, ce que le "assistant secretary" d'Etat Acheson nomme le "
classical legal neutrality" (la neutralité légale classique), c'est à dire que le pays a commercé, également, avec les deux camps, sans en privilégier un.
Dès Octobre 1940, un accord financier est scellée entre l'angleterre et le Portugal facilitant le paiement de produits lusitaniens, avec des crédits en escudos, alors que la Suisse et la Suède réclamaient de l'or. A la fin de la guerre, l'angleterre devait plus de 300 millions de $ au Portugal.
Les allemands commerçaient avec le Portugal suivant les accords commerciaux Luso-Allemand de 1935 qui impliquaient, en théorie, une égalité des échanges, et l'interdiction de la pratique de la dette. Evidemment, les besoins allemands étant énormes, des facilités de paiement, en pratique, furent acceptées, et couverts par la Banque du Portugal.
Mais les avances aux allemands étaient beaucoup moins importantes que celles faites aux britanniques. Une dette de 14 millions de $ pour les années 43-44, ce qui est dérisoire par rapport à aux encours anglais (300 millions de $ !)
Pratique identique envers l'Italie fasciste, qui avait un encours de 3,38 millions de $ en 1943.
2)
Le Wolfram, minerai hautement stratégique pour les deux pays, mais encore plus pour l'Allemagne.
En Novembre 42, un accord entre le Portugal et l'angleterre fut conclu. Les alliées vendraient aux lusitaniens du pétrole, du charbon, du sulfate d'ammonium et du blé en échange de caoutchouc, de sisal (fibres végétales qui sert à faire des cordages), du cophra, de l'huile de palme.
Dans un deuxième accord, le Portugal promettait de réduire ses exportations vers l'allemagne en peaux, en laine et en minéraux.
Déjà en Juillet 40 un accord commercial luso-espagnol, qui sera prorogé durant la guerre, impliquait une priorité de vente aux espagnols par rapport aux pays de l'Axe, ce qui favorisait indirectement les alliés.
Le cas du
Wolfram est particulier. Minerai vital pour l'industrie de guerre, qui rentre dans la fabrication du tungstène et dans d'innombrables applications militaires et industrielles (
notamment les machines-outils allemandes étaient en partie faite en wolfram, alors que les USA utilisaient plutôt du molybdène) , les deux camps en avaient besoin. Le Portugal était leader de la production de
Wolfram, avant la guerre, suivi par l'Espagne.
Les alliés avaient accès à d'autres gisements d'amérique latine ou du moyen-orient, pas les pays de l'Axe. L'allemagne était alors totalement dépendante des deux pays ibériques pour son ravitaillement en
Wolfram. La compétition des deux camps pour acheter le minerai précieux firent exploser les prix ! En 1943, les prix avaient augmenté de 775% par rapport à l'avant-guerre.
En Juillet 1943, les anglais estimaient que l'industrie allemande, pour survenir à ses besoins, avait besoin de 5 800 tonnes de
Wolfram annuel alors que les américains l'estimaient à un peu moins, environ 3 590 tonnes annuel. En 1944, anglais et américain se mirent d'accord sur une estimation minimale de 3500 tonnes annuelles, au niveau des besoins de l'allemagne.
Les alliés pensaient qu'en cas de non-ravitaillement dans ce minerai, la production industrielle allemande s'effondrerait en trois mois.
Le Portugal s'efforça de suivre sa politique de neutralité en ce qui concerne la vente de
Wolfram. Le minerai était contrôlé par la Commission portugaise des métaux qui gérait le commerce entre les deux camps. Si l'angleterre, qui contrôlait certaines mines au Portugal, réussit à acheter 60% de la production de
wolfram au Portugal, en 1941, l'allemagne se fournissait aussi en Espagne.
En janvier 42, un accord secret fut conclu entre la Lusitanie et l'allemagne qui consacrait la vente de 2 800 tonnes de
wolfram au Reich, en échange de charbon, d'acier et d'engrais.
En 1944, les alliés firent pression sur
Salazar pour arrêter les exportations de
wolfram vers l'allemagne. En, mars 1944, Salazar refusa une requête écrite par
Churchill demandant l'embargo total sur le
wolfram vers le Reich.
En avril 1944, les USA entreprirent des sanctions économique, pour obliger le Portugal à ne plus vendre ce minerai à l'allemagne. En juin 44, le Portugal imposa un embargo sur le
wolfram pour toutes les puissances, même si un marché noir se développa et l'allemagne put, malgré tout, se ravitailler au Portugal à la hauteur de 900 ton