Aldebert a raison d'évoquer les origines suédoises de la firme SKF, mais, vu l'importance vitale des roulements (à billes, rouleaux, aiguilles, etc.) dans l'industrie civile & militaire, durant "les deux Guerres", les usines installées en Allemagne (mais pas que!) avaient été fort logiquement "nationalisées", quitte à devoir verser, par "
gentleman agreement", à la maison fondatrice - dans ce cas, neutre, puisque suédoise - une indemnité forfaitaire ou, éventuellement, calculée selon des productions théoriques et en fonction des licences et brevets existants, sachant qu'ils peuvent se contourner assez facilement.
Après les raids aériens alliés, sur Schweinfurt, plusieurs usines, dont des unités de production de roulements, avaient été soit déménagées à l'Est (Pologne, par exemple), soit crées, très rapidement, en surface ou sous-terre, d'où les répercussions "mineures" desdits raids sur la production globale allemande. La production de roulements n'est pas très compliquée - c'est la qualité de l'acier utilisé et les tolérances d'usinage, qui sont primordiales- , car il s'agissait, essentiellement, de parcs de tours automatiques, qu'on peut, assez facilement, déplacer ou construire - l'Allemagne étant, depuis la seconde moitié du XIXème siècle, le "spécialiste" européen avéré de la fabrication de machines-outils de qualité, même si, en temps de guerre, çà bouffe du temps! -... au passage, je passerais pudiquement sur l'origine du recrutement des "ouvriers", chargés de l'alimentation et surveillance des tours, leurs réglages préalables étant, eux, effectués par des régleurs spécialisés.
En parallèle, les Américains disposaient de la Timken Company, depuis la fin du XIXème siècle, créée, à l'origine, par des migrants allemands, ce qui tendrait à démontrer que la technologie du roulement était, déjà, plus que mieux appréhendée, alors, en Allemagne
. Autrement dit, ils n'avaient rien à secouer de SKF, sauf pour essayer de mettre des bâtons dans les roues allemandes, car, de toute manière, ces derniers maitrisaient depuis un bail, en interne, la technologie du roulement!
La plupart des technologies sidérurgiques, métallurgiques et bien d'autres avaient, entre les années 1850 et 1914, fait l'objet de piles de dépôts de brevets internationaux ; ç'avait été l'un des premiers effets (néfastes) du mondialisme industriel, issu de l'imagination particulièrement inventive des Anglo-saxons, pour se faire du pognon, à faible coût, en réclamant la soit-disant paternité de la moindre production de pièces vaguement ressemblantes, jusqu'à ce que la jurisprudence - comme dans le domaine pénal - n'y mette bon ordre. A peu de choses près, sidérurgie, métallurgie et technique d'usinage françaises, développées à l'époque, étaient des "copies" d'inventions étrangères, notamment allemandes, parfois ( très rarement) britanniques!
Comme je suis un vieux "radoteur", j'évoquerais, à nouveau, sur ce sujet, la célèbre histoire des télémètre navals
à coïncidence, d'origine britannique (Barr & Stroud), et, en parallèle, celle des mêmes, mais
stéréoscopiques, conçus par la firme Zeiß, pour éviter, à l'Allemagne impériale, de devoir "raquer" des droits de licence aux Brits. Dans tous les cas de figure, l'usinage des lentilles de verre était trop ancien pour être l'objet du moindre dépôt de brevet, c'est ballot !
On retrouve une démarche tout à fait similaire avec la mise au point des deux mitrailleuses françaises, la Saint-Etienne Modèle 1907 et la Hotchkiss Modèle 1914... alors que la firme britannique Maxim, elle, avait fait flores en vendant, moyennant " un max de pépètes", sa licence aux Allemands, aux Russes, etc... ainsi qu'aux Américains, mais, qui, de toute façon, à l'époque, ne comptaient que pour du beurre!
La réalité historique de la création des entreprises est un chose, leur devenir et développement, une autre, surtout quand le pays "hébergeur" dispose, lui-même, de compétences, capables de les faire progresser. Dans le seul domaine de l'artillerie, toutes les nations européennes, depuis le XV
éme, jusqu'au milieu du XIX
ème, s'étaient, allègrement pompées, en y apportant, bien souvent, des plus. Du coup, la "paternité" réelles des brevets reste un domaine très flou.