pili a écrit:Les alliés ont-ils pensé sérieusement à un débarquement en Bretagne ? On a vu ce qu'a donné le débarquement royaliste de Quiberon en juin 1795. Débarquer dans un cul-de-sac n'est pas une bonne idée.
Et pourtant, peut-être pas un débarquement mais une opération de grande envergure, oui.
En 1944, dans l'hypothèse où les Alliés ne pourraient sortir de la presqu'île du Cotentin, les états-majors mirent au point des plans d'actions aéroportées ou commandos, destinées à prendre les ports bretons de Saint- Malo, Brest et Quiberon d'une importance stratégique primordiale. À la fin juin, 900 000 soldats alliés occupaient la tête de pont normande, mais leur progression était bien en deçà des prévisions du plan Overlord. La situation empirait au mois de juillet avec 1 500 000 soldats qui marquaient le pas. Les projets sur la Bretagne ressortaient des cartons7.
L'importante opération Beneficiary prévue du 22 juin au 3 juillet prévoyait la prise du port de Saint-Malo en deux temps pour la mise en place d'une tête de pont suffisamment large destinée à lancer la libération de la péninsule bretonne. Dans la première phase, la 1° division parachutiste devait sauter à l'est de la rivière Rance, prendre Saint-Malo, détruire les obstacles et défenses sur les plages voisines. Il était même prévu de faire atterrir directement sur les plages les planeurs de la 1° brigade aérotransportée. Le 504° régiment de paras US et la brigade parachutiste polonaise devaient sauter à l'ouest de la rivière, prendre Dinan et son aérodrome, détruire les obstacles et défenses sur les plages limitrophes. Vingt-cinq groupes de parachutistes du SAS sauteraient dans la région de Dol-Pontorson- Plancoët-Dinan avec pour mission la diversion et le harcèlement des troupes ennemies. La deuxième phase prévoyait, dans la zone libérée par les parachutistes, l'arrivée de deux divisions d'infanterie US. La Marine réclama la certitude de pouvoir entrer dans le port sans être sous le feu de l'ennemi pour éviter la perte de précieux navires, les parachutistes ne pouvant le garantir, le projet fut annulé.
Avec le projet Hands-Up prévu entre le 15 juillet et le 15 août, les Alliés voulaient remettre au goût du jour le projet Chastity, la mise en place d'un grand port en eau profonde dans la presqu'île de Quiberon ; le port de Cherbourg ayant subi de nombreuses démolitions avant sa prise. Un assaut aéroporté de la brigade parachutiste polonaise avec la première division britannique devait s'assurer la prise de l'aérodrome de Vannes pour accueillir la 52° division aéroportée, ainsi que la sécurisation des plages de débarquement de la 1ère brigade de commandos dans les abords immédiats de la presqu'île. Le déclenchement de l'opération était subordonné à l'attaque de la 3e armée US du général Patton en direction de Brest depuis une ligne Saint-Malo-Rennes afin que les fantassins US puissent rejoindre les parachutistes dans un délai de quatre jours. L'avance fut si rapide que Patton décida de détacher seulement le 8e corps d'armée du général Middleton pour la prise de la Bretagne à la place de la 3e armée initialement prévue. Le projet devenait caduc.
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