La neutralité turque pendant la Seconde Guerre mondiale

[Prosper Vandenbroucke]

La Turquie n’entra dans la Seconde Guerre mondiale aux côtés des Alliés qu’en février 1945, mesure tellement tardive qu’elle est insignifiante sur le plan militaire. Sur le plan diplomatique cependant, elle permet à la Turquie de participer aux conférences de paix de l’après-guerre dans le camp des vainqueurs.
La neutralité turque pendant la Seconde Guerre mondiale s’explique tout d’abord par le souvenir traumatisant de l’engagement de l’Empire ottoman dans la Première Guerre mondiale, qui se solda par la défaite et la dislocation de l’Empire, et par le degré d’impréparation militaire de l’armée turque. Cette politique de neutralité a aussi été rendue possible par les moyens de pression dont disposait la Turquie, en raison de sa position stratégique en Méditerranée orientale.
Oui, la position stratégique en Méditerranée joua un rôle car il faut savoir que les Français et les Britanniques, tentent de faire de la Turquie une puissance militaire et ce depuis 1939 et même avant cette date.
L’entrée en guerre de l’Italie, puis la défaite de la France et la signature de l’armistice du 22 juin 1940 provoquent en Turquie une vive inquiétude. Les dirigeants se trouvent confortés dans leur attitude attentiste, soutenant ce choix par l’argument d’une incapacité turque à entrer en guerre, faute d’une préparation et de moyens militaires suffisants. Pour se garantir d’un conflit qui se rapproche, ils signent avec l’Italie un traité de non-belligérance en juin 1940 ; pour l’ambassadeur d’Allemagne à Ankara, Franz von Papen, c’est de la part de la Turquie un signe visible de sympathie envers les puissances de l’Axe, en dépit des efforts franco-britanniques.
Source : https://www.lesclesdumoyenorient.com/La ... rquie.html

Mon avis est que la Turquie ne voulait pas entrer dans le conflit, non seulement pour les motifs énumérés ci-dessus mais également parce qu’elle entretenait de bonnes relations avec l’Allemagne nazie et qu’elle tente aussi de garder l’équilibre entre les différents acteurs.
L'autre volet de cet aspect est purement économique, car n’oublions pas les livraisons importantes de chrome par la Turquie à l’armée allemande.

Cela est c’est mon avis, mais quel est le votre ?

Bien amicalement
Prosper

Le président Inonu a peut-être réfléchi, la Turquie n'étant entouré que d'ennemis potentiels à partir de la mi-1941 : britanniques et français libres à l'est et au sud; et l'ennemi de toujours à proximité : le russe ! Et puis, des centaines de millions de gens contre les 240 millions de l'Axe et alliés...

L'empire ottoman était, déjà, "au bout de sa vie", avant, même, 1914, je dirais 1910, dans le meilleur des cas, mais le "mal" avait, en réalité, alors, plus 80 ans d'âge, avec sa perte d'autorité progressive sur ses territoires "vassalisés" - l'Egypte, après l'expédition napoléonienne de 1798, la Grèce, en 1827-1828, l'Algérie, en 1830, etc.... Sans compter les conflits incessants avec son voisin russe et, en filigrane, la domination sur la Mer Noire!
La Première Guerre Mondiale l'avait achevée, là-aussi, sans que son territoire national "primaire" n'ait été occupé!
Atatürk avait, plus ou moins, surfé, sans s'y mouiller, sur le mouvement des "Jeunes Turcs", mais, surtout, avait réussi à contrecarrer, militairement, avec succès, les intentions grecques et italiennes, qui rêvaient, alors de dépecer les restes de l'empire ottoman.
La Turquie, dans les années 30-40 ne valait pas tripette, sauf qu'elle contrôlait, historiquement, depuis la seconde moitié du XVème siècle, le "Passage du Bosphore"! ... Un accès essentiel pour aller "fo... la m..." en Russie! L'existence de ce très étroit goulet explique bien des choses, dans les ronds-de-jambes diplomatiques des Alliés et du III. Reich (l'Allemagne ayant été la seule, en 1914, à s'aligner, officiellement, aux côtés de l'Empire Ottoman, en lui expédiant, avant même le début du conflit, les croiseurs cuirassés Goeben & Breslau, dont l'existence avait sérieusement tempéré les ardeurs alliées).
En 1941, l'Opération Marita, qui s'était achevée par l'occupation allemande de la Grèce, avait pris bien soin de ne pas inquiéter le pouvoir d'Istanbul - déclaré neutr e-, de par la proximité de ses lignes de départ de la frontière turque.
Son rattachement à l'OTAN, en 1952, découle, directement, de sa "maitrise" territoriale de l'accès à la Mer Noire. Il n'y avait aucune intention affective ou pseudo-sentimentale dans cette histoire!

(l'Allemagne ayant été la seule, en 1914, à s'aligner, officiellement, aux côtés de l'Empire Ottoman, en lui expédiant, avant même le début du conflit, les croiseurs cuirassés Goeben & Breslau, dont l'existence avait sérieusement tempéré les ardeurs alliées).

la réalité est un peu différente.

Le Goeben et le Breslau sont surpris en Méditerranée par la déclaration de Guerre. La flotte française les voit avec inquiétude bombarder des installations côtières à Bône, et demande aux Anglais de s'en occuper, elle même devant protéger les transports des unités attendues en métropole, et vitales.

Les Anglais ouvrent la chasse avec l'idée qu'ils vont aller se réfugier au fin fond de l'Adriatique, dans le port de Kola, où se trouve la marine impériale autrichienne. Un cul de sac.

L'amiral allemand Souchon (hé oui !) fait alors un choix très étonnant : il va se mettre au service des Ottomans. Il est bien accueilli par les Turcs à Istanbul, qui "achètent" ses navires et les rebaptisent. Les Anglais lanternaient les Turcs sur la livraison de deux cuirassés commandés, payés en partie, et prêts à être livrés... à condition que les Turcs prennent partie contre l'Allemagne.

Ils en restent.. sur le derrière, et la Turquie va bientôt entrer en guerre contre eux. Ces deux navires apportaient, dit Churchill, plus de sang et de morts qu'aucun navire avant eux.

Autrement votre analyse est intéressante : en somme, mis à part pendant la Grande Guerre, les Turcs ont toujours bénéficié d'un avantage énorme en monnayant leur position géographique cruciale. (C'est même encore le cas aujourd'hui, mais passons...)