Post Numéro: 1357 de François Delpla 23 Fév 2020, 06:32
Je verse au dossier la brillante critique du livre de Burrin
Hitler et les Juifs par Jean Stengers en 1991
https://www.persee.fr/doc/rbph_0035-081 ... _69_4_3805 , et plus précisément la note 37 p. 974.
Cet ensemble rigoureux, qui corrobore 95% des affirmations et interprétations de Burrin en tirant à boulets rouges sur les 5% restants, relève du même traitement.
L'arrêt devant Dunkerque ne saurait, dit Stengers, avoir le plus petit rapport avec une volonté d'épargner les Anglais... pour l'unique raison que l'ordre avait été donné à Göring de les écraser avec ses avions.
Je rappelle que la bonne solution n'est pas l'inverse : Hitler ne cherchait effectivement pas à épargner les Anglais, puisqu'à ce moment précis il visait une paix générale et immédiate.
Mais sa politique générale tendait bel et bien vers ce but et mieux, vers une alliance et une répartition des rôles contre les "peuples inférieurs", depuis
Mein Kampf jusqu'au bunker final. Et le fait que Göring soit chargé de les écraser à contretemps et avec un mauvais moyen en est une illustration, entre mille, pour ne rien dire du manque de zèle avec lequel il s'acquitte de la mission.
Ces lignes de Stengers sont, elles, une illustration de l'épaisse doxa qui bloquait l'étude de la question jusqu'au début des années 1990, dans une observation lointaine des faits et une grande confusion des facteurs, tel auteur insistant sur des freinages de Rundstedt et tel autre sur des vantardises de Göring.