François Delpla a écrit:alias marduk a écrit:François Delpla a écrit:J'avais cru écrire 6 !
Et suis bien aise de l'annonce d'une analyse personnelle.
Offres éventuelles de paix de l’Allemagne
M. Nordling, Consul Général de Suède à Paris, qui avait accompagné M. Coulondre et le général Mittelhauser lors de la mission accomplie en Scandinavie du 12 au 14 avril, est revenu 15 jours plus tard à Paris en traversant l’Allemagne. Il s’est joint à une mission suédoise qui comprenait M. Dahlerus, industriel connu pour ses relations avec le Maréchal Göring, le Directeur des Affaires Économiques au Ministère des Affaires étrangères suédois et le chef d’État-Major des forces navales suédoises.
Cette mission a proposé au gouvernement du Reich un projet consistant essentiellement à assurer par des forces navales suédoises la police des eaux norvégiennes et la répartition équitable du minerai de fer entre l’Allemagne et les Alliés. Ce projet a été repoussé par les Allemands.
Le Maréchal Göring a cependant tenu à voir M. Dahlerus qui, à plusieurs reprises, s’était fait l’intermédiaire d’offres de paix allemandes. Le Lieutenant du Führer a exprimé l’avis que toute paix était impossible dans les conditions qui régnaient alors. Il a ajouté cependant que si la guerre était portée en Belgique et si l’armée allemande parvenait à s’emparer de la côte belge et de Calais, le Führer ferait une proposition de paix. Il demanderait l’annexion d’Eupen, de Malmédy, du bassin de Briey, ainsi que l’attribution de colonies au Reich. Pour le reste, il se contenterait, dans l’ensemble, du maintien du statu quo avant les hostilités.
Si la France repoussait ces propositions, la guerre serait étendue aux populations civiles et le peuple français « apprendrait ce qu’il en coûte d’être mal dirigé ».
Les indications ci-dessus, dont la source est absolument sûre, prennent une importance particulière à la lumière des événements qui se sont déroulés depuis lors.
Il est permis de se demander en particulier si le Duce n’attend pas le moment où M. Hitler, s’estimant vainqueur, formulerait des conditions de paix, pour entrer lui-même en scène.
(archives de Paul Reynaud, note du 20 mai de son cabinet diplomatique, probablement rédigée par Robert Coulondre)
Cité de http://www.delpla.org/article.php3?id_article=598
Problématique sur la date :
François date l’entretien entre Dahlerus et Goering le 6 mai car on sait que ce jour là Goering a rencontré une délégation suédoise qui comprenait l’industriel suédois
Il se base pour cette date sur le morceau de phrase « si la guerre était portée en Belgique » qui oblige à dater la rencontre avant le 10 mai pour des raisons évidentes
Le problème avec cette interprétation tient au fait que le compte rendu de la réunion du 6 mai ( cité par Kersaudy dans « hermann Goering » page 346 ) ne fait pas mention de ces propos ( un retard postal m’a empêché de vérifier la source cité par Kersaudy )
Dahlerus rapporte les propos de Goering à Stockholm le lendemain ( donc le 7 mai )
Le 9 il repart ou plutôt tente de repartir à Berlin mais aucune autorisation ne vient
C’est finalement le 10 qu’il arrive à Berlin avec une délégation qui comprend Raoul Nordling
Le 11 la délégation est reçue par Goering
Donc comme indiqué François date l’entretien en date du 6 mai.
Toutefois ça n’est pas la seule date où l’entretien ( qui lui ne fait aucun doute, voir ci-dessous ) aurait pu avoir lieu et trois hypothèses sont à envisager :
- Le 6 mai en marge de la délégation suédoise ( ce qui expliquerait l’absence dans le compte rendu )
- Le 7 mai avant le départ de Dahlerus pour la Suède
- Et le 10 mai car si effectivement une lecture au premier degré doit normalement permettre d’écarter cette date ( voir supra ), une analyse un peu plus poussée permet d’être moins affirmatif : En effet le 10 mai, l’entrée des forces allemandes en Belgique ne sera connue que dans la journée et une réunion en matinée avant que le déclenchement ne soit connu est envisageable ( faute de précision sur les horaires ). Evidemment Goering sait que l’offensive est en cours mais qu’il partage une information encore secrète avec Dahlérus est loin d’être sur.
Problématique sur le texte :
L’entretien du 6 mai est-il une offre de paix ?
La réponse est clairement non puisque le texte Coulondre précise « Le Lieutenant du Führer a exprimé l’avis que toute paix était impossible dans les conditions qui régnaient alors » ce qui est conforme aux mémoires de Nordling qui précise qu’il a été approché par Dahlerus le 11 mai à la demande de Goering pour rencontrer ce dernier afin de discuter de la possibilité d’un armistice avec la France ( la rencontre étant programmée peut être dès la nuit du 11 au 12 mai )
Nordling accepte ( « si il peut être utile » )
Hors Goering annule cette rencontre et envoie un message à Nordling via Dahlerus qui précise que Goering « le remercie de son obligeance et qu’il comprend fort bien qu’à l’heure présente, il n’y a aucune chance de décider les français à engager des négociations séparées »
Donc le 6 mai Goering ne mandate ni Dahlerus ni Nordling pour une offre diplomatique.
On rappelle qu’il n’y a aucune offre hitlérienne les 24 et 25 mai malgré les propos de Goering annonçant une telle éventualité.
A signaler aussi et surtout que les propos tenus devant Dahlerus font référence à une paix séparée entre la France et l’Allemagne ( mémoires de Nordling ) ce qui est confirmé par le texte Coulondre puisque celui-ci précise «Si la France repoussait ces propositions »
Heureux que vous ne vous ralliiez pas à Vanwelkenhuyzen, qui, pour se dispenser d'en tenir le moindre compte, exile la conversation à la mi-avril !
Dois-je rappeler que le rapport Dahlerus sur le 6 mai est, dans le recueil suédois d'archives diplomatiques publié en 1947, daté de 1946 ? Comment l'expliquer, sinon par le fait que ce qu'il en a écrit sur le moment n'ait pas semblé publiable et qu'on lui ait fait refaire sa copie ?
Quant à l'offre de paix elle est noir sur blanc dans le doc Coulondre, à ceci près que Göring annonce sa réitération officielle au moment de la prise de Calais, et que dans l'état actuel de nos connaissances elle ne se produit pas.
Presque tous les détracteurs de l'explication diplomatique, lorsqu'ils consentent à tenir compte de la conversation G-D, la démonétisent en arguant de cette absence dune réitération de l'offre le 23 mai. Ils en déduisent soit que Göring parlait en l'air, soit que la victoire allemande surprenait tellement ses propres auteurs qu'ils avaient perdu toute raison et toute envie de se montrer "généreux ".
C'est ce que je conteste vigoureusement en arguant, pour ma part, du fait nouveau et, le 6, imprévisible, de l'arrivée d'un sale type enjuivé à la tête de l'exécutif britannique. Cet imprévisible ivrogne étant bien capable de clamer que la générosité allemande était suspecte, il ne restait d'autre ressource que d'espérer que le poison de la paix cheminait lentement mais sûrement dans l'organisme britannique.
Sans préjudice de quelque canal secret permettant de dire aux seuls halifaxiens que l'offre tenait toujours : une possibilité que le passage au bazooka des archives anglaises publiques et privées ne permet pas d'exclure, mais là, Et là seulement, nous entrons dans le domaine de la spéculation.
Un haltbefhel décidé en une nuit impliquerait que les Allemands n'avaient aucune notion de Logistique et ce soient aperçus du jour au lendemain de leurs faiblesses et de l'attrition de leurs matériels. Un peu étonnant pour un pays qui a eu l'expérience du front ouest de 14-18 avec toutes ses problématiques logistiques d'approvisionnement du front. Paulus a témoigné qu'au moment de Barbarossa les Allemands étaient pleinement conscients qu'il n'était pas possible d'aller d'une seule traite jusqu'à Moscou et que des étapes, des pauses, des regroupements avaient été prévus.
Dans l'offensive de 40 il est clair qu'il y a une première étape qui s'achève sur les cotes de la Manche et qu'ensuite, quelque soit le résultat, une deuxième étape sera envisagée, les troupes réorganisées en fonction: Cessation des combats ou poursuite de la guerre. Les Allemands avaient engagé toutes leurs forces, y compris celles positionnées à l'Est, conscients de l'effort demandé. Et malgré tout ils seraient "tombés en panne sèche" à 10 km de l'arrivée sans avoir rien vu venir, sans avoir rien anticipé?
Loïc Charpentier a écrit:
A ce sujet, Nicolas Bernard, réplique aux 17 Panzerounets, déclarés opérationnels, le 24 mai au soir...Oui, mais est-ce bien le 24 ou le 23 ? Il y a, peut-être, eu une erreur de rédaction du "posteur", mais, dans la réalité, çà ne change pas grand-chose. Le Panzer-Régiment 2 , la veille ( 23 mai) devait avoir une vingtaine de de chars opérationnels, en tout et pour tout! ... En tenant compte de ce que ses mécanos avaient pu retaper dans la nuit et la journée. Le 24 mai, au soir, le KTB de la 1. Pz. Div. note que la division ne peut plus aligner qu'un tiers de son effectif combattant. Il ne faut pas être devin, pour comprendre que le matin, elle était loin d'être à plein effectif. En fouillant un peu, on constate que la situation est similaire dans toutes les unités de l'avant.
[384] François Delpla a écrit:Après le Haltbefehl Hitler a un atout maître a jouer : l'occupation de la France, qui devrait bien, cette fois, faire sauter le barrage churchillien sur le chemin de la paix.
[392] François Delpla a écrit:En août 41, la main de Hitler s'est déjà beaucoup rétrécie.
François Delpla a écrit:La foudre qui commence à le faire douter tombe le 3 juillet 40 ou peut-être le 4 : il s'agit de Mers el-Kebir : jusque-là il attendait la chute de Churchill comme celle d'un fruit naturel de l'armistice. Quand il voit que cette folie non seulement ne fragilise pas Winston mais lui vaut un triomphe aux Communes, il commence vraiment à s'inquiéter.
[397] François Delpla a écrit:Il va de soi que l'arrivée de Churchill au pouvoir à Londres et ses premiers effets ( maintien d'une parfaite solidarite interalliée malgré Sedan) créent un tel danger, voire une telle angoisse, que c'est désormais une paix simultanée avec la France et l'Angleterre qui est le but de toute manoeuvre.
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