Forum Le Monde en Guerre

CHAMBERLAIN et HALIFAX jouent en virtuose des neutralités scandinaves pour ne pas avoir à décider des plans proposés par CHURCHILL et IRONSIDE.

Néanmoins, le Conseil suprême franco-britannique accouche le 5 février 1939 d'un corps expéditionnaire anglo-français pour "voler au secours" des Finlandais (achevant d'agoniser après avoir tenu tête à l'Armée rouge) et faire main-basse sur les mines de fer suédoises.
Les Britanniques commanderont la force expéditionnaire qui sera déployée au plus tard pour la troisième semaine de mars (d'ici là Russes et Finlandais auront conclu la paix le 12 mars).

La force interviendra en 3 détachements (il s'agit du Plan Ironside) :
. "Stratford" débarquera 5 bataillons répartis entre Trondheim, Stavenger et Bergen ;
. "Avonmouth" débarquera à Narvik une brigade anglaise appuyé par une brigade française de Chasseurs alpins et une demi-brigade polonaise (finalité : occuper les gisements suédois de Kiruna, Gällivare, Boden et Lulea) ;
. "Plymouth" débarquera à Trondheim pour se porter au sud de la Suède.

L'abordage de l'Altmark le 16 février 1940 et la libération des marins britanniques y enfermés va démontrer l'incapacité des Norvégiens à défendre leur neutralité et provoquer les décisions à Londres comme à Berlin.

Le 23 février au War Cabinet les planètes se sont enfin alignées favorablement pour CHURCHILL :
. l'Amirauté a montré sa capacité à agir dans les eaux norvégiennes ;
. HALIFAX admet le caractère virtuel de la neutralité norvégienne (et favorise le plan de minage des eaux norvégiennes porté depuis des mois par CHURCHILL... maintenant qu'il est question de l'envoi d'un corps expéditionnaire autrement plus offensif) ;
. IRONSIDE est favorable lui aussi au plan de CHURCHILL, dès lors qu'il peut provoquer une réaction allemande qui ne fera que précipiter son propre plan de débarquement (il ne croit pas si bien dire).

Quoi qu'il en soit, CHAMBERLAIN gagnera encore 6 jours (le temps de consulter l'opposition et les Dominions) pour finalement renvoyer IRONSIDE à ses études.

A la même date les Allemands sont beaucoup plus loin et vont eux aussi précipiter leur action :
. dès octobre, RAEDER informe HITLER de l'intérêt pour la Kriegsmarine de contrôler le Danemark et les ports norvégiens pour se sortir de l'étroitesse de la Baltique ;
. en décembre 1939, QUISSLING est venu informer RAEDER que son gouvernement ne s'opposerait pas à un débarquement allié, le 15 HITLER commande un plan d'action à l'OKW ;
. le 1er mars, alors que CHAMBERLAIN a remis le Plan Ironside au frigo, HITLER sort sa directive n°10a fixant les objectifs de Weserubung.

La course contre la montre est engagée.
On sait qui va la gagner.

Bonsoir,

En consultant le site du Ministère des Armées je suis tombé sur cette page qui liste des cours écrits par le lieutenant-colonel Vincent Arbaretier pour les candidats à l'École de Guerre.
Le cours n° 8 a pour thème l'opération Weserübung.

https://www.defense.gouv.fr/fre/actuali ... arbaretier

Bien vu brehon
Un lien qui par ailleurs permet de (re)faire le point sur ses fondamentaux en matière de pensée stratégique moderne, de Napoléon à aujourd'hui.

Weserübung est une opération exemplaire en terme de surprise stratégie (spécialité hitlérienne) et d'opération combinée (l'opération est particulièrement complexe, on aura certainement l'occasion d'y revenir) qui plus est menée par une puissance continentale qui dame le pion à la première puissance navale de l'époque !

J'ai lu que ce fut la seule opération planifiée par l'OKW durant la Seconde Guerre mondiale.
Quelqu'un confirme ?

Bonjour,

La conclusion du cours montre que l'auteur n'a pas vraiment compris quels étaient les véritables objectifs de guerre d'Hitler. À moins qu'il juge que l'École de Guerre ne soit pas le cadre adéquat pour de telles considérations.

Yvonnick, merci !
ce site est désormais dans mes favoris.

brehon a écrit:La conclusion du cours montre que l'auteur n'a pas vraiment compris quels étaient les véritables objectifs de guerre d'Hitler. À moins qu'il juge que l'École de Guerre ne soit pas le cadre adéquat pour de telles considérations.

Tu fais référence notamment à la phrase "HITLER n'écoutait jamais ses marins" ?

On sortirait en effet du cadre d'une synthèse destinée à un cours préparatoire d'histoire militaire.
L'intérêt du module est la mise en évidence de l'organisation d'une opération combinée, quasiment improvisée en dehors d'une stratégie d'ensemble purement continentale.
Le lecteur peut ainsi se rendre compte, dans les grandes lignes, des considérations nécessaires à l'élaboration toujours complexe de ce genre d'opérations interarmes.

L'apport est très éclairant.

Bonjour,

Dog Red a écrit:Tu fais référence notamment à la phrase "HITLER n'écoutait jamais ses marins" ?

Je faisais surtout référence à la phrase précédente.
Dans le cas présent il s'agit de la Marine mais dans d'autres circonstances ce genre de considération s'appliquait à l'Armée.

J'ignore si l'École de Guerre ne forme que des purs stratèges ou si elle attire aussi l'attention sur le fait de discerner quels sont les buts de guerre de l'ennemi (buts qui ne sont jamais définis par les militaires).
Mais peut-être faut-il penser que c'est à l'autorité politique de raisonner à ce niveau et de piloter les chefs des armées en conséquence.

brehon a écrit:J'ignore si l'École de Guerre ne forme que des purs stratèges ou si elle attire aussi l'attention sur le fait de discerner quels sont les buts de guerre de l'ennemi (buts qui ne sont jamais définis par les militaires).
Mais peut-être faut-il penser que c'est à l'autorité politique de raisonner à ce niveau et de piloter les chefs des armées en conséquence.

Je pense pareil en ajoutant que seuls les meilleurs cadres atteindront le niveau d'état-major nécessitant d'élargir les qualités de l'officier au-delà de l'horizon purement militaire.
Le public auquel est destiné cette synthèse en est encore très loin.

On en a un très bon exemple, avec la mise en ligne, par la BNF-Gallica, des études et essais, réalisées, entre 1920 et 1935, à plus de 80%, par les "élèves" de l’École Supérieure de Guerre Navale, installée à Brest, et, pour la partie restante, la reproduction des cours & conférences de leurs professeurs et maitres de cours.

Faites votre choix...

https://gallica.bnf.fr/services/engine/ ... &suggest=0

Il y a plus de 80 études, en ligne, sur des sujets très divers.

Quand on parle "d'élèves", il s'agissait, d'un personnel sélectionné (pour accéder au cours), au minimum, pour les plus jeunes, avec les grades de lieutenants de vaisseaux ou de capitaines de corvettes et plus de 10 ans de service, dont la plupart s'était cognée, comme jeunes enseignes, les derniers mois du Premier Conflit Mondial.
Ces travaux étaient, essentiellement, des exercices "d'entrainement" qui avaient pour but que leurs auteurs se familiarisent avec la complexité du commandement à haut niveau. Il existe, surement, des travaux similaires pour l'Armée de Terre, durant la même période, sauf que, pour le moment, je n'ai pas encore réussi à mettre la main dessus!