Dog Red a écrit:
Bonjour JP.
Etait-ce aussi simple ?
Lusi a écrit:Les politiques Anglais et Français étaient de grands naïfs.
Oui et non... leurs opinions publiques respectives n'étaient-elles pas avant tout préoccupées de ne plus jamais revoir une boucherie telle que celle de 14-18 ?
Lusi a écrit:Assurer a un pays, situé à l'autre bout du continent et séparés par un grand pays, qui sera l'adversaire, d'une aide pour sa défense, il faut être malade.
Si encore ils avaient bénéficié d'une telle supériorité en matériel, soldats, doctrine militaire, ...
Ledit grand pays avait été, au départ, mis en infériorité matérielle, humaine et doctrinale (interdiction de produire chars, avions et artillerie lourde) par le traité de Versailles.
La garantie de subsistance de la Pologne dans un tel cadre ne devait poser guère de problème.
Mais comme l'a rappelé Prosper, le laisser-faire face aux détricotages successifs du traité va coûter cher.
Les garants n'étaient pas "malades" au sortir de la Grande guerre. Ils vont le devenir...
Lusi a écrit:Mais non, un n'a quasiment pas d'armée et l'autre est assis derrière sa ligne Maginot, avec une doctrine proche de la guerre des tranchées.
Avec un support comme celui-ci, j'aurais pas fait le Kéké.
La Grande-Bretagne a une flotte et une armée de terre professionnelle, dans cet ordre, qui lui garantissent son intégrité depuis 1066.
S'y ajoute une force aérienne probablement la meilleure d'Europe.
Ta critique est sévère.
La France adopte une doctrine défensive très dans l'air du temps et répète le schéma qui lui a assuré la victoire lors de la guerre précédente.
Classique.
Le béton a englouti les budgets qui, peut être, auraient permis le déploiement d'une force blindée et aérienne plus importante (pure hypothèse, je connais mal la période).
Encore une fois, une démocratie adopte une politique compatible avec son opinion publique.
Les Allemands, eux, revanchards, ont voté une politique agressive.
Il est extravagant de voir les Anglais, qui se sont montrés favorables à tous les reculs devant Hitler depuis 1936, accorder soudain une garantie défensive aux Polonais, alors qu'eux mêmes ne disposent pour ainsi dire pas d'armée de terre, et n'ont rétabli le service militaire (6 mois) que depuis quelques semaines. Au 10 mai 40, ils aligneront 10 malheureuses divisions, d'ailleurs bien équipées, mais l'Allemagne compte 135 divisions.
(Si l'Angleterre s'était engagée avec plus de 50 divisions, comme en 1918, jamais les Allemands n'auraient pu percer quoi que ce soit, Panzerdivisionen ou pas.)
En somme, on assiste à ce spectacle ahurissant : Chamberlain, qui n'a pas voulu croire à l'agressivité d'Hitler jusqu'à l'occupation de Prague, et qui est donc responsable de l'absence de conscription et d'armée anglaise digne de ce nom, accorde sa garantie
militaire à la Pologne !
Garantie militaire qui ne vaut donc que ce que vaut l'armée française, forcément, hors celle-ci a une stratégie très logiquement défensive, correspondant à son infériorité militaire, ce qui exclut tout secours à la Pologne. Stratégie semi-défensive, d'ailleurs, disons une stratégie volontaire de c...l entre deux chaises, puisque le front face à l'Allemagne est fortifié, mais pas face à la Belgique - dont la neutralité, au passage, interdit toute offensive sérieuse contre l'Allemagne, ce qui réduit à zéro l'effet dissuasif que la Pologne pouvait espérer - la Belgique où l'état-major français, qui ne peut qu'attendre l'attaque allemande, accepte un peu légèrement à l'avance de mener une bataille de rencontre, légèreté qu'il pousse jusqu'à vouloir défendre la Hollande, ce qui est très au delà de ses moyens.
La décision d'Hitler ne faisant aucun doute - le 2e Bureau français a averti les Polonais, après Munich, que leur tour était venu, et fixé un délai approximatif : un an - les Alliés entrent donc en guerre au nom d'un traité signé avec un pays qu'ils ne peuvent pas défendre. (Et qu'il ne pourront pas davantage protéger de la voracité de Staline à la fin de la guerre.)
Evidemment, il est bien trop tard pour espérer faire peur à Hitler. Celui-ci se permet en toute tranquillité d'envoyer la quasi-totalité de son armée en Pologne, puis de rester statique jusqu'au 10 mai 40 : que risque-t-il ? Même Staline, qui a pesé les Alliés à leur juste poids, a préféré lui laisser le champ libre.
C'est un what-if, mais on sait que la revanche contre la France est inscrite à son agenda, et sans cette déclaration de guerre alliée, il aurait certainement attaqué la France dans les mêmes délais : ayant réarmé plus tôt que la France (et l'Angleterre pratiquement pas) attendre trop longtemps jouait contre lui.
@Dog Red : l'Angleterre n'a pas, au 3 septembre 39, la meilleure force aérienne d'Europe. Français et Anglais associés n'ont pour ainsi dire pas de bombardiers, et se révèleront incapables de couper les ponts allemands sur la Meuse, par exemple, le moment venu, et pas davantage d'intervenir dans les combats. (L'Angleterre aura, en août 40, un Fighter Command suffisant pour se battre chez lui avec succès - mais où l'aide de deux escadrilles formées de pilotes polonais ne sera pas de trop - ce qui est un peu différent.)
De Gaulle, lui, se félicite que les Alliés aient évité une fois de plus de manquer à leur parole. L'honneur ça compte ! Mais il n'a pas fini de mesurer ce qu'il coûte...