Post Numéro: 100 de François Delpla 23 Avr 2019, 13:02
Alcide NITRYK a écrit:Aldebert a écrit: En mars 1939 la Pologne faisait ami ami avec Hitler alors que son sort était pourtant déjà scellé pour septembre de la même année. Trop gourmande et de nature expansionniste, pas commode en général, n'aura t-elle rien vu venir. Mais c'est un autre débat !
Les Polonais cherchaient à reconstituer leur territoire historique. Le plus curieux, c'est que la frontière orientale de la Biélorussie correspond à l'une des lignes d'un Partage.
Si les Polonais cherchaient à casser le code d'ENIGMA, c'est qu'ils craignaient la menace allemande depuis longtemps. On ne procède pas ainsi avec des "amis".
Les Polonais ne sont pas alliés avec l'Allemagne et le savent bien.
Ce qu'ils prétendent rétrospectivement (et que leur gouvernement essaye même de graver actuellement dans le marbre d'une histoire officielle), c'est qu'ils ont tenu la balance égale entre les deux puissantes dictatures qui les encadraient, alors que bien des signes montrent qu'ils étaient absolument antisoviétiques et relativement antinazis. Par exemple, un certain emballement antisémite, à partir de 1935 (Pilsudski ne mangeait pas de ce pain-là, Beck si). Quand Göring (mais jamais Hitler, une fois au pouvoir) leur fait miroiter en 35-36 une croisade commune vers l'est (références dans Charles Bloch), ils se laissent sinon séduire, du moins rassurer. D'ailleurs une des légendes historiques bien enracinées est que Hitler, gourmand uniquement de terres russes, aurait espéré jusqu'au début de 39 une telle croisade commune, que devant leur "non" vertueux il se soit décidé à leur passer sur le corps... et que ce soit cela qui ait fait basculer la guerre vers l'ouest.
En fait, Hitler tenait à liquider militairement la France, tout en évitant (le plus possible) d'apparaître comme l'agresseur : il avait besoin de faire croire qu'il croyait qu'on lui céderait aussi facilement le"corridor" en 39 que les Sudètes en 38.
Son entrée brusque et brutale à Prague le 15 mars, déchirant les accords de Munich, barre complètement une telle issue, obligeant Londres puis Paris à dire "la prochaine fois, panpan culcul". Croire qu'il ne s'en rend pas compte, c'est mépriser complètement son cerveau, et ignorer résolument son comportement de planificateur.
Quant à Enigma, eh bien oui, les Polonais se méfient et parent à toute éventualité. Ils ont mis leurs matheux sur le dossier dès 1928. Difficile d'en faire une preuve d'antinazisme absolu ! Ce pouvait être aussi une jolie monnaie d'échange en cas de rapprochement.