alias marduk a écrit:Mais très certainement, mais tout le problème est de le prouver et pas avec des formules creuses qui relèvent de la réthorique pour masquer l'absence de preuves historiques
Le ton baisse et c'est appréciable mais il faudrait
des excuses (accessoirement) pour m'avoir accusé de ne
JAMAIS RIEN démontrer
et (essentiellement) ne pas choisir un post scriptum, en le déformant,
pour passer sous silence deux longues réponses,
tout en profitant d'un rappel de modérateur au sujet
pour essayer de faire passer la chose inaperçue.
Il est culotté de faire comme si j'avais affirmé que Hitler avait passé commande à Manstein. C'est une hypothèse qui ne repose sur rien ET QUE J'AI PRESENTEE AINSI DES LE DEBUT. S'en saisir pour centrer la discussion là-dessus ne trompe pas, j'espère, grand monde.
Mais cela prouve une chose : l'extrême détresse argumentative de qui use du procédé. Et donc,
AM confirme ce qui a été dit ce matin, au départ, et dont il va falloir qu'il affronte maintenant la tranquille répétition :
Votre serviteur,
qui reçoit comme un honneur le fait d'être accusé, par le tenant d'une version dépassée, de ne jamais rien démontrer,
ne se considère pas ici comme un général de l'arrière, mais bien comme un soldat du front, qui est loin d'avoir une vision compète du champ de bataille. Il a souvent honte, avec une fréquence que vous êtes loin d'imaginer, de ses négligences, parfois de même ampleur que celles de ses devanciers.
Dernier épisode en date : la découverte, avant-hier matin, de la lettre anonyme de Wilhelm Kube à Walter Buch, datée du 26 avril 1936.
(...)
les méthodes de gouvernement de Hitler (souvent associé à Hess jusqu'au 10 mai 1941 inclus) sont on ne peut plus obliques, notamment sur les questions de cadres, qu'il s'agisse de militants nazis ou de simples agents publics.
(...)
Une telle politique ne s'arrête évidemment pas à la porte de l'armée de terre. Celle-ci est infiltrée depuis le début et de plus en plus, au fur et à mesure qu'on s'approche de la guerre, en sorte qu'on ne peut concevoir une seconde que Hitler ne reçoive pas prestement sur son bureau les mémoires contestataires de Manstein et ne les intègre pas dans son jeu. Il se garde donc là une grosse carte en réserve, et l'abat au bon moment.
Le point important
(le fait que Hitler aurait pu passer commande à Manstein ET CELUI-CI NE PAS LE SAVOIR car la commande pouvait être indirecte, étant secondaire),
c'est que la lecture des documents au premier degré, en faisant comme si d'autres documents, permettant un autre éclairage, N'EXISTAIENT PAS, N'AVAIENT JAMAIS EXISTÉ ET QUE CELA ETAIT CERTAIN, a amené plusieurs générations d'observateurs à être bon public devant
une idée absurde : que Hitler, en train de jouer le tout pour le tout,
après un parcours sans faute défiant toutes les autres grandes puissances,
laisserait son armée fermenter sans un regard pour ses délibérations internes, et sans s'être donné le moindre moyen pour pour les connaître.
Ici chacun doit se déterminer : trouve-t-il crédible que Hitler ait ignoré les idées de Manstein, mises par écrit depuis la fin d'octobre 1939, jusqu'au 17 février 1940, ou au moins jusqu'à la rencontre Schmundt-Manstein du 30 janvier ?
Il avait piscine pendant tout ce temps-là ?Or c'est ce qu'on a cru jusque vers 1990 et que beaucoup croient encore, AM n'étant pas le seul (et puisant son arrogance, qui n'est au fond qu'une expression de son insécurité, dans cet état de choses). Et cela en dit long sur l'image de Hitler qu'on avait en tête : un aventurier brouillon et paresseux, servi jusque là par une chance insolente.
C'est cette absence de réflexion qui rend possible, par exemple, la thèse de Frieser au long des catastrophiques premiers chapitres de
Blitzkrieg-Legende : un Hitler sidéré et paniqué qu'on lui déclare la guerre pour son incursion en Pologne, et sauvé in extremis du désespoir par le génie de Manstein.
Si on commence à réfléchir plus avant, on est bien obligé d'en revenir à 1933, sinon à 1926 et au second tome de
Mein Kampf :
ce gros travailleur, plein de suite dans les idées même s'il feint en permanence l'improvisation,
piège à jet continu le couple franco-anglais
dans l'idée de le séparer et de prendre la place de la France.
A l'automne 39 il arrive près du but, toujours en faisant semblant d'improviser, donc en ne pouvant rien dire à ses généraux, qui se croient bêtement dans une reprise du match perdu en 1918.
Il est bon de réfléchir parallèlement sur le contrôle de plus en plus étroit que le dictateur exerce sur ses forces armées. La chronologie suivante complète utilement celle de la drôle de guerre proposée par AM :
-janvier 1933 : installation d'un cheval de Troie au ministère en la personne de Reichenau;
-février1933 : dîner chez Hammerstein où Hitler évoque en mode soft une future conquête d'espace vital;
-janvier 1934 : limogeage de l'indocile Hammerstein au profit du manipulable Fritsch;
-juin-juillet 1934 : nuit des Longs couteaux compromettant l'armée dans un crime nazi ;
-août 1934 : extorsion aux officiers d'un serment de fidélité non plus à la constitution mais au Führer;
-5 novembre 37 : dévoilement de plans guerriers, mi-sincère, mi-truqué (guerre mondiale annoncée pour 43-45, ce qui trompe jusqu'à nos jours, cf. AM dans le présent débat);
-février 1938 : largage du trio Blomberg-Fritsch-Hossbach au profit du trio Hitler-Brauchitsch-Schmundt;
-août 1938 : largage de Beck au profit de Halder.
Quant aux contacts du Führer avec le Hgr. A tout au long de l'automne et de l'hiver 39-40, je renvoie aux chapitres correspondants de la
Ruse nazie, que AM a lus et a semble-t-il oubliés.
En conclusion, l'apport de tout ceci au sujet "MANSTEIN IMPRIME SA MARQUE SUR FALL GELB" : le pauvre Manstein, qui ne doute pas d'être le meilleur stratège allemand de la guerre tellement on le lui a répété, est comme les copains un simple pion. Ce n'est d'ailleurs pas du tout son plan qu'on applique finalement et le "coup de faucille", envoyant tous les blindés vers la Manche et la mer du Nord, est une idée hitlérienne et seulement hitlérienne. Je pourrai sur demande y revenir (mais tout figure déjà dans le fil sur le Haltbefehl).