licinius a écrit:Je vais essayer de structurer le propos et de peindre la situation sans me référer à des documents que je n'ai pas sous les yeux préférant faire vite avant tout.
Je considérerai la situation des deux protagonistes (I et II)
I. La situation française
Il faut regarder l'état matériel de l'armée, son état moral et la situation stratégique soient les A, B et C qui suivent.
A. La préparation de l'armée au 01/09/39
L'armée se mobilise, elle constitue de mémoire 85 divisions, série A et B, unités statiques, infanterie et blindés confondus. Les unités d'infanterie vont en former 2 autres avec les cadres d'actives (détriplement). On peut douter de la capacité d'attaque immédiate d'unités amputées et reconstituées. Ces unités sont en outre peu nombreuses, une quinzaine de divisions statique, une vingtaine d'unités de série B impropres au combat offensif (et constituées plus tard il me semble) ainsi que de le cavalerie assez nombreuse inutile pour forcer une ligne fortifiée doivent être déduites du totale.
Nous devons tomber déjà à 40 ou 45 unités. Certaines doivent être maintenues sur la frontière italienne, d'autres protègent la frontière belge puisqu'à moins de leur prêter un rôle offensif il faut se garder contre une attaque allemande au centre et à gauche.
Je crois que le total disponible en théorie doit être d'une trentaine d'unités.
A ma connaissance il n'y a pas de projet abouti d'une attaque massive sur la ligne Siegfried, la volonté en tout cas est faible. Je laisse le soin aux intervenants plus instruits de débrouiller ce point. Il reste encore à concentrer ces moyens limités.
Le matériel est insuffisant à mon sens.
L'armée française n'est pas très mobile, sa logistique est faible, la matériel de réquisition est très important en proportion et hétéroclite ce qui ne facilitera pas la maintenance. La lutte contre les mines n'est pas développée, les obus lourds ne sont pas encore produits, des unités d'active sont imparfaitement équipées en mai 40 malgré un renfort substantiel en moyens de locomotion (75 000 véhicules de mémoire) pendant la drôle de guerre. Il faut supposer que la situation à l'ouverture du conflit devait être assez mauvaise.
Les unités blindées sont limitées en nombre, leur ravitaillement insuffisant pour seulement défendre. Les transmissions sont déficientes, l'appareil de commandement est lourd et lent.
L'armée de l'air est tragiquement déficiente, sa chasse est médiocre, son bombardement totalement obsolète. L'attaque au sol étant un art difficile et la coordination avec les autres armes peu développée il ne faudra pas attendre grand chose de l'appui des forces au sol. On pourrait presque dire que l'arme aérienne est encore dans l'enfance.
L'artillerie est considérable, les artilleurs sont excellents. Cependant comme elle est lourde il faut un certain temps, 15 jours ? pour la mettre en oeuvre. Il semble qu'il n'y ait pas eu d'effort sérieux avant guerre pour préparer une offensive brusquée. Il convient, comme mentionné plus haut, de noter la pénurie d'obus de 220 mm et plus.
B. L'état moral
L'état moral, terme un peu restrictif, peut se juger aux éléments suivants.
Il a été entrainé deux fois moins d'hommes pendant les années creuses de 1935/39 que pendant 5 années ordinaires soit un chiffre probablement proche de 688 000 hommes. Il faut sans doute ajouter l'encadrement et les soldats de métier coloniaux mais garder à l'esprit que l'effectif jeune, le plus offensif, n'est pas très nombreux.
Le fantassin français est jugé un bon défenseur, habile et tenace, mais montrant peu de mordant dans l'offensive selon les Allemands. Ce jugement se vérifiera dans la Sarre.
Les doctrines ne permettent pas une attaque éclair, elles privilégient la puissance de feu, leçon du conflit précédent. Le choix du matériel en découle.
Le commandement est prudent, il ne souhaite pas renouveler les exploits de l'été 14. Il y a en France 39 millions de Français, les mobilisables forment moins de la moitié du total allemand. Les chefs en sont conscients et ne souhaitent pas verser un sang précieux prématurément.
Il serait désastreux d'émousser le fer de lance contre des troupes de second ordre dès le début même du conflit.
J'ajoute une remarque qui me semble de bon sens. Si les deux armées sont encore peu expérimentées ne peut-on pas penser que l'attaque de fortifications sera un exercice plus défavorable à l'attaquant sachant que le défenseur peut au moins compter sur leur valeur à défaut d'être certain de la sienne ?
C. la situation stratégique
Le temps joue en faveur de la France, il n'y a pas d'intérêt à brusquer le conflit. La nature du terrain favorise le statu quo. La ligne Maginot a été construite pour protéger la partie exposée du territoire. En sortir aboutit à s'exposer aux coups d'un adversaire qui pourrait bien se casser le nez sur une position fortifiée. Si l'offensive française réussissait on verrait alors un saillant vulnérable formé en territoire hostile alors que l'Allemagne, qui jouit là d'une plus grande liberté, pourrait à tout monter passer par la Belgique et frapper dans le dos les Français aventurés à l'Est.
Tomcat a écrit:Donc il n'y a jamais eu de créneau possible d'intervention française car l'armée française n'avait pas les moyens d'une offensive majeure rapide et cela ne correspondait pas aux plans établis qui prévoyait une guerre longue.
Dog Red a écrit:Tomcat a écrit:Donc il n'y a jamais eu de créneau possible d'intervention française car l'armée française n'avait pas les moyens d'une offensive majeure rapide et cela ne correspondait pas aux plans établis qui prévoyait une guerre longue.
C'est l'opinion communément admise quant à la stratégie française de 1939.
Loïc Charpentier a écrit:Dog Red a écrit:Tomcat a écrit:Donc il n'y a jamais eu de créneau possible d'intervention française car l'armée française n'avait pas les moyens d'une offensive majeure rapide et cela ne correspondait pas aux plans établis qui prévoyait une guerre longue.
C'est l'opinion communément admise quant à la stratégie française de 1939.
C'est bien çà qu'on lui reproche et qui causera sa perte, au printemps 40.
Tomcat a écrit:Loïc Charpentier a écrit:Dog Red a écrit:Tomcat a écrit:Donc il n'y a jamais eu de créneau possible d'intervention française car l'armée française n'avait pas les moyens d'une offensive majeure rapide et cela ne correspondait pas aux plans établis qui prévoyait une guerre longue.
C'est l'opinion communément admise quant à la stratégie française de 1939.
C'est bien çà qu'on lui reproche et qui causera sa perte, au printemps 40.
De là à dire que c'est ce qui causera sa perte, au printemps 40 c'est un raccourci un peu rapide...une stratégie défensive et de contre-offensives bien commandée aurait pu permettre de tenir face aux allemands et de s'engager dans une guerre longue ou le temps joue contre les allemands...
Tomcat a écrit:De là à dire que c'est ce qui causera sa perte, au printemps 40 c'est un raccourci un peu rapide...une stratégie défensive et de contre-offensives bien commandée aurait pu permettre de tenir face aux allemands et de s'engager dans une guerre longue ou le temps joue contre les allemands...
Loïc Charpentier a écrit:Tomcat a écrit:De là à dire que c'est ce qui causera sa perte, au printemps 40 c'est un raccourci un peu rapide...une stratégie défensive et de contre-offensives bien commandée aurait pu permettre de tenir face aux allemands et de s'engager dans une guerre longue ou le temps joue contre les allemands...
Résumons :
Les Polonais sont sensés juguler l'armée allemande durant trois mois...râpé!
Le positionnement des troupes françaises, début septembre 39, sur la frontière, doit contraindre les Allemands à distraire des divisions dans leur offensive polonaise...râpé!
La "Drôle de Guerre" permettra à l'Armée française de se renforcer et disposer d'une puissance supérieure à celle de son adversaire... râpé!
La Ligne Maginot est un dispositif infranchissable, derrière lequel l'armée française manœuvrera à sa guise...râpé!
La Route du Fer est coupée...râpé!
La pénétration, en profondeur, des troupes françaises en Belgique, en mai 1940, bloquera l'avancée allemande...râpé!
Les Ardennes sont infranchissables...râpé!
Question erreurs stratégiques, çà commence à faire beaucoup, en un semestre, non ?
Dans le domaine terrestre, nous n'avions rien à envier aux Allemands, la France disposait, même, d'un nombre légèrement supérieur de blindés, en première ligne, le 10 mai , de surcroit, généralement, mieux armés et blindés, d'une artillerie plus nombreuse et nos divisions de type A n'avaient rien à envier a leur équivalent allemand (sauf l'expérience des combats en Pologne!) . Nos deux points faibles étaient l'aviation et, surtout, le Haut-Commandement!
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