Post Numéro: 20 de François Delpla 24 Mar 2016, 08:28
Pour relativiser cette idée de modernité, voici un extrait du tome 2, à peine sorti du four. Cela se passe pendant un dîner; entre crochets, le résumé des propos d'autres convives :
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"3 juillet 1942, le soir
[Au moment où le Führer arrive à table, le capitaine aviateur Baur et l’amiral Krancke débattent de la rentabilité respective du transport aérien et du transport maritime.]
Il n’y a pas de souci à se faire. Dès les prochaines décennies, les avions de transport de passagers atteindront une taille qui permettra d’y installer même une salle de bain.
[L’amiral Krancke objecte que même avec un développement aussi extraordinaire de l’aviation la navigation maritime n’aura pas à craindre sa concurrence. Car si gros qu’ils soient les avions pourront difficilement remplacer les bateaux pour le transport du charbon, du bois et du fer. Le capitaine Baur répond que ce ne sera pas nécessaire. Le chemin de fer a bien déjà laissé aux bateaux le transport des tuiles.]
Il faut observer les choses du point de vue de l’évolution. De même que l’oiseau représente une évolution par rapport au poisson-volant et celui-ci par rapport au poisson normal, de même le bateau est un stade antérieur de l’avion. Mais c’est à l’avion qu’appartient l’avenir."
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Voilà un fou, qui croit religieusement à une bonne nature que guide la Providence, confronté à deux fidèles, qui le suivent aveuglément en tant que prophète guidant leur peuple vers des rivages ensoleillés, mais gardent leur libre arbitre en matière technique, tant que l'oracle ne s'est pas prononcé. Le fou veut que l'évolution des fabrications humaines suive à la trace ce qu'il connaît ou comprend de l'évolution des espèces... tout en déformant celle-ci en fonction de quelques apparences (l'exocet comme chaînon manquant entre le poisson et l'oiseau !).
Hitler trouve le moyen d'ignorer que l'encombrement du ciel, notamment aux abords des aéroports, pose des questions autrement plus délicates que celui des océans. Sans parler des consommations énergétiques.
Le délire est cependant corrigé par le pragmatisme : il n'est pas au poste de commande, du moins dans les choix technologiques. Le minerai de fer de Narvik continue, jusqu'au 30 avril 1945, à n'être pas acheminé par avion !
Décidément, ces propos sont une mine et mes commentaires, dans le tome 2 comme dans le tome 1, ne seront qu'une esquisse de leur exploitation.