Les Brigades internationales les plus connues sont celles qui, sous le nom espagnol de Brigadas Internacionales, se sont battues au côté des Républicains contre les rebelles nationalistes, lors de la guerre civile espagnole, entre 1936 et 1938. Elles étaient composées de volontaires antifascistes venant de 53 pays différents. On estime que durant la durée totale de la guerre, entre 32 000 et 35 000 volontaires servirent dans les Brigades Internationales, dont 15 000 moururent au combat ; il n'y avait cependant jamais plus de 20 000 brigadistes présents sur les fronts de la guerre civile au même moment.
Les brigades avaient leur quartier général sur la base aérienne de Los Llanos, à Albacete. Les volontaires participèrent à la bataille de Madrid (1936) , aux combats du Jarama, de Guadalajara, de Brunete, de Belchite, de Teruel, du front d'Aragon et de l'Èbre. Ils furent retirés et dissous par le gouvernement espagnol à partir du 23 septembre 1938, afin de souscrire aux exigences du Comité de Non-intervention.
Les brigadistes ne représentaient cependant pas l'ensemble des volontaires étrangers engagés aux côtés des Républicains espagnols. Beaucoup, par anti-stalinisme, rejoignirent plutôt les rangs du POUM à l'exemple de George Orwell. D'autres, comme les Français et Italiens de la colonne Durruti ou les militants de l'AIT, s'engagent auprès des anarchistes.
Les premiers volontaires étrangers en Espagne (juillet-août 1936) :
Les brigadistes ne furent ni les premiers ni les seuls volontaires étrangers à se battre en Espagne en faveur de la République. Dès les premiers jours du coup d'État militaire de juillet 1936, des étrangers, principalement des Français, franchissent les Pyrénées afin de participer aux combats : certains intègrent par exemple la colonne Durruti. André Malraux, avec le soutien implicite de Pierre Cot, ministre de l'Air français, constitue une escadrille aérienne, qu'il appelle España.
D'autres sont déjà présents sur le sol espagnol au moment des événements de juillet et se rallient au gouvernement légal : ce sont généralement des Allemands et des Italiens qui ont fui les dictatures fascistes de leur pays et ont trouvé l'asile en Espagne. Mais ces troupes sont extrêmement dispersées et peu organisées.
On compte enfin quelque 200 à 300 volontaires issus des rangs des athlètes réunis à Barcelone pour les Olympiades populaires, programmées entre les 19 et 26 juillet 1936, en protestation contre les JO de Berlin, mais interrompues par le coup d'État des 17 et 18 juillet 1936. Les athlètes participèrent aux combats de rue de la capitale catalane et à la prise de l'hôtel Colón, près des Ramblas. Mais la plupart d'entre eux quittèrent l'Espagne dès le 24 juillet.
Ces premiers volontaires étrangers se rassemblent au sein d'unités originales, portant le nom de héros du siècle passé, tel que le bataillon « Walery Wroblewski », héros de la Commune de Paris, ou le bataillon « Tom Mann », un socialiste anglais.
C'est en septembre 1936, apparemment à la suggestion de Maurice Thorez, secrétaire du Parti communiste français, et avec l'accord du NKVD, que Willy Münzenberg, chef de la propagande du Komintern pour l'Europe occidentale, propose à Staline la création d'une organisation internationale de volontaires afin d'aider la République espagnole. L'idée est de recruter le plus largement possible, des communistes évidemment, mais aussi des anarchistes, des socialistes ou de simples compagnons de route.
Dans un premier temps, Staline reste favorable à la neutralité, afin de ne pas se brouiller avec ses « alliés objectifs » français et britanniques, animateurs du Comité international pour la non-intervention depuis le 26 août 1936. Mais les communistes trotskistes l'accusent de faire le « jeu du fascisme » et finalement Staline décide de soutenir publiquement les républicains : le 17 octobre 1936 est publiée dans le Mundo Obrero, organe du Parti communiste espagnol, une lettre ouverte de Staline à José Díaz Ramos, secrétaire général du même parti, dans laquelle il affirme publiquement son soutien.
Recrutement, formation et organisation
C'est le Komintern qui est chargé de superviser l'organisation des Brigades internationales, et ses membres sont omniprésents. Le bureau de recrutement, qui est actif depuis le 18 septembre, est basé à Paris, sous la direction du général soviétique d'origine polonaise Karol "Walter" Świerczewski. Le ministère de la Défense soviétique décide d'apporter l'aide matérielle, tandis que le Parti communiste français doit fournir des uniformes aux brigadistes. C'est le Yougoslave Tito qui est chargé d'assister les volontaires originaires d'Europe orientale.
Mais dans l'ensemble, l'organisation reste mal assurée : l'improvisation se retrouve d'un point de vue administratif, puisqu'ils n'ont aucun contrat, et la durée de leur engagement n'est pas non plus définie. Les volontaires sont envoyés par train ou bateau de France en Espagne, tandis que d'autres traversent la frontière par leurs propres moyens. Les premières unités ne suivent qu'un entraînement rudimentaire et sont engagées dans la défense de Madrid, assiégée depuis le 8 novembre, dans le secteur de la Casa de Campo. Ils sont amalgamés aux défenseurs espagnols dans la proportion d'un homme pour quatre, dans le but de les soutenir moralement et de transmettre leur expérience militaire.
Par la suite, l'organisation s'améliore. Les brigadistes rejoignent Albacete, en Castilla-La Mancha, qui devient rapidement le siège du quartier général des Brigades internationales. Ils y reçoivent l'aide du comité d'organisation de la División Orgánica de Albacete, créée le 23 octobre par le président du gouvernement Francisco Largo Caballero, afin de subvenir aux besoins des brigadistes. Les dirigeants, stationnés sur la base aérienne de Los Llanos, sont tous issus du Komintern : André Marty est nommé commandant, Luigi Longo, surnommé Gallo, est inspecteur général, et Giuseppe Di Vittorio, surnommé Nicoletti, est le chef commissaire politique. Les brigadistes sont répartis en plusieurs camps, éparpillés dans les villages de La Roda, Mahora, Tarazona de la Mancha, Villanueva de la Jara et Madrigueras. La discipline y est extrême : les brigadistes subissent un entraînement militaire poussé et restent enfermés plusieurs semaines, le temps de leur formation.
Les motivations sont multiples. Chez les Italiens, les Allemands et autres Européens venant de pays contrôlés par des gouvernements répressifs, le combat en Espagne est vu comme une première étape pour restaurer la démocratie ou promouvoir une cause révolutionnaire dans leur propre pays. Chez les Français, la proximité joue à plein. Les volontaires font l'analogie entre les gouvernements de Front populaire français et espagnol, et entre les menaces militaro-nationalistes française et espagnole.
Il semble cependant que l'antifascisme ne fut pas l'unique motivation. Nombre de brigadistes ne souhaitaient pas défendre la « démocratie bourgeoise », mais la révolution prolétarienne et la mise en place d'un État ouvrier.
Enfin, quelque 500 communistes qui avaient été exilés en URSS sont envoyés en Espagne : leur expérience militaire était appréciable. Parmi eux on retrouve en effet des chefs militaires qui se sont illustrés lors de la Première Guerre mondiale, comme Manfred « Kléber » Stern, Wilhelm « Gomez » Zaisser, Máté « Lukacs » Zalka et Janos « Gal » Galicz, qui représentèrent une valeur inestimable dans le combat.
Les motivations peuvent être parfois plus prosaïques. On retrouve également beaucoup de chômeurs, et des aventuriers.
Origines des brigadistes
Le recrutement commence par la formation de 23 bataillons, composés chacun de 6 brigades. Des quotas de communistes sont fixés par le Komintern et rapidement remplis par les différents parti communistes français, allemand et italien. En revanche, le nombre de volontaires des communistes britanniques et américains reste beaucoup plus faible proportionnellement, en partie à cause de la réticence de leur pays respectifs, ayant signé le traité du Comité international pour la non-intervention.
Les volontaires étrangers étaient groupés en formations par langues, comme la Brigade Abraham Lincoln, composée de Canadiens et d'Américains, avant que les Canadiens fussent assez nombreux pour constituer leur propre bataillon Mac-Pac3.
La Commune de Paris était une formation francophone, les Allemands antinazis étaient dans le Bataillon Thälmann, Bataillon Edgar André, les Italiens anti-fascistes dans le Bataillon Garibaldi. Le Bataillon Saklatava regroupait Britanniques, Irlandais et les ressortissants de divers pays du Commonwealth. Bien d'autres unités étaient mixtes : parce qu'ils étaient surtout francophones, des Roumains, juifs ou non mélangés, ont combattu dans le groupe franco-belge "Pauker" de la 35-ème Division, commandé par le français Gaston Carré et le roumain Valter Roman (pas encore père du futur premier ministre roumain Petre Roman) ; d'autres étaient engagés dans les groupes Dimitrov, Marty, Louise Michel ou Tchapaïev4, tandis que le bataillon "Dombrowski", composé majoritairement de communistes polonais, mais aussi hongrois et tchèques, avait une sous-section, la compagnie "Naftali Botwin", composée uniquement de Juifs, eux aussi polonais, hongrois ou tchécoslovaques.
Les Soviétiques, dont le nombre était certainement inférieur à 2 000 et ne dépassait jamais plus de 500 à la fois, n'étaient pas, hormis quelques aviateurs, des combattants, mais des conseillers et des instructeurs militaires, logistiques et politiques, occupant des positions relativement importantes, à l'état-major ou dans la chaîne de commandement.
En juin 1937, on estime que les Brigades internationales regroupaient environ 59 000 personnes, dont 25 000 Français, 5 000 Polonais, 5 000 Anglo-Américains, 3 000 Belges, 3 500 « Balkaniques », 5 000 Germano-Italiens, soit près de 47 000 personnes. On comptait aussi la participation de deux Chinois.
Source :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Brigades_internationales