Peu après son arrivée à Madrid, Canaris est envoyé au Maroc espagnol, où il devient conseiller des chefs des tribus marocaines qui se rebellent contre l'Angleterre et la France. Après avoir obtenu son diplôme de l'académie, le capitaine Franco, commandant d'un des bataillons de Tersio, la Légion espagnole, y est également apparu.
Ta source russe, là, frise le grand n'importe quoi, car les tentatives allemandes de s'immiscer au Maroc s'étaient résumées au "coup de Tanger", quand Wilhelm II avait débarqué, en mars 1905, à Tanger, pour y rencontrer l'oncle du sultan, alors, Moulay Abd al-Aziz (mort en 1908) et à l'affaire ou "coup" d'Agadir, en 1911, qui avait débouché sur un accord définitif de non-ingérence de l'Allemagne au Maroc, en contrepartie d'un accroissement du territoire camerounais, ratifié le 4 novembre 1911 à Berlin.
D'une certaine manière, les tentatives infructueuses allemandes d'ingérence au Maroc et l'aimable boxon qui régnait, alors, dans la partie "espagnole" du Maroc et résultait , en grande partie, de l'incompétence crasse du commandement militaire espagnol, imbu à l'excès de sa supposée supériorité "raciste" (n'ayons pas peur des mots!), mais qui venait de se prendre une tôle monumentale à Cuba et aux Philippines, incapable de négocier un semblant de terrain d'entente avec les chefs de tribus - le sultan du Maroc étant, lui-même, largement débordé pour tenter d'y faire régner sa propre autorité, car, dans les faits, son pouvoir politique se limitait, historiquement, aux provinces du Blad-El-Maghzen, « pays de gouvernement », régions de Fez, Marrakech, Meknès et mitoyennes, où les tribus lui avaient fait allégeance, soit par les liens dynastiques, soit par soumission en vertu de capitulations passées. A l’inverse, les turbulentes et belliqueuses tribus qui habitaient le Blad-es-Siba, « pays abandonné » (par le sultan), régions de l’Atlas, du Rif et désert saharien, ne reconnaissaient pas son autorité temporelle ou, uniquement, quand cela les arrangeait -... et était en incapacité de recadrer ses troupes (ou ne cherchait pas à le faire!), un ramassis d'incapables, qui maltraitaient et pillaient, allégrement, les locaux!... Bref, l'accumulation de ses différents éléments avait eu pour conséquence directe la mise en place du Protectorat français, au Maroc, en 1912, dont avait bénéficié l'Espagne, grâce à la convention franco-espagnole ratifiée en novembre 1912, entérinant son "protectorat", au nord. Jusqu'à ces différents événements, le sultanat marocain jouissait, de la part des français, d'un réel statut d'indépendance, sous réserve de ne pas chercher à favoriser la rébellion algérienne (purement symbolique) et lui accorder asile.
La Guerre du Rif, côté français, à partir de 1923, n'avait été que la conséquence directe de la déculottée espagnole de Mellila, du désastre militaire d'Anoual, à l'été 1921, et de leurs répercussions, qui avaient encouragé Abd El Krim et "ses" Rifains à venir chercher noise aux français (Mal leur en avait pris!).
Où étaient les Allemands, à cette époque ? Je me le demande ?
Quant à l'influence britannique, dans le "coin", elle se résumait à Gibraltar, en territoire espagnol, passée dans le giron de la Couronne, depuis près de deux siècles (1713!), ce qui en faisait, au mieux, un "problème" anglo-espagnol! il est certain que la présence de la RN, qui y verrouillait le passage Atlantique-Méditerranée, posait un sérieux problème à la flotte allemande, en cas de conflit, mais ce n'était surement pas du côté du Maroc, avant 1914, qu'aurait pu se trouver une éventuelle solution.
Côté sources russes (souvent ex-soviétiques), il convient de se méfier des analyses tendancieuses, le plus souvent ignorantes du contexte "colonial" réel.
Wilhelm Canaris, né en 1887, avait 18 ans, en 1905, et 24, en 1911, donc, était, alors, d'un grade trop subalterne pour espérer jouer un rôle "diplomatique". De surcroit, il ne semble pas avoir foulé le sol nord-africain durant toute la période 1914-1930, voire plus! ... et il n'avait été affecté, en Espagne, comme attaché militaire de l'ambassade d'Allemagne, à Madrid, qu'en avril 1916, où, à l'occasion de pinces-fesses diplomatiques, il aurait, peut-être, rencontré Franco, sauf que ce dernier commandait, alors, un bataillon aux fins fonds des Asturies! Il y a , comme çà, des légendes qui circulent mais me trouent le c..!
Au passage, il conviendrait, aussi, de m'expliquer où, quand et comment Canaris avait pu être "envoyé au Maroc espagnol, où il devient conseiller des chefs des tribus marocaines qui se rebellent contre l'Angleterre et la France", sachant que son premier séjour officiel espagnol, en 1916, n'avait guère excédé plus de trois mois et que ledit séjour, même bref, d'un officier allemand, attaché militaire diplomatique, au Maroc (y compris "espagnol") devait, surement, faire partie des secteurs à impérativement éviter!