brehon a écrit:Bonjour,Leumacks a écrit:des politiques davantage compromis (Thorez déserteur en 1940, Marchais au STO en 1943)
Être requis pour le STO n'est absolument pas un signe de compromission. Pour y échapper il fallait entrer en clandestinité avec toutes les conséquences en cas de capture. Tout le monde n'en avait pas la possibilité.
Maintenant, Marchais est-il allé en Allemagne dans le cadre du STO? Ce n'est pas sûr.
Certes, mais aujourd'hui nous avons un certain recul par rapport à l'Occupation et au régime de Vichy. Or dans les années 70, le mythe de la France combattante et résistante était encore vivace. Pour les gens de l'époque, aller au STO n'était pas du meilleur effet, ça pouvait être considéré comme une attitude non-résistante, et c'était d'autant plus dommageable pour le premier secrétaire du parti des 75.000 fusillés (je sais, les chiffres sont gonflés)
Que Marchais y soit allé de son plein gré ou sous la contrainte - ce qui semble être le cas - ça donnait la possibilité à Moscou de brider sa parole, ce qui aurait été plus compliqué si le premier secrétaire avait été un grand résistant. Marchais a bien essayé de se défaire de Moscou, notamment lorsqu'il rompt avec la dictature du prolétariat (en 1975) et s'était rapproché des PC italien et espagnol, mais il finit par soutenir l'invasion en Afghanistan en 1979 et vante le "bilan globalement positif en URSS" en 1980.
Y'a-t-il eu pression de Moscou? C'est probable...
Toujours est-il que son passage au STO a fini par être révélé à l'approche de 1981, élection qui a confirmé la perte de vitesse du PCF au profit du PS. Election qui a également tué Giscard lorsque les révélations sur Papon (alors ministre) sont sorties lors de l'entre-deux tours. A l'époque, même si Balavoine lors de son coup de gueule dit s'en foutre de ce que faisait Marchais pendant la guerre, ce n'était pas forcément le cas pour une partie de l'opinion publique.
D'ailleurs, Mitterrand s'en est plutôt bien tiré de ne pas avoir été emmerdé avant 1981 par son passage à Vichy et par ses liens avec Bousquet. Une fois encore, rien de répréhensible dans son parcours pendant le conflit, bien au contraire. Mais l'opinion publique n'aurait vraiment pas compris qu'un résistant fasse ami-ami avec un des pires collabos, en l'occurrence le planificateur des rafles du Vel d'Hiv, quand bien même cette même personne a probablement empêché Mitterrand d'être arrêté puis fusillé.