Sur les enfants allemands, j'ai trouvé sur Wiki cette histoire des orphelins de Prusse-Orientale (plusieurs dizaines de milliers) qui ont dû s'organiser pour survivre, soit en essayant de rejoindre l'Allemagne, soit - pour ceux qu'on a appelé les "enfants-loups" - en se réfugiant en Lituanie. (Il faut savoir que la Prusse Orientale a été la première province allemande conquise par l'armée rouge, qui s'y est livrée à une orgie de vengeance impensable. On peut penser que le nombre d'orphelins est lié au fait que les soldats russes épargnaient plus volontiers les enfants que les parents (?)
https://fr.wikipedia.org/wiki/Enfant-loup_(Seconde_Guerre_mondiale)Chose étonnante, après le passage des Russes, il restait des familles allemandes en Prusse orientale - qui ont dû être expulsées plus tard - et certains de ces adolescents faisaient simplement l'aller retour vers la Lituanie pour trouver de quoi les nourrir. Les autres vivaient cette existence clandestine qui est décrite dans l'article.
Pour ce qui concerne les orphelins en Allemagne même, Douglas Botting rapporte qu'à Berlin à la fin de la guerre existaient des bandes d'adolescents orphelins, qui survivaient par tous les moyens. Les associations de secours, comme la Croix-Rouge, essayaient de secourir des orphelins plus jeunes traumatisés par les combats et les violences qui ont suivi. Certains de ces enfants hurlaient à vue d'un uniforme, même, précise-t-il, celui de l'Armée du Salut.
Le récit de Douglas Botting, remarquable, fait le portrait de l'Allemagne entre le moment où les troupes alliées y sont entrées - la description de la libération du camp de Bergen-Belsen est un cauchemar, c'est là qu'avaient convergé la plupart des "marches à la mort", et le camp était dans une situation inimaginable - jusqu'au moment qui a réconcilié les Allemands avec leurs occupants occidentaux : le pont aérien pour sauver Berlin, en 48. Entretemps est évoquée la vie de clochards menée par les survivants dans les ruines. Pour situer les choses, avant l'hiver 46 on avait creusé des fosses à Berlin, en prévision des décès provoqués par le froid et la faim. (Cet hiver là, où d'ailleurs les Allemands expulsés étaient sur les routes ou dans des wagons, parfois même des wagons plateforme, le thermomètre, à Berlin est tombé à -30°C, alors que l'hiver précédent, quand rien n'avait pu encore être organisé, avait été très clément, au grand soulagement des autorités militaires.)
L'ouvrage s'appelle "In the ruins of the Reich". Il est disponible en poche mais ne semble pas avoir été traduit, ce qui est dommage. (Sur le même sujet, mais concernant l'ensemble de l'Europe centrale, on peut lire "l'Europe barbare" de Keith Lowe)