Bonjour,
Eric Denis a écrit:Bruno Roy-Henry a écrit:
Et que dire du sabotage de la défense nationale de septembre à juin 1940 ? Toujours dans l'optique du pacte de non-agression des nazis avec Staline ?
Il faut fortement relativiser ce point, cela reste anecdotique et sans conséquences majeures sur le réarmement français.
Il faut se rappeler la désertion de Maurice Thorez, secrétaire général du Parti Communiste, le 4 octobre 1939 et son arrivée à Moscou au début de l'été 1940, via la Belgique et la Suisse.
En désertant, Thorez a manifesté un changement d'orientation du Parti Communiste et sa rupture ouverte avec la France en guerre.
Répondant aux directives de Moscou qui imposait une ligne conforme à son implication dans l'affaire polonaise (annexion de la partie orientale de la Pologne en septembre 1939), le Parti Communiste entreprend la lutte contre la guerre impérialiste déclenchée par les démocraties occidentales.
Cette lutte s'adresse à des ennemis désignés par Staline, pour lequel l'Allemagne n'est plus l'ennemi.
A la mi-octobre 1939, le Parti Communiste adresse au peuple de France un appel à l'unité pour combattre la guerre impérialiste et exiger le rétablissement de la paix.
Ensuite c'est une campagne pour saper le moral des troupes engagées, à partir de plusieurs journaux communistes spécialisés créés pour les soldats.
Les militants agissent auprès des familles des soldats mobilisés, pour créer un climat d'hostilité à la guerre.
Puis, le Parti cible les usines, moteur de la production de guerre. Les premiers sabotages ont lieu à la fin de l'année 1939 lorsque la France envoie des armes à la Finlande agressée par l'Union Soviétique.
En février 1940 c'est un appel par tracts adressés aux ouvriers pour retarder et empêcher par tous les moyens les fabrications de guerre.
Les usines Renault de Boulogne-Billancourt où étaient fabriqués les chars lourds B 1bis ont connu des sabotages incessants présentant plusieurs formes.
La SNCM à Argenteuil, la SIPA à Asnières , les usines Farman de Boulogne, les usines Weitz à Lyon, les usines Samua à Vénissieux où était construit le char le plus moderne de l'armée... autant d'usines qui ont subi des sabotages.
Alors bien sûr, on pourrait relativiser tout cela par le fait que la période pendant laquelle eurent lieu ces sabotages, ne dura que quelques mois (quatre selon plusieurs sources)
L'évaluation des dégâts causés par ces sabotages a été rendue difficile en l'absence d'une étude complète et bien documentée et que des archives des entreprises ont été détruites à la Libération.
Peut-être sont-ce là les raisons pour lesquelles les historiens ont tendance à minimiser l'ampleur des actions communistes sur le moral de l'armée et les sabotages de l'industrie de guerre ?
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Eric Denis a écrit :
En revanche, ce qui se dégage, c'est plutôt la crainte des effets de la propagande communiste et antimilitariste au sein de l'armée. L'on peut dire néanmoins que si les cadres "durs" du parti appliquent à la lettre des consignes, probablement en provenance directe du Kremlin, le pacte germano-soviétque n'a pas que des supporters au sein du PCF et il y a aussi ceux qui ne peuvent en comprendre les causes, ce qui semble du reste assez légitime.Crainte exprimée par le général Gamelin dans un rapport adressé au ministre de l'Intérieur en février 1940.
Dans ce rapport, Gamelin dénonçait la propagande active menée par les communistes auprès des soldats...
Il ajoutait que les effets de cette propagande étaient plus néfastes que ceux de la propagande radiophonique allemande.
Cordialement,
Roger