Post Numéro: 1 de fbonnus 02 Fév 2015, 00:21
L'occupation
Quelles sont les revendications grecques ? La Grèce a été occupée d'avril 1941 à octobre 1944. Certaines régions de Crète ont été tenues par les Allemands jusqu'à l'armistice du 8 mai 1945.
La particularité de cette occupation est sa violence. Très tôt, la résistance grecque, notamment celle de l'EAM, émanation du parti communiste, a libéré des régions entières et les Allemands ont dû mener une guerre quasi ininterrompue afin de reprendre ces poches de résistances. La répression a été particulièrement sanglante.
Les massacres de villages entiers ont été monnaie courante en Grèce: près de 900 ont été dénombrés. Les noms des "Oradour-sur-Glane" grecs sont innombrables : à Kalavyrta, 700 victimes; à Komeno, 317; à Distomo, 218; à Klissoura, 246... En tout, 70.000 personnes ont été tuées par les Allemands.
Par ailleurs, la Grèce a été mise en coupe réglée pour participer à l'effort de guerre nazi. La population a été soumise aux pires privations. L'inflation et la famine ont suivi. La faim aurait fait 300.000 morts. Le bilan de la guerre est de 600.000 morts, soit 8 % de la population de 1940*. Le traumatisme restera longtemps dans les esprits helléniques.
Les réparations
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, une conférence se tient à Paris pour évaluer les réparations qui seront demandées à l'Allemagne. Lors des accords de Paris du 14 janvier 1946, la Grèce reçoit 4,35 % du total des réparations en matériel et 2,70 % en numéraire. En tout, ces réparations s'élevaient à 7 milliards de dollars.
La Grèce va recevoir un peu de matériel dans les années qui viennent, mais rien de comparable avec ce montant. Le pays est alors en proie à la guerre civile. Le régime monarchiste a besoin, pour combattre les communistes, du soutien anglo-américain. L'Etat grec ne réclame donc rien à l'Allemagne. D'autant que le plan Marshall est très généreux avec elle, politique d'endiguement communiste oblige.
L'Allemagne débarrassée de son fardeau en 1953
Or, en janvier 1946, l'Allemagne n'existe plus en tant qu'Etat. C'est un simple territoire géré par les puissances alliées. La République fédérale ne sera fondée qu'en 1949. Et elle ne reconnaît les dettes passées du pays que dans le cadre de l'accord de Londres de 1953.
Or, cet accord - qui suit une grande conférence sur la dette allemande qui sert aujourd'hui de modèle à Syriza pour demander une réflexion d'ensemble sur la dette européenne -, annule une grande partie des dettes allemandes et repousse le paiement des réparations à la signature du traité de paix. A cette époque, les Etats-Unis, dans l'optique de la Guerre froide, ont besoin d'une Allemagne fédérale forte et débarrassée du fardeau de la dette. La Grèce, on l'aura compris, se range alors aux arguments américains.
Interprétations divergentes
Or, c'est ici que les interprétations divergent. L'Allemagne rappelle que le traité "2+4", signé en 1990, entre les deux Allemagnes, l'URSS, le Royaume-Uni, la France et les Etats-Unis pour reconnaître la réunification allemande, avait valeur de traité de paix.
Or, cet accord - qui a été accepté par la Grèce - ne faisait aucune allusion aux réparations. Berlin juge donc que l'Allemagne est quitte et n'a pas à payer les sommes décidées unilatéralement en janvier 1946.
En Grèce, si on n'a jamais fait de demandes officielles, les partisans des réparations considèrent que le silence de l'accord "2+4" sur les réparations ne donne pas quitus des sommes prévues en 1946 qui, au contraire, devenaient exigibles du fait de la signature d'un traité de paix. Ils soulignent que la Grèce n'a pas participé aux négociations de ce "traité de paix".
Reste enfin la délicate question du prêt forcé de la Banque de Grèce à l'Allemagne "accordé" en mars 1942. Ce prêt à taux zéro de 476 millions de Reichsmark (3,5 milliards de dollars) avait permis de "siphonner" les réserves d'or de la banque centrale hellénique. Et il n'a jamais été remboursé. L'accord de Londres ne prévoit rien le concernant.
source : la tribune
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Michel Audiard