Molotov au sujet de la reconnaissance
persistante, par la Grande-Bretagne, de ce gouvernement
nommé par Hitler) dans un télégramme du 14 mai,
aussi plaisant que lumineux :
Il est de la plus haute importance que la capitulation du peuple
allemand s’effectue par des intermédiaires qui aient de l’autorité sur
lui. Je ne connais pas Dönitz et il ne m’intéresse pas. […] Pour nous
la seule question est de savoir s’il est capable d’amener les Allemands
à déposer les armes et à nous les remettre rapidement, sans
nouvelles pertes de vies humaines. […] Vous paraissez surpris que le
général Busch donne des ordres. Or ces ordres semblent amener les
Allemands à faire exactement ce que nous voulons. Nous ne pourrons
jamais gouverner l’Allemagne sans les Allemands, à moins que
vous ne soyez disposé à laisser le moindre petit écolier misérable
poser sa tête lasse sur vos genoux déjà terriblement chargés. Il est
parfois très avantageux de laisser aller les choses pendant un certain
temps. Dans quelques jours, quand nous aurons trouvé des solutions
aux questions les plus importantes […], nous constaterons qu’un
grand nombre d’affaires se règlent d’elles-mêmes.
Il ne faudra pas oublier bien entendu que si Dönitz est un instrument
docile pour nous, cela viendra en atténuation de ses crimes de
guerre. Voulez-vous avoir en main un levier qui vous permette de
manoeuvrer ce peuple vaincu ou simplement plonger vos mains nues dans une fourmilière en émoi ?
(Document reproduit en annexe du dernier tome des mémoires de
Churchill.)