Éminent industriel et figure très influente des milieux d’affaires et politiques des États-Unis, Edward Stettinius secrétaire d'état jusqu’à la mort de Franklin Delano Roosevelt (12 avril 1945) et jusqu’à l’accession de son successeur Harry Truman au poste de président des États-Unis. Il a laissé des mémoires très intéressantes et contenant de riches et précieuses informations sur ce qui s’est passé à Yalta, dont il était témoin et participant immédiat.
Edward Stettinius estimait que Yalta était le point culminant de la coopération entre les États-Unis, l’Union Soviétique et, partiellement, la Grande-Bretagne, lorsque, après Téhéran et l’ouverture du second front, une atmosphère de confiance s’est instaurée entre les trois grandes puissances, alors que les jours de l’Allemagne fasciste étaient comptés et que l’Union Soviétique s’était engagée à entrer en guerre contre le Japon militariste. Un problème se posait aux États-uniens et à leurs alliés : comment garantir la paix après la guerre ? Comment créer un monde où seraient impossibles des catastrophes du type de la Seconde Guerre mondiale ?
la plupart des décisions adoptées à Yalta avaient à leur base les projets états-uniens. Et pas les nôtres. Par exemple, le communiqué final, comme le souligne le secrétaire d’État, est un projet purement états-unien. L’URSS n’y a apporté aucun amendement, la Grande-Bretagne s’est bornée, pour l’essentiel, selon Stettinius, à des remarques stylistiques. Les affirmations de certains, selon lesquelles « Staline avait pris le dessus sur Roosevelt » ou qu’il « avait profité de la maladie de ce dernier », n’ont rien à voir avec la vérité.
Burns, le premier secrétaire d’État de Truman, a mené, en décembre 1945, des négociations avec Staline, dans le cadre de la conférence des ministres des Affaires étrangères de Moscou. Dans son intervention radiodiffusée du 30 décembre, il a dit : après les négociations que j’ai menées avec Staline, j’ai compris que la paix équitable, telle que la conçoivent les Américains, est possible. Le 5 janvier, Truman lui a adressé une lettre disant : « Ce que vous avez dit est du délire. Nous n’avons besoin d’aucun compromis avec l’Union soviétique. Ce dont nous avons besoin, c’est de la Pax Americana qui sera conforme à 80 % à nos idéaux ».
Le 5 janvier 1946 peut être considéré comme le début formel de la Guerre froide. Et nous savons à quoi elle a abouti.
Voici un possible enseignement de la Conférence de Yalta : si nous avions eu une approche raisonnable, et si nous avions alors manifesté le désir d’édifier une paix satisfaisant les intérêts de tous les membres de la communauté internationale, il eût été possible de trouver des solutions qui arrangent tout le monde bien plus tôt. Et il est infiniment plus difficile de le faire aujourd’hui. Le monde est sursaturé d’armes. Et bien des choses dépendent de circonstances imprévisibles, d’origine terrestre ou non.
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Souce utilisée pour lancer cette discussion : http://www.voltairenet.org/article16762.html